Audrey | Laissez vivre les mots | Administrateur | | | 12339 messages postés |
| Posté le 29-04-2007 à 15:33:53
| Le trait d'union : Règles et mode d'emploi Les mots composés comptent parmi les formes les plus hypocrites et les plus retorses de la langue française. De quoi s'en méfier ! Il y a ceux qui n'avouent pas qu'ils vivent ensemble, comme compte et rendu dans compte rendu , et ceux qui sont "à la colle", réunis par un trait d'union qui ne réussit guère à les accorder, comme chausse-trapes. Loin du mariage de raison, ces unions de circonstance cachent bien des folies, c'est-à-dire des exceptions. Je vous propose un petit tour d'horizon de cet imbroglio...
1 - LES VERBES Le trait d'union s'impose dans les cas suivants : Entre le verbe à l'impératif et le pronom personnel complément qui le suit : Réponds-moi Prenons-en Vois-le Allez-y. Entre le verbe à la forme interrogative et : - d'une part, le pronom sujet : Partez-vous ? As-tu regardé ? - d'autre part, le démonstratif ce : Est-ce vrai ? Qu'est-ce que c'est ? ATTENTION : il y a 2 traits d'union dans une forme verbale comportant un t intercalé : Change-t-elle ? Ira-t-on ?
2 - LES PRONOMS Ils sont liés par un trait d'union Quand 2 d'entre eux se suivent : Allez-vous-en Dis-le-lui Rends-nous-les. Quand ils sont suivis de l'adjectif même : soi-même eux-mêmes.
3 - LES MOTS INVARIABLES Parmi eux, on distingue : Les particules telle que ci ou là : par-ci par-là ci-contre celui-ci ci-dessous. Les adverbes ou les locutions adverbiales : au-dehors au-delà avant-hier après-demain pêle-mêle tête-bêche sur-le-champ vis-à-vis. ATTENTION : quelques locutions du genre n'ont pas de trait d'union : tout à coup tout à fait tout à l'heure en deçà en dedans en dehors. Les préfixes : néo-zélandais néo-impressionnisme Mais on tend timidement à supprimer le trait d'union, chaque fois que c'est possible : néocolonialisme, néoréalisme.
4 - LES ADJECTIFS Lorsqu'ils sont doubles, ils ne prennent généralement pas de trait d'union , en particulier pour les couleurs : blanc cassé jaune clair. Ceux qui en prennent un sont peu nombreux : aigre-doux radical-socialiste. L'adjectif né, s'il suit un nom commun ou un adjectif, se rattache à lui par un trait d'union : un artiste-né un enfant mort-né. De même, les adjectifs grand et demi avant certains mots : grand-père grand-chose demi-mot demi-soeur. Au pluriel, l'adjectif quelque , suivi de l'article indéfini, prend un trait d'union : quelques-uns, quelques-unes. Mais on écrit quelquefois (et non quelques-fois)
5 - LES NOMS COMMUNS Les noms composés les plus anciens ont fini par s'écrire en un seul mot (bonhomme, gendarme) , mais la langue ne cesse d'en forger de nouveaux (contre-plongée) ou d'en importer (fast-food) . Et même si l'on tend à supprimer le trait d'union, cette tendance ne peut s'appliquer à certains types de mots (anti-impérialisme, extra-utérin). Mais on écrit dorénavant entrecôte (qui vient d'entre-côte), football (qui vient de foot-ball). En théorie, quand un nom est créé, on lui met un trait d'union s'il prend un sens différent des deux mots initiaux : une belle-fille le sang-froid. Plus généralement, le trait d'union s'impose quand 2 noms, qu'on pourrait identifier comme 2 éléments distincts, sont perçus comme inséparables. C'est le cas des noms composés à partir d'un verbe : tire-bouchon faire-valoir lave-linge faire-part porte-parole... sur le modèle préposition + nom : arrière-boutique sous-homme en-tête... par emprunt à une langue étrangère : best-seller hot-dog... On met aussi un trait d'union entre 2 mots de même nature grammaticale (chou-fleur, femme-objet, homme-grenouille...) , le trait d'union remplaçant la conjonction de coordination et. Mais on écrit maître chanteur sans trait d'union !
6 - LES NOMS PROPRES Les prénoms : C'est le trait d'union qui différencie le prénom double (Jean-Christophe, Marie-Jeanne...) de la suite de prénoms de l'état civil. Les noms de famille : Quelques-uns d'entre eux, depuis l'origine, composés de 2 mots et parfois davantage. Ces mots (sauf la particule nobiliaire et les articles Le ou La sont pour la plupart reliés par un trait d'union : Camille Saint-Saëns Antoine de Lévis-Mirepoix. Là aussi, il existe des exceptions, comme Pierre Mendès France. Les noms de localité : Maisons-Lafittte, Villers-Cotterêts Saint-Etienne, Sainte-Maxime Mantes-la-Jolie, Lamalou-les-Bains Sully-sur-Loire... Les régions et les départements : Champagne-Ardennes, Hautes-Pyrénées. Placés au début, les articles échappent au trait d'union : Le Buisson-de-Cadouin, Les Adrets-de-l'Estérel. Mais on écrit : Nogent-le-Retrou, Vitry-la-Ville, Ax-les-Termes. Les adresses : L'administration de la poste a instauré l'habitude de mettre des traits d'union partout : 9 rue du Maréchal-Juin, 80 avenue Victor-Hugo... Mais ce n'est en rien une obligation.
Le cas des NOMBRES Quand on écrit en toutes lettres les adjectifs numériques, le trait d'union s'impose entre les dizaines et les unités, jamais ailleurs. On écrira ainsi vingt-quatre et quatre-vingts , voire quatre-vingt-quatre et quatre-vingt-dix-neuf, mais cent quatre, quatre cents et quatre mille. Si, entre la dizaine et l'unité, vient s'intercaler la conjonction de coordination et, on ne met pas de traits d'union : vingt et un. Même diversité pour les nombres dits ordinaux : la vingt-quatrième personne, mais le cent quatrième numéro.
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