| | | | | Audrey | Laissez vivre les mots | Administrateur | | | 12339 messages postés |
| Posté le 16-10-2008 à 22:40:57
| Selon un article de l'AFP paru aujourd'hui (le 16/10/08), après un sondage réalisé en septembre 2008, une majorité de Français (68%) estime encore qu'il est "plutôt difficile de parler de son cancer à son entourage". Cette enquête Ifop s'inscrit dans le cadre de la première "Convention de la société face au cancer" qui se tiendra le 23 novembre à Paris, sous le haut patronnage du président de la République, avec, entre autre, la Ligue contre le cancer. Le cancer est perçu par une majorité de Français comme ayant un impact très négatif sur la vie quotidienne, la projection dans l'avenir apparaissant comme particulièrement difficile. Il apparaît ainsi "plutôt difficile" à une large majorité des personnes interrogées : - "d'avoir des projets et de penser à l'avenir" (91%) - ou "d'acheter un bien immobilier" (95%) lorsqu'on est atteint d'un cancer. Elles jugent également plutôt difficile : - de travailler (93%) - de garder son emploi (80%) - ou de mener une vie de famille (81%). Que pensez-vous des résultats de ce sondage ? Avez-vous une idée des difficultés rencontrées par les cancéreux (ou ex-cancéreux) ? Ne faudrait-il pas faire en sorte qu'ils puissent en parler plus facilement, plutôt que de tourner en rond dans leurs pensées forcément pessimistes ? Quelles solutions peut-on apporter à ce problème de dialogue ?
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| ThunderLord | Assassin au chômage technique | Co-Administrateur | | | 4623 messages postés |
| Posté le 19-10-2008 à 15:40:53
| A mon avis, bien sûr que s'ouvrir de ce type de problème à son entourage doit être difficile. C'est une épée de Damoclès au(dessus de la tête de la personne qui en souffre, mais c'est aussi l'assurance d'un changement d'attitude de la part des personnes qui nous entourent... Néanmoins, j'imagine que la difficulté de mener une vie normale et de s'en tirer est avant tout une question de volonté ; certaines personnes ressasseront à mort sans s'en sortir et d'autres accuseront le coup puis iront de l'avant dès qu'elles auront encaissé.
-------------------- ThunderLord ---> Thérapie Hautement Utopique et Normalisée de Démultiplication des Etats Reconnus de Léthargie Ombrageuse Reliée à la Démonologie. ©Audrey |
| Audrey | Laissez vivre les mots | Administrateur | | | 12339 messages postés |
| Posté le 19-10-2008 à 22:40:58
| ThunderLord a écrit :
A mon avis, bien sûr que s'ouvrir de ce type de problème à son entourage doit être difficile. C'est une épée de Damoclès au-dessus de la tête de la personne qui en souffre, mais c'est aussi l'assurance d'un changement d'attitude de la part des personnes qui nous entourent... |
Difficile, c'est certain. Ce n'est pas le genre de nouvelle que l'on a envie de crier sur les toits. Quand au changement d'attitude de l'entourage...tout dépend dudit entourage.. Si cela doit signifier que l'entourage va la jouer "pitié & co", mieux alors porter son fardeau tout seul, car la pitié, il n'y a rien de pire pour vous enfoncer. Par contre, si l'entourage est du genre à épauler et aider à regarder devant, alors là, oui, mieux vaut en parler. Cela permettra à l'entourage de mieux comprendre les immanquables "coups de blues", la fatigue plus présente, ainsi que le fait d'une projection limitée voire inexistante dans l'avenir ...et d'aider à passer le cap.
ThunderLord a écrit :
Néanmoins, j'imagine que la difficulté de mener une vie normale et de s'en tirer est avant tout une question de volonté ; certaines personnes ressasseront à mort sans s'en sortir et d'autres accuseront le coup puis iront de l'avant dès qu'elles auront encaissé. |
Là encore, une grande part dépend de l'entourage. Le fait d'avoir des enfants encore petits, par exemple, oblige à se remettre debout très vite et à regarder devant ...ne serait-ce que pour eux. C'est là où l'on se rend compte que les malades qui vivent seuls doivent avoir de grandes difficultés à vaincre la maladie, l'envie de la dépasser, d'aller au-delà, n'étant guère présente.
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| Pierma | Modérateur | | | 1149 messages postés |
| Posté le 19-10-2008 à 23:58:10
| Il me semble que les cancers deviennent très fréquents, et se guérissent de plus en plus. Une amie médecin m'a rapporté ce mot d'une fille de 13 ans à sa mère :"Bon, t'as un cancer, mais on va pas en faire un drame. Tout le monde en a, maintenant, et "ils" les guérissent très bien." Evidemment le cancer reste une maladie terrible, mais cette réaction me fait penser que ce n'est plus une maladie honteuse. En plus cette gamine réagit d'une façon positive pour sa mère : elle ne la charge pas de ses angoisses, ne rentre pas dans une ambiance de drame... C'est exactement ce que les proches peuvent faire de mieux pour aider un malade ! Je dis cela en étant conscient du drame que reste le cancer : ma cousine préférée a perdu l'an passé sa fille de 16 ans, malade depuis 3 ans, et toute la famille l'a vécu comme une terrible injustice.
-------------------- Les raisonnables ont duré, les passionnés ont vécu. |
| Audrey | Laissez vivre les mots | Administrateur | | | 12339 messages postés |
| Posté le 20-10-2008 à 00:48:52
| Un cancer est toujours vécu comme une injustice, c'est humain, surtout si la personne concernée est jeune. Désolée, Pierma, si ce sujet a ravivé la peine causée par cette perte familiale. Je suis d'accord avec toi : effectivement les cancers sont plus fréquents (merci la pollution, entre autres), et mieux soignés qu'autrefois. Et, effectivement, ils se guérissent de plus en plus, ce qui permet de dédramatiser plus facilement les situations : on ne lie plus systématiquement le mot cancer au mot fin, comme tu l'écris si bien au travers de la réaction de cette fille de 13 ans. Néanmoins, il ne faut pas oublier que même "les guéris" n'en ont pas pour autant fini avec le mot cancer. Contrairement à d'autres maladies, le cancer vous "suit" jusqu'au dernier jour, même s'il a été éradiqué de votre corps. J'ai eu l'occasion de m'entretenir à ce sujet avec un médecin, qui m'a confirmé ce que j'avais déjà entendu : "même guérie à 100% d'un cancer, une personne restera marquée physiquement et moralement, car elle n'aura plus les mêmes capacités de récupération qu'avant, se fatiguera plus vite, et cela à vie. Ce qui est parfois très difficile à vivre, quand, par exemple, on avait l'habitude de fonctionner à 100 à l'heure avant la maladie." D'autre part, (et ça, on l'avait déjà abordé dans un autre sujet, je ne sais plus lequel), même une fois le cancer vaincu par le malade, l'avenir n'est plus le même. Ne serait-ce que par le fait de ne plus pouvoir obtenir un prêt bancaire pour un logement (eh oui : qui dit prêt dit assurance, et les assureurs ne veulent ni des cancéreux, ni des "ex-cancéreux"). Idem pour les assurances-vie, assurances-décès... Pour tous ces cas précis, l'ex-cancéreux est toujours considéré comme "le lépreux à ne pas faire entrer chez soi". L'avenir d'une personne s'en trouve forcément modifié, et certaines portes fermées définitivement. Ce qui n'aide pas vraiment les malades à regarder devant...
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