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|  Posté le 10-01-2009 à 19:35:47    
| Paris déroule le tapis rouge pour le dramaturge anglais Howard Barker  Howard Barker
à Paris
Le dramaturge britannique Howard Barker bénéficie en ce début 2009 d'un éclairage exceptionnel à Paris, avec la programmation à l'Odéon d'un cycle qui devrait mieux faire connaître son "théâtre de la catastrophe" sans concession ni jugement moral sur l'humanité et ses excès.
Le directeur de l'Odéon-Théâtre de l'Europe depuis 2007, Olivier Py inaugure en invitant son confrère anglais une politique d'accueil d'un auteur européen différent chaque saison.
Howard Barker, 62 ans, est un artiste protéiforme, poète mais aussi peintre, comme l'a rappelé une exposition qui vient de s'achever à Caen.
En tant qu'"écrivain de théâtre", il restera jusqu'au 11 avril à l'affiche de l'une ou l'autre des salles de l'Odéon, sans parler de deux autres productions en janvier à Paris ("Loth et son Dieu" à l'Atalante) et en banlieue ("La Griffe" à Asnières).
Les Ateliers Berthier du théâtre national accueilleront ainsi "Le cas Blanche-Neige" dans une mise en scène de Frédéric Maragnani, puis un diptyque de Christian Esnay composé des "Européens" et, dans le cadre d'une nouvelle production, de "Tableau d'une exécution".
Ce mini-festival Barker a été inauguré jeudi soir, au Théâtre de l'Odéon, avec la création d'un spectacle de l'Italien Giorgio Barberio Corsetti, chargé de mettre en scène avec "Gertrude (Le Cri)" l'histoire d'un amour fou, pulsionnel et destructeur.
Cette production ambitieuse est habitée durant 2h45 par une distribution de haut vol (Anne Alvaro pleine de force et de douleur dans le rôle-titre, John Arnold en valet Cascan manipulateur, Christophe Maltot, un Hamlet tonique et fou...).
La scénographie est inventive, à l'image du décor final, dont l'effet de miroir transforme les protagonistes en acrobates d'un monde effondré.
" 'Gertrude' est peut-être le texte le plus important de ma vie, parce que les émotions y sont les plus intenses et les problèmes les plus profonds", explique à l'AFP Howard Barker qui, dans son costume de gentleman anglais, invente une écriture âpre, sans tabou concernant le sexe ou la mort.
Avec cette pièce, Barker opère un déplacement dans le "Hamlet" de Shakespeare, le prince du Danemark cédant la première place à sa mère. "Le cas Blanche-Neige" aussi illustre l'envie de l'auteur de revisiter les contes et les mythes, d'écrire dans leurs silences et leurs non-dits.
"Chez les frères Grimm, la reine est une femme sombre, démoniaque. Je voulais la récupérer car en fait elle est profondément malheureuse", explique le dramaturge.
D'obédience socialiste dans sa jeunesse, Barker a d'abord signé des pièces engagées. "Tableau d'une exposition", écrite il y a deux décennies, affiche encore un propos politique, autour du conflit de l'artiste et de l'Etat.
"Gertrude" et "Les Européens", textes plus récents, illustrent ce que Barker a lui-même théorisé sous l'expression "théâtre de la catastrophe", loin du regard militant d'Edward Bond, autre grand auteur anglais vivant, auquel on le compare parfois - à tort.
"Le théâtre de la catastrophe est une forme de tragédie définie par l'absence de moralité. L'écrivain de théâtre n'y présente pas sa vision morale sur scène ; c'est aux spectateurs de décider eux-mêmes, individuellement, ce qu'ils veulent voir", explique Barker.
"Le théâtre est une boîte noire, secrète, où l'on peut violer les règles. C'est un territoire dangereux, sans fondations sûres: c'est son privilège. Si vous voulez satisfaire votre conscience, il y a la télévision", s'amuse-t-il.
(AFP - 09/01/09)
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