Audrey | Laissez vivre les mots | Administrateur | | | 12339 messages postés |
| Posté le 21-09-2006 à 23:52:09
| (AFP - 21/09/06)
Une "fille" de l'australopithèque Lucy découverte en Ethiopie Photo du crâne d'un bébé australopithèque bipède rendue publique le 19 septembre 2006 Le squelette exceptionnellement préservé d'un bébé australopithèque, bipède et vraisemblablement grimpeur, mort à l'âge de 3 ans, il y a 3,3 millions d'années, a été découvert dans le nord-est de l'Ethiopie, annonce une équipe scientifique dans la revue Nature de jeudi. Ces restes, allant du crâne aux os de pied, en passant par des phalanges, des fragments de tibias et de côtes, et un rarissime hyoïde (os de la gorge), ont été mis au jour sur le site de Dikika, situé sur la rive droite du fleuve Aouache. Ce lieu est proche d'Hadar, connu pour avoir livré, en 1974, le squelette de la célèbre australopithèque Lucy. Selon le paléoanthropologue éthiopien Zeresenay Alemseged, de l'Institut Max Planck d'anthropologie évolutionnaire à Leipzig (Allemagne), et ses collègues américains et français, le bébé, probablement de sexe féminin, appartient à la même espèce que Lucy, "Australopithecus afarensis" (australopithèque de l'Afar). Ses dents lui donnent environ 3 ans. Ce squelette quasi complet est considéré comme sans égal, tant pour son état de conservation que pour les éléments anatomiques inconnus jusqu'ici chez les australopithèques en général, et chez un individu juvénile en particulier. "Le pied et d'autres éléments des membres inférieurs, résument-ils, correspondent clairement à une locomotion bipède, alors que l'omoplate ressemblant à celle d'un gorille et les phalanges des mains longues et courbées (typiques des grands singes grimpeurs) inspirent des questions nouvelles sur l'importance du comportement arboricole dans le répertoire locomoteur d'Australopithecus afarensis." L'étude du paléoenvironnement de la localité de la découverte de la "fille" de Lucy, une "poupée" de 40 cm environ (plus âgée que sa mère symbolique de deux centaines de milliers d'années), a révélé qu'elle vivait dans une savane boisée avec des deltas de petites rivières. "C'est une crue qui a sans doute permis le transport et l'ensevelissement rapide du squelette, évitant à ce dernier d'être dévoré par les charognards", commente le coauteur français de l'étude, Denis Geraads (CNRS). Très fragiles, les restes de jeunes hominidés se fossilisent rarement. A ce jour, des ossements les plus anciens d'ampleur comparables provenaient de néandertaliens de moins de 10 000 ans. Mais le bébé de Dikika n'en est pas moins le 2ème enfant australopithèque connu. Le premier, dont seul le crâne a "survécu", a été trouvé en 1924 dans une carrière calcaire à Taung, en Afrique du Sud. C'est lui qui a permis à l'anatomiste Raymond Dart de décrire (déjà dans la revue Nature) un intermédiaire entre singes et hommes, qu'il a baptisé Australopithecus africanus ( "singe africain du sud" ). Le monde savant a réservé à l' "enfant de Taung" un accueil sceptique, voyant en lui plutôt un vulgaire singe préhistorique. Ensuite, pendant des décennies, les australopithèques, dont de nombreux ossements attribués à des espèces variées ont été déterrés ailleurs en Afrique, ont été associés à la lignée humaine, avant que des examens plus poussés n'aient révélé des similitudes troublantes avec les primates non-humains. L' "enfant de Dikika" n'est pas encore complètement libéré de la gangue de sédiment. "Il faudra attendre quelques années avant sa description détaillée qui devrait largement améliorer nos connaissances sur la croissance des australopithèques", souligne Denis Geraads. Le chercheur note cependant que les os déjà étudiés "sont étonnamment plus proches" de ceux des grands singes que de l'homme.
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