Audrey | Laissez vivre les mots | Administrateur | | | 12339 messages postés |
| Posté le 15-06-2006 à 23:23:45
| (AFP - 15/06/06)
Dinosaures à sang chaud : la chimie conforte une thèse controversée Les dinosaures pourraient avoir été des animaux à sang chaud, comme les mammifères, et non à sang froid, comme leurs lointains cousins, les reptiles actuels : cette hypothèse controversée a reçu aujourd'hui un renfort de poids, avec la démonstration d'une équipe de scientifiques français. La découverte des laboratoires Paléoenvironnement et paléobiosphère (CNRS/Université de Lyon 1) et Paléomagnétisme (CNRS/Institut de physique du globe de Paris) repose sur l'analyse d'un "thermomètre" naturel : la composition isotopique de l'oxygène contenu dans les fossiles de sauriens. "Il y a quelques années, les Américains ont déjà montré que certains dinosaures carnivores avaient le sang chaud. Ce que nous prouvons aujourd'hui, c'est que cela vaut aussi bien pour les carnivores que les herbivores. Indépendamment du régime alimentaire ou la taille", résume pour l'AFP Christophe Lécuyer, l'un des signataires de l'article paru dans la dernière édition de la revue scientifique Earth and Planetary Science Letter. Les chercheurs français ont étudié la composition de l'oxygène absorbé par les dinosaures (en respirant ou en buvant) et qui était piégé dans des tissus minéralisés, essentiellement de l'émail de dents fossilisées. Ils y ont déterminé la proportion entre deux isotopes d'oxygène : l'oxygène 16 et l'oxygène 18. Ces deux atomes, stables à l'état naturel, présentent les mêmes caractéristiques chimiques, mais se distinguent par leur nombre distinct de neutrons : le premier en a 16 et le second 18. Ce rapport entre les deux isotopes dépend de la température du corps de l'animal lors de la fabrication de ses tissus. Un animal à sang chaud, qui maintient une température corporelle constante et généralement plus élevée qu'un animal à sang froid, présentera une composition isotopique de l'oxygène différente, même si les deux animaux vivent au même endroit. Pour étalonner leurs échantillons, les équipes françaises les ont comparés avec des restes d'animaux à sang-froid (tortues et crocodiles) trouvés dans les mêmes gisements de fossiles, explique M. Lécuyer. Les différences constatées ont été identiques à celles que l'on peut observer aujourd'hui entre des mammifères, tortues et crocodiles. Le métabolisme des dinosaures étudiés devait donc être similaire à celui des mammifères actuels. "Nous avons balayé assez large, en termes de variété des espèces, et sur une période longue. 80 millions d'années, ce n'est pas rien ! On ne peut pas encore affirmer que tous les dinosaures avaient le sang chaud, mais on sait qu'il y en avait beaucoup", résume M. Lécuyer. L'expérience est d'autant plus importante que les échantillons étudiés provenaient de quatre grands groupes de dinosaures (théropodes, sauropodes, ornithopodes et cératopsiens), ayant vécu pendant la riche période du Crétacé, entre -145,5 millions d'années et 65,5 millions d'années avant notre ère. Les scientifiques français aimeraient maintenant étudier des échantillons plus anciens, du Jurassique et du Trias supérieur, mais les fossiles sont beaucoup plus rares pour cette période. Et leurs propriétaires pourraient hésiter à s'en séparer car l'analyse endommage les fossiles. Des dinosaures à sang chaud mettraient à mal la populaire théorie que leur extinction ait été provoquée par l'impact d'une météorite, provoquant un soudain refroidissement du climat. Un animal à sang chaud est en effet bien mieux armé qu'un animal à sang froid pour faire face à de violentes fluctuations des températures.
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