| Audrey | | Laissez vivre les mots | | Administrateur |  |  | | 12339 messages postés |
|  Posté le 31-07-2008 à 22:18:49    
| Grandes découvertes et naissance de la botanique au château de la Roche Jagu  château de la Roche Jagu
Si de tous temps l'homme s'est intéressé aux vertus des plantes, la science botanique n'a pris son essor qu'avec les grandes découvertes : c'est ce long voyage que raconte l'exposition "Passions botaniques", présentée jusqu'en novembre au château de la Roche Jagu à Ploëzal (Côtes d'Armor).
"Au départ, la botanique n'est pas une science. On s'intéresse aux plantes uniquement pour leur utilité", bénéfique ou néfaste pour l'homme, résume Nolwenn Herry, chargée des expositions dans ce domaine départemental qui a organisé "Passions botaniques" en partenariat avec le Muséum national d'histoire naturelle.
De la marjolaine, censée soigner en infusion "les blessures de l'âme" comme l'évoquait déjà Pline l'Ancien, à la mandragore, l'un des instruments des pouvoirs magiques prêtés aux sorcières, les plantes ont longtemps été divisées en deux catégories, "les nocives et les curatives".
Ce constat dressé, "Passions botaniques" retrace l'évolution d'une science étroitement liée aux grandes étapes politiques, économiques et philosophiques du monde occidental à travers une scénographie très inventive, tirant habilement profit des dédales de ce château du XVe siècle qui domine la rivière du Trieux.
Après les gravures sur bois antérieures à la naissance de l'imprimerie, on passe des premiers herbiers au cabinet de travail reconstitué (mais avec son véritable bureau) d'Alexander von Humboldt qui, par la qualité de ses relevés en Amérique latine ou en Sibérie, a posé les bases des explorations naturalistes.
Quelques dizaines d'années plus tôt, en 1635-1640, la création du Jardin du Roy (futur Jardin des Plantes), à Paris, avait constitué un moment-clé. Des botanistes comme Charles Plumier ou Joseph Pitton de Tournefort partent alors vers les Antilles ou le Levant pour ramener des plants inconnus. Joseph de Jussieu, dont l'exposition présente des échantillons originaux de son herbier, ramène de la quinine et de la coca du Pérou.
"Des hommes très courageux qui ont le cran de quitter leurs cabinets de travail pour affronter l'extérieur et des périls inattendus", rappelle Nolwenn Herry.
Mais il ne suffit pas de découvrir les plantes. Encore faut-il pouvoir les conserver jusqu'en Europe, au terme d'un voyage terrestre et maritime hasardeux.
Ainsi, l'un de ces savants, le comte de Clieu, ira-t-il jusqu'à sacrifier sa ration d'eau potable lors d'une traversée de l'Atlantique vers 1720 pour sauver un ultime plan de caféier, se heurtant à l'incompréhension de l'équipage...
Viendront ensuite des expéditions "étroitement liées à des considérations géopolitiques" qui se sont davantage inscrites dans les livres d'histoire : Bougainville, Cook, La Pérouse, Colignon, d'Entrecasteaux.
Celui-ci, lors de son voyage en Océanie à la recherche de La Pérouse en 1791-1792, ramènera l'arbre à pain. Suivra, entre autres épisodes, la guerre des épices, un commerce dont le monopole était détenu à l'origine par les Portugais.
Aujourd'hui, c'est en ballon qu'une équipe de scientifiques français survole les forêts de Madagascar pour y prélever des échantillons de plantes encore inconnues.
Un film retrace leur expédition toujours en cours, évoquant irrésistiblement l'aventure racontée il y a plus d'un siècle par Jules Verne dans son célèbre "Cinq semaines en ballon".
(AFP - 31/07/08)
--------------------
 |
|
