Audrey | Laissez vivre les mots | Administrateur | | | 12339 messages postés |
| Posté le 07-03-2007 à 20:27:57
| Il y a 30 ans, "les Schlumpf" s'emparaient d'un fabuleux trésor de guerre Une Bugatti Coupé exposée le 28 février 2007 au musée Schlumpf de l'automobile à Mulhouse Les anciens ouvriers des filatures Schlumpf ont rendez vous mercredi avec leur histoire, au Musée de l'automobile de Mulhouse, qui abrite les 400 voitures de collection "confisquées" à leurs patrons, il y a 30 ans. Pour se souvenir de cette épopée, "les Schlumpf" occuperont pacifiquement mercredi soir l'ancienne filature, devenue en 1982 "Musée national de l'automobile". Ils seront plusieurs centaines à évoquer, à l'invitation de la CFDT, les luttes d'hier et les combats d'aujourd'hui pour la sauvegarde de l'emploi. Ils commémoreront ce petit matin du 7 mars 1977 où un commando de syndicalistes découvrait dans l'usine "la plus belle collection au monde de voitures de prestige", selon les spécialistes. Les ouvriers vont alors occuper pendant deux ans cette caverne d'Ali Baba où les industriels Fritz et Hans Schlumpf avaient dans le plus grand secret accumulé des voitures de courses et des véhicules rares rachetés à travers l'Europe avant la crise du textile. "Nous avons envahi ce lieu parce qu'il matérialisait une spoliation par abus de biens sociaux" déclare aujourd'hui un membre du commando, Jean Kaspar, qui fut secrétaire général de la CFDT de 1988 à 1992. "En présentant cette collection au public, nous rendions l'exploitation visible à tous alors que la passion des deux industriels avait vidé les caisses et stoppé toute modernisation", déclare-t-il. Les deux frères Schlumpf avaient déposé le bilan en 1976, offrant leurs usines pour un franc symbolique et mettant près de 2 0000 salariés au chômage. Seule comptait pour eux la sauvegarde du musée, "dédié à leur chère maman Jeanne", se souvient le syndicaliste. Les deux "gangsters économiques" (on ne parlait pas encore de patrons voyous) seront reconnus coupables d'abus de bien sociaux par la justice en 1983. Pendant 744 jours, les ouvriers, entre révolte et fascination devant les cylindrées rutilantes, vont gérer leur "Musée des travailleurs", se relayant pour assurer sécurité et intendance. On vient alors de toute l'Europe pour découvrir ces voitures d'exception. Les deux Bugatti Royale type 41, point d'orgue de leur collection, sont filmées par toutes les télévisions du monde. Le musée devient un passage obligé pour les hommes politiques, dont François Mitterrand qui lancera "quelle folie !" devant les Maserati, Hispano-Suiza ou Rolls-Royce dont le luxe contraste avec l'austérité des vallées ouvrières alentour. Les frères, exilés en Suisse jusqu'à leur mort en 1989 et 1992, tenteront vainement de récupérer leur collection. En 1978, 285 modèles sont inscrits aux Monuments historiques, ruinant leurs espoirs de retrouver leur collection, même si quelques exemplaires iront plus tard à leur unique héritière. En 1979, la justice étend la liquidation à leurs biens personnels et donc au musée occupé. La CFDT, riche d'une expérience sans pareille mais soulagée, remet alors les clés à une association de sauvegarde pilotée par Jean Panhard. Devenu en 1982 "Musée national de l'automobile - Collection Schlumpf", le site de 17 000 m2, qui a bénéficié de l'aide des collectivités locales, a été visité par 4 millions de personnes en dix ans. Une baisse de fréquentation a amené la ville à confier en 1999 la gestion du musée à Culturespaces, une filiale spécialisée du groupe Suez-Lyonnaise des Eaux. (AFP - 07/03/07)
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