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|  Posté le 11-06-2007 à 23:31:57    
| Un mur pour rapprocher au lieu de diviser  (Crédit image : walloftheworld.org)
Bravant le poids des symboles, quatre amis du petit pays balte ont imaginé un projet un peu fou : bâtir un "mur du monde" où figureraient les noms de soixante cinq millions de gens ordinaires, raconte l'hebdomadaire letton Sestdiena.
Quatre jeunes entrepreneurs lettons préparent un projet inouï, intitulé le "mur du monde". S'il est mené à terme, ce projet deviendra "la huitième merveille du monde", selon ses concepteurs. Lorsqu'on les rencontre, on ne sait pas trop quoi penser de ces quatre jeunes hommes en costume-cravate et à l'allure sage. Ansis Lipenitis, 25 ans, chef de projet dans une entreprise du Net, Gints Celajs, 25 ans, agent immobilier, son frère Girts, 26 ans, qui travaille dans une entreprise d'investissements financiers, et Martins Vavere, 40 ans, designer. Au premier abord, ils ressemblent à des hommes d'affaires vantant leur stratégie de développement.
Traditionnellement, un mur ne constitue pas un symbole positif : le mur de Berlin, le mur entre les Palestiniens et les Israéliens, celui des Pink Floyd, sorte de métaphore monstrueuse du mal…
Et pourtant, ces quatre-là ont décidé d'en bâtir un nouveau, engageant pour l'occasion des dépenses impressionnantes (estimées entre 350 et 450 millions d'euros).
Mais c'est, dans leur cas, pour une bonne cause : leur mur est destiné à réunir plutôt qu'à séparer.
Sur des panneaux de granit d'une hauteur de 3,5 mètres, ils comptent graver les noms de 65 millions de personnes, soit 1 % de la population mondiale, le tout sur un espace vert de 47 hectares. Chacun devra débourser cinq euros pour voir son nom inscrit sur le futur Mur du monde.
Afin de rendre leur projet visible (et tenter de convaincre le public de leur sérieux) les quatre jeunes ont créé un site Internet walloftheworld.org où l'on peut observer en trois dimensions les plans du mur, s'inscrire ou consulter les noms de ceux qui l'ont déjà fait. Les fonds réunis, sous l'égide de la Croix-Rouge, seront reversés dans leur totalité à cet organisme si le projet n'arrive pas à son terme.
La presse lettone n'a pas été indifférente à cette affaire. Certains journaux ont traité nos quatre jeunes hommes de "spéculateurs", d'autres de "fous". Mais ils comptent aussi des supporters, tels le gourou de la pub Eriks Stendzenieks qui, après avoir donné son nom, a commenté ainsi leur initiative : "Les meilleures idées sont les plus folles."
Qu'est-ce qui peut bien inciter ces jeunes gens à se lancer dans un projet artistiquement discutable et si difficile à réaliser ? Depuis plus de deux ans, ils y consacrent leur temps et leur argent. Certains ont même été jusqu'à hypothéquer leur appartement.
Il y a deux ans, les quatre amis feuilletaient ensemble Les Cent merveilles du monde. Ils ont constaté que "toutes ces merveilles étaient soit réalisées au nom d'un système politique, d'un empereur, bref pour glorifier quelqu'un ou quelque chose, explique Girts. On ne dit pas que c'est forcément mauvais, mais ces monuments ne parlent jamais de ceux qui les ont bâtis ; on ne sait pas, par exemple, combien d'esclaves sont morts pour leur édification."
Pour leur projet, ils disent s'être inspirés de l'initiative écologique Eden en Grande-Bretagne (à la fois parc d'attraction écologique et projet de sensibilisation et d'éducation à la nature et à l'environnement, Eden est installé dans trois immenses biomes -serres- construites dans une ancienne carrière.)
Ils ont également découvert leurs "concurrents", des promoteurs de Dubaï qui ont créé un chapelet d'îles artificielles que beaucoup qualifient déjà de "huitième merveille du monde". "Ce projet est merveilleusement beau, mais, encore une fois, qui le réalise ? Des riches. Nous ne pensons pas qu'aujourd'hui les règles doivent être édictées par un groupe d'individus mais par la majorité des gens. Le Mur du monde est pour tout le monde, comme son nom l'indique. Pour nous, c'est une merveille car chacun y apportera sa pierre en donnant son nom", poursuit Girts.
L'essentiel dans ce projet, selon le jeune homme enthousiaste, est qu'ici tout le monde sera l'égal de tout le monde, "qu'il s'agisse du président Bush ou de mon ancienne maîtresse de l'école maternelle".
Depuis le 19 avril, date de l'ouverture des inscriptions, le site a recueilli près de 4 000 noms.
(Courrier International - 11/06/07)
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