| | | | | | | | Audrey | | Laissez vivre les mots | | Administrateur |  |  | | 12339 messages postés |
|  Posté le 01-02-2007 à 12:20:05    
| Maires de VILLAGES FANTOMES
Février 1916 : bataille de Verdun.
306 000 soldats tués ou disparus (dont 163 000 français), 400 000 blessés (dont 200 000 français) . ..et plus de 60 millions d'obus tirés !
Neuf villages sont rayés de la carte par les bombardements allemands.
Aujourd'hui, des maires font revivre ces communes sans âme qui vive.
 Bezonvaux, la "Grande rue" au centre du village, avant 1916.  La "Grande rue" de Bezonvaux, aujourd'hui.
9 villages placés en "zone rouge"
En 1916, neuf villages des environs de Verdun ont été réduits en cendres par les milliers d'obus qui se sont abattus sur la région.
Jonchés d'explosifs, ces bourgs, transformés en paysages lunaires, ont été déclarés inhabitables et inconstructibles, et placés en zone rouge à la fin de la guerre.
Leurs 3 000 habitants ont dû s'exiler.
Mais pour éviter que ces communes ne meurent une seconde fois en tombant dans l'oubli, le préfet de la Meuse a décidé, en 1919, de désigner une commission municipale à la tête de chacune. 
Le président de cette commission fait office de maire, et ses deux membres d'adjoints.
Depuis, les maires de Cumières, Louvemont, Fleury-devant-Douaumont, Haumont-près-Samogneux, Bezonvaux et Beaumont-en-Verdunois sont les seuls maires du pays à la tête d'une commune sans électeurs et sans habitants.
Ces maires ont toutes les prérogatives d'un élu classique. La seule différence est qu'ils ne sont pas grands électeurs : ils ne peuvent élire les sénateurs.
Une partie de ces maires exercent leurs fonctions de génération en génération.
Depuis 1925, le grand-père, l'oncle et la mère de Pierre Libert ont été successivement maires de Beaumont. Cet ancien officier, aujourd'hui âgé de 72 ans, a pris la suite en 1990.
 Cumières, la rue de l'église, avant 1914.  Cumières, la Rue Haute, en 1908.  Cumières en ruines, en août 1917.  Cumières, la petite chapelle construite en 1933 à l'emplacement de l'ancienne église, avec les pierres de celle-ci.
9 villages morts pour la France :
- Beaumont-en-Verdunois (787 ha) : 186 habitants en 1916 => 0 habitant
- Bezonvaux (923 ha) : 149 habitants en 1916 => 0 habitant
- Cumières-le-Mort-Homme (611 ha) : 205 habitants en 1916 => 0 habitant
- Douaumont (614 ha) : 288 habitants en 1916 => 10 habitants
- Fleury-devant-Douaumont (1011 ha) : 422 habitants en 1916 => 0 habitant
- Haumont-près-Samogneux (1081 ha) : 131 habitants en 1916 => 0 habitant
- Louvemont (825 ha) : 183 habitants en 1916 => 0 habitant
- Ornes (1852 ha) : 718 habitants en 1916 => 6 habitants
- Vaux-devant-Damloup (656 ha) : 287 habitants en 1916 => 80 habitants
 Douaumont, avant 1914  Douaumont, de nos jours :
une petite chapelle à l'emplacement de l'ancienne église,
et la borne en pierre symbolisant l'emplacement de la mairie-école.
Des communes au budget fantomatique
Les responsables de ces villages fantômes, peuplés de cimetières, de chapelles et de monuments aux morts, ont fort à faire pour redonner vie à leur fief, et empêcher la nature d'y reprendre ses droits.
Les taxes versées par l'Office National des Forêts, gestionnaire des bois qui recouvrent la majorité des bourgs, constituent le gros de leur budget, quasi fantomatique. Malgré tout, il faut entretenir les chapelles, monuments, les espaces verts, sans oublier la voirie...
Mais ces maires ne manquent pas d'imagination pour s'en sortir et continuer à faire vivre leur commune. Citons par exemple Charles-Saint-Vanne, maire d'Ornes. Sa mairie tient en 13m2, dans son garage, aménagée avec ses propres deniers !
 Haumont-près-Sammogneux, sa mairie-école et son église, avant 1914.  Haumont en ruines, en 1916.  Haumont, de nos jours.
2 sur 9 ont pu abriter de nouvelles âmes
Situées en zone rouge, les communes de Douaumont et de Vaux-devant-Damloup sont les seules à avoir obtenu l'autorisation de reconstruire, après la guerre, et à posséder un maire élu de façon classique.
A Douaumont, les premiers habitants sont revenus dans les années 30, et sont aujourd'hui une dizaine, quasiment tous employés au fameux "Ossuaire de Douaumont".
Le bourg de Vaux, lui, doit sa renaissance à la présence de sa gare. Cette ligne ferroviaire était située à un emplacement stratégique, et fut donc reconstruite dans la foulée. Mais, dépourvue de commerces et d'artisans, Vaux ne compte que 80 habitants.
 Fleury-devant-Douaumont en ruines, en juillet 1916.  Fleury, de nos jours : pancartes et bornes marquent les différents emplacements des éléments d'autrefois.
La vie enfouie dans le sol
A Bezonvaux, la grande rue a resurgi du sol et a été remise en état. Des fragments de vaisselle, de ferraille ont refaits surface en même temps que la voie principale de cette commune fantôme.
Récemment, à Louvemont, François Long (le maire) a découvert, sous la terre, le choeur de l'ancienne église, et des instruments liturgiques, enfouis depuis 90 ans !
A Fleury, les maisons détruites ont refait une apparition symbolique. Léon Rodier (maire) a fait installer des bornes en 3 langues qui signalent leur emplacement, ainsi que ceux de la mairie-école et de l'auberge.
Autant d'initiatives qui permettent aux bourgs de survivre dans les mémoires, à la grande joie de leurs responsables.
 L'Ossuaire de Douaumont
L'Ossuaire de Douaumont
La dizaine d'habitants actuels de Douaumont sont quasiment tous employés à l'entretien de l'Ossuaire.
Cet ossuaire, sépulture de plus de 130 000 soldats inconnus, français et allemands, morts au combat, de dimension imposante (137 m de long sur 14 de large) a été construit entre 1920 et 1922, pour être inauguré officiellement en 1932.
Aux abords de l'Ossuaire, le cimetière national (datant de 1919) abrite 16 142 tombes.
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A lire : "Sacrifiés pour Verdun" de J. Laparra (Ed. Connaissance de la Meuse)
Sites où en savoir davantage :
L'Ossuaire de Douaumont
La Bataille de Verdun
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