| Audrey | | Laissez vivre les mots | | Administrateur |  |  | | 12339 messages postés |
|  Posté le 08-08-2006 à 18:38:39    
| Le marché de la CRYOPRESERVATION
Faire congeler son corps dans l'hypothèse de le faire ressusciter un jour, quand les progrès de la science le permettront : c'est la cryopréservation.
Une pratique qui séduit de plus en plus de monde... et de plus en plus d'"instituts" !
En France, le cas MARTINOT
Tout le monde a entendu parlé de cette affaire.
Dans les années 80, le Docteur Raymond Martinot (chargé de cours à la Faculté de médecine de Paris), construit un immense caisson réfrigérant dans la crypte de son château à Neuil-sur-Layon, près de Saumur.
En 1984, sa compagne Martine Leroy décède. Il place son corps dans un congélateur à -65°C, sous surveillance électronique permanente. Bien sûr, il n'a aucune autorisation pour cela, la seule dérogation qu'il ait pu obtenir étant d'inhumer son épouse dans la crypte du château.
Quand le Dr Martinot décède à son tour, en février 2002, son fils Rémy place son corps dans un autre caisson, qui jouxte celui de Martine Leroy, respectant ainsi la demande faite par le Dr Martinot sur son testament.
Mais, un mois plus tard, une panne d'électricité s'en mêle : la température des caissons remonte alors à -20°C.
Rémy Martinot, qui se bat avec la justice française depuis 20 ans pour faire légaliser ce mode de sépulture, est contraint par le tribunal de Saumur de faire incinérer le corps de ses parents au crématorium.
Toujours en France, autre cas
Le Dr Martinot n'avait pas été le seul à nourrir ce projet fou en France. Michel et Monique Leroy, respectivement professeurs de philosophie et de français à la Réunion, voulaient eux aussi congeler le corps de leur mère dans la cave de leur villa à Saint-Denis, "pour garder le souvenir intact".
Ils ont été déboutés pour les mêmes motifs en 1999 par le tribunal de Saint-Denis.
Aux Etats-Unis, c'est la ruée !
110 personnes seraient déjà en suspension cryogénique dans leur caisson de métal en attente d'une hypothétique résurrection.
1200 auraient même souscrit à un programme de suspension cryogénique à leur mort. On peut les reconnaître au bracelet en inox qu'ils portent au poignet, et sur lequel est gravé l'ensemble de la procédure à suivre lorsqu'ils viendront à décéder.
Le Time-Ship
Conscient de l'opportunité financière phénoménale qu'offre ce marché, Saul Kent, président de Life Extension Foundation, a même dessiné les plans d'un time-ship entièrement consacré à la cryopréservation, dans lequel seraient conservés, dans des capsules, 10 000 corps ainsi que ceux de toutes les espèces animales en voie de disparition.
Ce bâtiment, de forme circulaire dans lequel s'insère un carré au centre duquel se trouve un cône en verre, abritera également un laboratoire de recherche, un centre de stockage (de tissus, d'ADN et d'organes) pour le clonage et la réparation des corps endommagés par le gel.
Pour le moment, le milliardaire américain est toujours à la recherche de l'emplacement idéal pour abriter son arche du futur, "car il faut le prémunir contre les risques d'attaque nucléaire et de catastrophes naturelles".
Un marché juteux
Cinq sociétés se partagent ce marché juteux de la cryopréservation. Les plus connues sont Alcor, et Cryonics Institute, fondée par Robert Ettinger, un des penseurs de la cryogénie et auteur de "The Prospect of Immortality".
Toutes deux proposent un service sur mesure aux personnes avide de "vie éternelle". Juridiquement, ces personnes "donnent leurs corps à la science", pour contourner l'interdiction qui pèse sur cette pratique dans la majorité des Etats américains.
Puis le client peut choisir :
- de se faire congeler entièrement pour 150 000 $ (80 000 pour Cryonics Institute),
- ou de ne garder que sa tête pour 50 000 $ (30 000 pour Cryonics Institute),
...pour une durée de 100 ans.
Une somme principalement prise en charge par les assurances-vie, dont ces sociétés sont, bien entendu, les heureuses bénéficiaires !!
Pourquoi cette possibilité de ne faire conserver que sa tête ? Tout simplement parce que les adeptes de la cryopréservation pensent que seul le cerveau est garant de l'identité de la personne, puisqu'il renferme l'ensemble de ses souvenirs. Alors, pensent-ils, "lorsque la technique du clonage sera opérationnelle, la tête pourra être rattachée à un nouveau corps cloné".
Azote liquide à -196°C
Si les adeptes de la cryopréservation sont si confiants, c'est que grâce à ce procédé, des embryons humains, ovules, coeurs ou encore de la peau ont pu être congelés puis réutilisés par la suite au cours d'une greffe qui a parfaitement réussi.
Par ailleurs, des expériences de congélation sur des organismes plus petits comme des anguilles et des insectes ont montré que ces derniers pouvaient être ramenés à la vie, sans difficulté... Mais ce qui est valable à une petite échelle l'est-il à l'échelle du corps humain ?
Une seule chose est certaine : pour que la cryopréservation soit "efficace", ce dernier doit être congelé quelques heures seulement après la mort, car "les cellules et les organes sont encore remplis d'oxygène".
Le corps est alors plongé dans de l'azote liquide à -196°C.
"Cela permet de bloquer les mécanismes entraînant la détérioration naturelle des cellules", explique Saul Kent.
...Sauf qu'en gelant, l'eau présente dans les tissus forme de petits cristaux, qui agissent comme autant de poignards microscopiques, ce qui endommage les tissus qui sont ainsi perforés...
Objectif 2040
Du coup, de nombreux experts en cryopréservation comptent sur les prouesses de la nanotechnologie, science qui permettra d'intervenir à l'échelle moléculaire pour réparer les microlésions causées par le gel.
Ainsi, pour empêcher la formation de ces cristaux, le sang et l'eau contenus dans les cellules du corps ont été remplacés par un antigel. 
Or, cet additif se révèle aujourd'hui très toxique. Utilisé dans l'ensemble du corps humain, il empoisonnerait le métabolisme cellulaire.
La cryopréservation est donc très loin d'être opérationnelle !!
Ce qui n'empêche pas certains adeptes de l'immortalité de penser que la première réanimation cryogénique sera possible d'ici 2040...
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