Audrey | Laissez vivre les mots | Administrateur | | | 12339 messages postés |
| Posté le 28-07-2006 à 20:18:33
| (AFP - 28/07/06)
L'homme de Néandertal a 150 ans... de plus En ce mois d'août 1856, il y a 150 ans, deux ouvriers allemands qui déblaient la glaise dans une petite grotte du val de Neander ( [g] "Neander Tal" ), afin d'accéder au calcaire dont l'extraction est pratiquée dans cette région proche de Düsseldorf, tombent sur quelques vieux ossements.[/g] Heureusement, ils ont l'idée de les montrer à leur contremaître, qui pense que ces os, d'un ours de caverne peut-être, pourrait intéresser un professeur du lycée de Wuppertal passionné d'histoire naturelle, Johann Karl Fuhlrott. Il lui envoie les plus grosses pièces. Fuhlrott identifie tout de suite leur nature humaine et, en remarquant la voûte crânienne basse avec des bourrelets sus-orbitaires proéminents et la robustesse des fémurs et du bassin, il arrive à la conclusion qu'il tient entre les mains des restes très anciens (les datations actuelles leur donnent 40 000 ans). Mais à une époque où l'on commence seulement à admettre l'existence d'animaux "antédiluviens", l'idée que l'homme en tant qu'être créé par Dieu à sa propre image puisse avoir porté un tel visage de brute est inacceptable. Pour les savants réunis sous la houlette du professeur berlinois Rudolf Virchow, virulent adversaire de l'évolution sous toutes ses formes, il ne peut donc s'agir que d'un cas pathologique. La situation est néanmoins mûre pour passer à un stade supérieur de la connaissance. L'homme archaïque allemand est reconnu dans l'Angleterre de Darwin en 1863, et c'est le professeur irlandais William King qui lui donne son nom savant d' "Homo neanderthalensis" . L'Allemagne "virchowienne" l'ignorera jusqu'à la fin du XIXe siècle. Jusqu'aux années 1980, aucun scientifique ne retournera à Neandertal, par ailleurs totalement défiguré entre-temps par les carriers. Ralf Schmitz, enseignant privé à l'université de Tübingen et l'un des initiateurs de la reprise des fouilles, en présente un bilan inédit dans les "dossiers" de la revue française "La Recherche", publiés à l'occasion du 150e anniversaire de la première découverte. "Nous avons maintenant 73 fragments d'os, en plus des 16 découverts en 1856. Trois s'ajustent directement sur ces derniers. Et une quarantaine appartiennent probablement au même individu", précise l'archéologue. Les fossiles de 3 individus au moins ont été déterrés. Aujourd'hui, la principale interrogation porte sur les liens des néandertaliens avec les premiers hommes modernes (Cro-Magnon), longtemps considérés comme leurs descendants, mais dont on sait aujourd'hui qu'ils ont coexisté avec eux pendant une bonne dizaine de millénaires. Surprise de plus, les premières analyses de leur ADN maternel ont suggéré que les hommes de Néandertal n'était pas apparentés à notre propre espèce et qu'il représentaient donc une branche morte de l'arbre généalogique de l'humanité. Mais cette conclusion est loin de faire l'unanimité. Les examens doivent se poursuivre par l'étude de l'ADN des noyaux cellulaires, grâce à un projet qui vient d'être lancé par l'Institut Max-Planck de Leipzig, et une société américaine de biotechnologie, 454 Living Sciences. Ces travaux devraient apporter des indications plus convaincantes sur leur identité génétique et peut-être contribuer à la recherche des causes de la disparition des hommes de Néandertal. Même si les hypothèses ne manquent pas (consanguinité, maladies, guerres d'inégaux avec les Cro-Magnon, changements environnementaux...), leur extinction, survenue il y a quelque 28 000 ans, après plus de 300 millénaires d'existence pendant lesquels ils ont su affronter avec succès la rudesse de l'Europe glaciaire, demeure une énigme totale...
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