| | | | | Audrey | Laissez vivre les mots | Administrateur | | | 12339 messages postés |
| Posté le 03-04-2006 à 14:24:29
| Art poétique De la musique avant toute chose, Et pour cela préfère l'Impair Plus vague et plus soluble dans l'air, Sans rien en lui qui pèse ou qui pose. Il faut aussi que tu n'ailles point Choisir tes mots sans quelque méprise : Rien de plus cher que la chanson grise Où l'Indécis au Précis se joint. C'est des beaux yeux derrière les voiles, C'est le grand jour tremblant de midi, C'est, par un ciel d'automne attiédi, Le bleu fouillis des claires étoiles ! Car nous voulons la Nuance encor, Pas la Couleur, rien que la nuance ! Oh ! la nuance seule fiance Le rêve au rêve et la flûte au cor ! Fuis du plus loin la Pointe assassine, L'Esprit cruel et le Rire impur, Qui font pleurer les yeux de l'Azur, Et tout cet ail de basse cuisine ! Prends l'éloquence et tords-lui son cou ! Tu feras bien, en train d'énergie, De rendre un peu la Rime assagie. Si l'on n'y veille, elle ira jusqu'où ? Ô qui dira les torts de la Rime ? Quel enfant sourd ou quel nègre fou Nous a forgé ce bijou d'un sou Qui sonne creux et faux sous la lime ? De la musique encore et toujours ! Que ton vers soit la chose envolée Qu'on sent qui fuit d'une âme en allée Vers d'autres cieux et d'autres amours. Que ton vers soit la bonne aventure Eparse au vent crispé du matin Qui va fleurant la menthe et le thym... Et tout le reste est littérature.
Paul VERLAINE (1844-1896) ( "Jadis et Naguère" - 1885)
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| Legolp | Flood et Cie | Troubadour | | | 357 messages postés |
| Posté le 08-04-2006 à 17:59:30
| Magnifique ce poème, je l'ai étudié l'année dernière, c'est une espèce d'autobiographie. Verlaine parle en effet de lui même. "Pour cela préfère l'impair" : si vous n'aviez pas remarqué, presque tous les poèmes de Verlaine sont écrits en vers impairs (ici c'est 9 syllabes) Il y a un autre poème de verlaine que j'adore : Chanson d'Automne Les sanglots longs Des violons De l'automne, Blessent mon coeur D'une langueur monotomne Tout suffoquant Et blème quand sonne l'heure Je me souviens Des jours anciens et je pleure Et je m'en vais Au vent mauvais Qui m'emporte Deça Dela Pareil à la feuille morte PS : je l'ai mis comme dans mon souvenir, il est possible qu'il y ait des erreurs.
-------------------- Legolp lutte constament pour la libeté d'expression (et de flood), l'égalité entre les humains et la fraternité entre les peuples |
| Audrey | Laissez vivre les mots | Administrateur | | | 12339 messages postés |
| Posté le 08-04-2006 à 20:41:49
| Merci Legolp pour ce magnfique poème partagé. Il est vrai que de cette "Chanson d'Automne", la première strophe est très connue pour avoir été "LE" message durant la seconde guerre mondiale... mais beaucoup méconnaissent la totalité de ces vers.
Legolp a écrit :
Ps, je l'ai mis comme dans mon souvenir, il est possible qu'il y ait des erreurs |
Aucune erreur, Legolp. Ta mémoire ne t'a pas fait défaut.
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| ThunderLord | Assassin au chômage technique | Co-Administrateur | | | 4623 messages postés |
| Posté le 17-04-2006 à 05:48:23
| "Les sanglots longs des violons de l'automne"... Que de souvenirs ! Je ne l'avais pas étudié, mais lu quand j'étais en primaire. Je n'aime pas tout de Verlaine mais il en a écrit de beaux !
-------------------- ThunderLord ---> Thérapie Hautement Utopique et Normalisée de Démultiplication des Etats Reconnus de Léthargie Ombrageuse Reliée à la Démonologie. ©Audrey |
| Legolp | Flood et Cie | Troubadour | | | 357 messages postés |
| Posté le 21-05-2006 à 20:23:15
| Je poste ce poème de verlaine que j'apprécie tout particulièrement et qui reflète mes états d'âmes du moment. J'espère qu'il vous plaira. A++ tout le monde Mon rêve familier Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime, Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend. Car elle me comprend, et mon coeur transparent Pour elle seule, hélas! cesse d'être un problème Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême, Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant. Est-elle brune, blonde ou rousse? Je l'ignore. Son nom? Je me souviens qu'il est doux et sonore, Comme ceux des aimés que la vie exila. Son regard est pareil au regard des statues, Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a L'inflexion des voix chères qui se sont tues. Paul Verlaine (Poèmes saturniens)
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| Audrey | Laissez vivre les mots | Administrateur | | | 12339 messages postés |
| Posté le 21-05-2006 à 20:25:47
| Très beau poème, Legolp. Je ne le connaissais pas celui-ci. Merci de me l'avoir fait découvrir.
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| ThunderLord | Assassin au chômage technique | Co-Administrateur | | | 4623 messages postés |
| Posté le 01-06-2006 à 23:03:33
| Celui-ci par contre je l'avais étudié en seconde, il est très beau, simple, direct. Du grand Verlaine.
-------------------- ThunderLord ---> Thérapie Hautement Utopique et Normalisée de Démultiplication des Etats Reconnus de Léthargie Ombrageuse Reliée à la Démonologie. ©Audrey |
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