| Audrey | | Laissez vivre les mots | | Administrateur |  |  | | 12339 messages postés |
|  Posté le 15-08-2006 à 18:51:33    
| Des GUEPES pour renifler drogues et explosifs
Dotées d'un flair incomparable, les Microplitis croceipes peuvent être dressées pour repérer une odeur déterminée : drogues, explosifs...
A part quelques entomologistes, qui connaît l'existence de Microplitis croceipes, bestiole si peu remarquable que personne ne s'est donné la peine de lui donner un nom commun ?
Et pourtant... C'est bien au flair de cette cousine de la guêpe que vous confierez peut-être votre sécurité avant d'embarquer en avion !
Microplitis croceipes, en effet, est l'élément clé d'un détecteur révolutionnaire imaginé par l'équipe de Joe Lewis et Glen Rains, spécialistes de la lutte contre les nuisibles à l'université de Géorgie (Etats-Unis).
Baptisé "Wasp Hound" (guêpe chien de chasse), ce détecteur capable de repérer n'importe quel type d'odeur repose sur deux points communs à l'insecte et au chien : un flair incomparable, et, plus surprenant, d'excellentes prédispositions à l'apprentissage.
"L'insecte a l'avantage de pouvoir être dressé en cinq minutes (contre six mois pour un chien) et il ne demande ni nourriture ni soin particulier", assure Joe Lewis.
Certes, le Wasp Hound n'est encore qu'une maquette de laboratoire. Mais les résultats sont assez encourageants pour envisager un succès, là où toutes les tentatives précédentes ont échoué.
Dresser les insectes :
C'est relativement simple : parce qu'elles doivent localiser leur nourriture dans des contextes fort différents, l'évolution a sélectionné dans leur cerveau la capacité d'associer, par exemple, l'odeur d'une plante avec la présence de nourriture.
Ainsi, une équipe dirigée par Jerry Bromenshenk à l'université du Montana est parvenue, en 2002, à entraîner des abeilles au déminage. Après que leur ration d'eau sucrée alimentaire a été associée à la diffusion d'effluves d'explosif, les insectes se dirigent naturellement vers les zones où l'odeur est perceptible : détectée par radar, la concentration des insectes trahit alors la présence des mines... sauf que le radar perd les insectes si le terrain n'est pas plat et découvert !
Prix de revient minime :
Pourtant, Joe Lewis et Glen Rains sont certains d'avoir trouvé la solution avec Microplitis croceipes.
"Trois séances de conditionnement de 10 secondes, espacées de une à deux minute, suffisent pour dresser à vie l'animal à reconnaître une odeur précise. L'animal peut être élevé à bas coût par centaines de milliers."
Restait à trouver le moyen de "contrôler" les insectes, c'est-à-dire avoir un moyen autre que le radar pour les suivre et pouvoir interpréter leur périple.
C'est ainsi que Glen Rains a eut l'idée de confiner les insectes dans un astucieux dispositif : un container spécifique.
L'air ambiant est aspiré par le bas du container et traverse celui-ci.
Une boîte contenant les insectes se trouve juste au-dessus de cette arrivée d'air, et une caméra (située en partie haute du container) filme les insectes et leurs réactions en permanence. Enfin, un ventilateur rejette l'air par le haut.
La caméra (reliée à un ordinateur) permet de visualiser immédiatement la réaction des Microplitis croceipes :
- lorsqu'elles sont dispersées -> aucune odeur détectée,
- lorsqu'elles se regroupent -> c'est que l'odeur visée a été détectée.
De nombreuses applications possibles :
Hormis la détection de drogue, d'explosifs, le système pourrait également servir à déceler les odeurs associées à certaines maladies humaines (cancers de la peau, ulcère, maladies du foie), voire aider la police à retrouver des cadavres !
Encore quelques progrès à accomplir :
- Comment adapter cette méthode au terrain, où la diversité et la quantité des substances recherchées risquent de varier énormément ?
L'efficacité du système dépend en effet de la concentration d'odeur. Mais comme le souligne Joe Lewis : "le seuil de détection des guêpes est de l'ordre d'une molécule pour un milliard, voire un trillion de molécules d'air, ce qui permet d'être optimistes."
Le produit définitif, bien moins encombrant que le container actuel, serait conçu comme une cartouche jetable, qui pourrait être sur le marché dans cinq ans, au prix de 100 euros... soit 120 fois moins cher qu'un chien douanier !!
Reste que, personnellement, je me pose tout de même quelques premières questions : 
qu'advient-il des insectes une fois la cartouche jetable utilisée ??? Sont-ils "jetés" dans la nature en même temps que la cartouche ?
Auquel cas, nous risquons fort, à les relâcher ainsi dans la nature, de perturber le cycle normal des choses, en créant un surnombre de l'espèce, non ?
(Source : Sciences & Vie)
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