abeille | Plus est en nous | Visiteur | | 43 messages postés |
| Posté le 05-12-2006 à 17:18:12
| Ce n’est pas une vraie pèce de théatre puisqu’il n’y a ni acte ni scène, et que je lève et baisse le rideau quand j’en ai envie. Cependant, cela se passe sur une scène, il y a un décor et des personnages qui discutent.
UNE DE TROP Jacques 34 ans Paul 42 ans Jeanne 30 ans Claire 32 ans Cette liste risque de ne pas être exhaustive. Lorsque le rideau se lève, Jacques et Paul confortablement installés dans leur fauteuil, fument et discutent. Devant eux, une table basse sur laquelle deux ou trois bouteilles d’apéritif, des verres et des amuse-gueule, indiquent l’occupation a laquelle ils se livrent. Le salon est meublé d’une façon assez simple. Seul un piano demie queue au fond à droite donne une note recherchée. On sent l’appartement d’un célibataire. A gauche, une porte mène aux chambres. Au fond, une porte mène au couloir et à l’entrée. A droite, la porte qui mène a la cuisine. Jacques Mon vieux Paul, je suis bien embêté. Paul D’abord je n’aime pas quand tu m’appelles Mon vieux. Ce n’est pas parce que j’ai théoriquement 8 ans de plus que toi…et puis si tu es embêté, il faut bien avouer que tu fais tout pour l’être. Je ne connais personne comme toi, capable de tricoter des sacs de nœuds et qui après vient dire : "Je ne sais pas comment les défaire". Cela fait au moins 5 jours que nous ne nous sommes pas vus. Pourquoi m’as-tu demandé de venir ? Qu’as-tu encore inventé ? Jacques Pourquoi dis-tu que tu as "théoriquement" 8 ans de plus que moi ? C’est la réalité, non ? Paul C’est la réalité pour l’Etat civil. Mais moi, je suis dans la force de l’âge, alors que toi tu es complètement gaga... ou retombé en enfance, ce qui revient au même... Jacques Oh que tu es malin !! Mais pour répondre à ta question, je n’ai rien "inventé" du tout, et si je suis bien embêté, je n’y suis pour rien. Paul Ca, ça m’étonnerait !! Mais vas-y, je t’écoute. Jacques Tu te souviens, je t’ai déjà parlé de mon oncle Henri ? Hé bien il est mort ! Paul Ah bon ! Pour une fois, tu as raison : tu n’y es pour rien. Du moins je l’espère. Mais tu l’aimais tellement pour être si embêté ? Jacques C’était un vieux filou, célibataire endurci, richissime et radin. Paul C’est chouette comme oraison funèbre ! Vas-tu me dire enfin pourquoi tu es embêté ? Jacques Hé bien voilà. Je suis son plus proche parent. Et il a testé en ma faveur. Paul Mais alors la vie est belle : te voilà riche ! Jacques Non. Parce qu’il y a une condition. Ce sadique qui n’a jamais voulu se marier, a testé en ma faveur… à condition que je me marie avant 3 mois. Si je remplis cette condition, je recevrais la moitié de l’héritage, et je n’aurais le reste que si je suis toujours marié 2 ans plus tard... Paul riant à gorge déployée : Ah ! Mais il me plaît ton Tonton ! Il avait beaucoup d’humour, et il te connaissait bien ! Il savait qu’avec ton cœur d’artichaut tu ne peux t’attacher durablement. Il te rend un grand service. Si tu veux les sous, il va falloir que tu te stabilises un peu. Et alors ? quelle est l’heureuse élue ? Jacques Mais espèce de crétin, c’est là justement que je suis bien embêté ! J’en aime deux, et je ne peux pas choisir ! Paul C’est peut-être parce que tu n’aimes pas vraiment. Tu ne crois pas ? Jacques Non, je ne te crois pas ! Je les aime toutes les deux. Elles sont très différentes l’une de l’autre, et chacune a de grandes qualités qui me font les aimer. Paul C’est bien ce que je disais. Tu n’aimes vraiment ni l’une ni l’autre. Quand on aime, on accepte facilement les défauts de celle que l’on aime. Jacques C’est idiot : On ne peut pas aimer des défauts ! Paul Je ne t’ai pas dit qu’on aime les défauts, mais qu’on accepte les défauts qui paraissent mineurs quand on aime vraiment. Mais nous n’allons pas philosopher sur ce problème. Le problème qui se pose à toi est bien concret lui : tu te maries, tu as des sous, tu ne te maries pas, et l’héritage te passe sous le nez... La vraie question qui se pose à toi est donc simple : Préfères tu être riche en te mariant vite ou estimes-tu que ta liberté n’a pas de prix et tu laisses filer l’héritage ? Jacques Mais c’est précisément là mon problème. Je voudrais être riche, mais ne pas être bousculé pour me passer la corde au cou. Paul Tu veux toujours tout, le beurre et l’argent du beurre. Tu voudrais une femme qui serait construite avec les qualités de plusieurs femmes, tu voudrais avoir l’argent et être libre... Jacques Mais enfin pourquoi mettre cette condition idiote ? Il pouvait me désigner comme héritier, un point c’est tout ! Paul Il y a des moments où je doute de ta santé mentale. Mais enfin, le Tonton était propriétaire de ses capitaux. Il en dispose comme il veut. Les conditions qu’il pose s’imposent à toi, et comme tu viens de le dire, un point, c’est tout. C’est une donnée que tu ne peux discuter. A toi de choisir entre mariage sous trois mois avec l’héritage ou tu gardes ta liberté et renonces aux sous du tonton. Jacques S’il te plaît, Jacques, aide-moi !! Paul Ah, ça, c’est difficile. Tu me dis que tu aimes deux femmes : qui sont elles ? Jacques Hé bien, il y a Jeanne et Claire. Paul Parle-moi d’elles.
( A suivre) |
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