Audrey | Laissez vivre les mots | Administrateur | | | 12339 messages postés |
| Posté le 24-04-2009 à 21:40:10
| Décès de Bernard Haller, funambule sur le fil du rire Le comédien et humoriste suisse Bernard Haller, mort vendredi à Genève à l'âge de 75 ans à la suite d'un problème pulmonaire, n'a jamais été une véritable star, mais fut un impeccable artisan du comique, sorte de funambule sur le fil du rire. Il a offert à la France des années 80 de grands "one man shows" dans lesquels il était à la fois poète, mime, artiste de cirque et acteur. "Comme Raymond Devos, je suis un clown de l'absurde", disait cet amuseur solitaire au crâne lisse, au regard brillant et au rire aigre-doux et tendre, inquiétant parfois. Ces dernières années, Bernard Haller s'était fait discret, acceptant juste de petits rôles au cinéma. Le mois dernier, il avait toutefois sorti son premier DVD, "Haller hilare", regroupant les moments forts d'une longue carrière pluridisciplinaire. Né le 5 décembre 1933 à Genève, il entame des études de vétérinaire puis débute au cabaret "Chez Gilles", à Lausanne, avant de s'installer à Paris en 1958 pour devenir comédien. "J'ai été chauve très tôt et ça m'a empêché d'être un jeune premier. Je me suis réfugié dans le cabaret", expliquait-il. Il galère longtemps, croise de loin Barbara ou Brel, participant même au cirque Spirou dans des tournées en province. Un soir de 1971, Pierre Fresnay, alors patron du théâtre de la Michodière l'auditionne : à la fin, les deux hommes parlent. Soudain, le grand homme s'écrie : "Yvonne !" et part à toutes jambes. Depuis plus d'une heure, sa femme, Yvonne Printemps, l'attend dans leur voiture. C'est gagné pour Haller, alors à deux doigts de tout plaquer : Fresnay n'a pas vu le temps passer. Il va enchaîner les tournages et, surtout, se faire un nom dans le domaine très restreint du spectacle solo. 160.000 spectateurs de 95 villes l'applaudissent durant sa première tournée. Les années suivantes, il interprète avec succès (parfois hors de France) des spectacles intitulés "Et alors ?", "Un certain rire incertain", "Salmigondivers", "Vis-à-vie" (en 1982, à Bobino) etc. Le public est ravi d'entendre son fameux sketch à allitération, "Le concasseur de cacao", ou ses piques sur l'actualité : "les politiciens sont de bien mauvais acteurs, je les observe afin de connaître les erreurs à ne pas commettre. Le seul bon comédien était le général de Gaulle : lorsqu'il prenait la parole, il vidait les salles de théâtre". Bernard Haller s'illustre également au théâtre ("Fregoli" à Chaillot en 1991, de Jérome Savary ou "Volpone" en 2001), au cinéma ("Je ne sais rien, mais je dirai tout", "Signé Furax", "La Soif de l'or", "Bonjour l'angoisse", "Max, mon amour", "Coup de jeune" etc), à la télévision (Maigret, Nestor Burma etc). Selon lui, les comédiens ne sont que des gens de passage et doivent être particulièrement modestes. "Les honneurs, si j'en ai, ne griseront que mes tempes", assurait-il en estimant que "l'humour, c'est un petit garçon qui traverse une cave très sombre et qui sifflote pour se donner du courage". Marié et père de deux enfants, Bernard Haller avait été un passionné de plongée sous-marine. (AFP - 24/04/09)
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