| Audrey | | Laissez vivre les mots | | Administrateur |  |  | | 12339 messages postés |
|  Posté le 25-10-2006 à 20:10:09    
| (AFP - 25/10/06)
Le dernier mouleur-figuriste jette le masque  Le mouleur Jean-Pierre Maury le 6 octobre 2006 dans son atelier à Paris
Morts ou vifs, des plus célèbres aux plus anonymes, il a moulé tous leurs visages. Aujourd'hui, Jean-Pierre Maury, 74 ans, dernier survivant de sa profession, dévoile son atelier de Montparnasse.
Là, au fond d'une cour, la plus incroyable collection de masques, de figures et de figurines en plâtre, de sculptures ésotériques, attend le visiteur dans ce qui tient tout à la fois de la tanière d'artiste et de l'antre d'alchimiste.
Des masques de la Commedia del Arte, suspendus par dizaines sous le plafond d'une mezzanine, côtoient d'étranges sculptures sur panneaux de bois évoquant le Jardin des délices de Jérôme Bosch et une galerie de "people".
Les chanteurs "yéyé" des années 60, alignés en triple rang d'oignon sur le mur, vous accueillent au côté des grands du cinéma : Johnny Hallyday, Sylvie Vartan, Yves Montand ou Bourvil, repérable à sa cloison nasale déviée.
Oeil bleu en bille de loto, chevelure blanche et moustache recourbée, Jean-Pierre Maury, ogre débonnaire et impérial, fait les présentations. "Je les ai tous moulés de leur vivant. Quand j'étais patron du cabaret "Le Port du Salut", au Quartier Latin".
Le cabaret ? Il y fait ses débuts de comédien dans les années 50, à la grande époque de Saint-Germain-des-Prés, quand il côtoyait Boris Vian, Juliette Gréco, ou son grand ami Jacques Prévert.
"Je présentais un peu partout un numéro humoristique. Un long monologue où je campais un collectionneur de bougies fantaisistes, que j'avais moulées en cire. Voilà comment j'ai atterri au Port du Salut en 1955".
Très vite, cet illusionniste truculent se voit suggérer de mouler les visages des artistes clients de l'établissement. "Ce fut une formidable carte de visite. Désormais, chacun pouvait avoir sa tête en plâtre accrochée au bar".
"Et puis, la mort est venue me chercher".
Ce fut celle du saxophoniste Sydney Bechet, décédé le 14 mai 1959. Maury exécute son premier moulage mortuaire, le seul qu'il puisse montrer aujourd'hui, tous les autres étant propriétés privées des familles.
"Puis ce fut au tour de la chirurgie esthétique de m'appeler".
"Un grand chirurgien me demanda de prendre l'empreinte des visages de personnes en demande de transformation. Je donnais, grâce à deux moulages, 'l'avant' et 'l'après', la preuve sur le plâtre de ce que serait l'opération une fois réalisée. Ce pouvait être le nez, les pommettes, le menton. Les masques servaient de guide au chirurgien".
30 ans de cabaret, 20 ans de modelage esthétique, de moulages vivants ou mortuaires. Cet homme devenu également sculpteur après des études aux Beaux-Arts, enseigne aux thanatopracteurs de l'Institut médico-légal l'art de réparer les victimes d'accidents mortels. "De les rendre présentables".
Le cinéma aussi l'attend. Pour le tournage du film "Le jour le plus long", cet habile trompe-la-mort réalise 9 mois durant quelque 450 "cadavres" pour la reconstitution du débarquement allié en Normandie.
Mais sa plus belle oeuvre reste, à ses yeux, les masques de ses deux filles, Pauline et Julie, réalisés chaque année à la même date pendant plus de 40 ans. Une première dans l'histoire de cette technique, et qui a permis au Centre National de la Recherche Scientifique de mener une étude poussée sur la croissance faciale longitudinale d'après moulage.
Cette collection unique, Jean-Pierre Maury, aujourd'hui sculpteur à part entière, la présentera au Musée de l'Homme à Paris début 2007.
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Un métier qui ne mérite pourtant pas de tomber dans l'oubli... 
Il y a tant d'applications possibles !
Monsieur Maury, véritable artiste, aura en tous cas enrichi ce métier de nombreuses facettes, tout en permettant aux scientifiques d'avancer.
Chapeau l'artiste pour le travail effectué durant toutes ces années !
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