Audrey | Laissez vivre les mots | Administrateur | | | 12339 messages postés |
| Posté le 28-09-2006 à 14:50:21
| (AFP - 28/09/06)
Une ville romaine sort lentement de terre dans la forêt normande Une dédicace en latin visible sur une pierre calcaire brisée découverte lors des fouilles. Après plus de 10 ans de fouilles du site antique du Bois l'Abbé à Eu (Seine-Maritime), des archéologues assurent avoir commencé à exhumer les vestiges d'une ville romaine qui pourrait être la capitale du peuple gaulois méconnu des Catuslugi. De part et d'autre d'une route forestière, de larges murs de pierres et de briques d'un temple et d'une basilique ont été dégagés près d'une ferme. En contrebas, les vestiges d'un vaste théâtre émergent par endroits de la végétation en épousant les contours d'un vallon. Un peu plus loin, sous des tôles ondulées, sommeillent les restes de thermes bien conservés. En août dernier, les archéologues ont encore fait une découverte majeure : une dédicace sur une pierre calcaire brisée en une cinquantaine de morceaux mentionnant un certain P Magnus Belliger ayant financé sur ses deniers une basilique sur le territoire des Catuslugi. "Il nous manque un morceau que nous ne désespérons pas de retrouver sur lequel est vraisemblablement écrit le nom de la ville", s'enthousiasme Etienne Mantel du service régional d'archéologie de Haute-Normandie. Les archéologues, qui soulignent que ce genre de découverte est "rare" au nord de la Loire, ont aussitôt fait le rapprochement avec une autre dédicace découverte quelques années plus tôt dans le théâtre où il était également fait état des Catuslugi. "Cela confirme que les Catuslugi qui ne sont connus que par une mention dans un texte de Pline l'Ancien recensant les peuples gaulois étaient localisés dans cette région", soutient Etienne Mantel. Exploré par intermittence depuis 2 siècles, le site antique du Bois l'Abbé, découvert à l'occasion du percement d'une route, était jusqu'à ces dernières années considéré comme un lieu de culte et de convivialité isolé. "Cette thèse n'est plus aujourd'hui recevable avec les découvertes récentes qui montrent que les lieux de culte étaient associés à des bâtiments administratifs organisés autour d'un forum et à des maisons", dit M. Mantel. Cet archéologue estime que la ville, dont les constructions s'échelonnent entre le Ier siècle avant JC et le IIIème siècle après JC, est vraisemblablement née de l'installation d'une garnison romaine à laquelle se sont agrégées des populations locales. Le site, qui a été pillé par endroit, s'étend sur une trentaine d'hectares, dont une toute petite partie a été pour le moment explorée. "Il nous reste pour 100 ans de fouilles", assure Laurent Cholet, responsable du service municipal d'archéologie d'Eu. Les archéologues vont s'employer en particulier à fouiller les zones d'habitat repérées, jusqu'à maintenant, uniquement par des sondages, de manière à pouvoir estimer la taille de la ville. Ils notent simplement que le théâtre devait pouvoir accueillir environ 5 000 personnes. A côté de ce travail de recherche et d'interprétation, ils veulent ouvrir le site au public autour d'un petit musée qui pourrait voir le jour dans les prochains mois.
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