Sujet :

VOYAGE AU BOUT DU POSSIBLE en Cordillère Darwin

Audrey
   Posté le 12-01-2007 à 16:36:19   

(AFP - 12/01/07)
voyage au bout du possible en cordillère Darwin :
Christian CLOT a réussi !



Christian Clot, en décembre 2006 dans la cordillère Darwin au Chili

Christian Clot, alpiniste franco-suisse de 33 ans, a réalisé, d'octobre à décembre dernier, en solitaire et sans assistance, une première mondiale, en explorant la partie centrale de la cordillère Darwin, queue australe de la cordillère des Andes en Terre de Feu chilienne.

Il est tombé dans des crevasses, a été emporté par une coulée de neige, a tremblé sous les explosions de compressions de glace, affronté des vents de 245 km/h et des déluges de neige et de pluie.

"Je l'ai fait. C'était une idée folle. J'en suis revenu. Je n'y retournerai plus", raconte-t-il, à son retour à Paris.

Le jeune explorateur ne colle en rien à l'image communément admise de "l'aventurier professionnel médiatisé". C'est un garçon doux et un rien rêveur, modeste, et dont le léger accent helvétique colorie les mots d'un brin de nonchalance.

La cordillère Darwin, à qui le naturaliste Charles Darwin donna son nom après en avoir parcouru les contreforts en 1836, était son "inaccessible étoile" depuis cinq années.

Il y fit deux expéditions en 2004 et au printemps 2006 avec des scientifiques chiliens, mais échoua chaque fois à en explorer la partie centrale jamais parcourue par l'homme.

Il décide d'une ultime tentative à l'automne 2006.
"Mes amis (Christian est membre du comité directeur de la Société des Explorateurs Français) ont tenté de me dissuader devant la dangerosité de l'entreprise en solitaire", dit-il.

Mais il repart pour Punta Arenas, dernière ville chilienne sur le détroit de Magellan, pour préparer son expédition qu'il entame début décembre. Il se fait déposer par bateau au pied de la cordillère.

Il a 130 kg de matériel dont 90 de nourriture. Allers et retours incessants pour acheminer le tout à son camp de base, sur la cordillère.
Le 2 décembre, il est à pied d'oeuvre. Sa position, sur le GPS est de 69°45 de longitude ouest et 54°35 de latitude sud.

Pour la première fois, un pied d'homme laisse son empreinte sur la partie centrale de ce confetti de terre émergée du globe, dont le théoricien de l'évolution des espèces dira à la fin de sa vie : "Il me reste deux images, les Galapagos et la cordillère Darwin".

Crampons aux pieds et piolet à la main, sac sur le dos, il entreprend, pas à pas son périple inédit, en sondant devant lui la résistance de la couche neigeuse.

"Au fur et à mesure de mon avancée, je constatais que la réalité était pire que mes prévisions", raconte-t-il.
"Aux plateaux parsemés de profondes crevasses masquées par la neige, succèdent des pentes et cascades de glace avec d'instables séracs, dans un paysage sans cesse en mouvement, qui se métamorphose en quelques heures sous le vent très violent et les fortes précipitations quasi-permanentes de neige et de pluie", décrit l'explorateur.

Il gravit deux sommets vierges de 1700 m et 2200 m. Il dort, blotti dans sa petite tente, d'un sommeil troublé par les grondements du vent et les fortes explosions qui ponctuent les violentes compressions de la glace en mouvement.

"Je suis tombé quatre fois dans des crevasses invisibles", lâche-t-il d'un ton égal.

Mais c'est à la mi-parcours que son destin a failli basculer.
"Je rejoignais ma tente en descente d'une pente glacée et neigeuse. Et soudain, le grondement en amont et la masse blanche qui se détache. J'ai eu beau courir, la coulée de neige épaisse m'a rattrapé, englouti et emporté sur 250 mètres de dénivelé. Je me suis dit, 'c'est fini'. Choqué mais conscient, enfoui sous la couche, j'ai creusé comme un fou lorsque ça c'est arrêté. Et je suis sorti. Je ne devais pas mourir ce jour là".

Christian Clot est venu à bout de son exploration le 27 décembre. Il a ensuite rejoint Punta Arenas par les fjords et canaux, en pagayant sur son kayak pendant 36 heures.

"Ce fut une aventure, rien qu'une aventure...", dit-il.

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La 1ère partie de cette exploration (consacrée principalement a des études scientifiques : glaciologiques, topographiques, biologiques et physiologiques) avait eu lieu en mars 2006, en duo avec Karine MEUZARD, accompagnés également de 3 scientiques chiliens (voir cet article)


A NOTER :

Pour en savoir plus sur Christian CLOT, son expédition, visionner quelques photos de celle-ci, etc,
vous trouverez plusieurs pages sur le site d'UltimaTerra.
...Un sacré bonhomme, ce Monsieur Christian Clot !
Pierma
   Posté le 01-11-2007 à 11:03:55   

C'est en Patagonie que se trouvent les sommets considérés comme les plus difficiles du monde par les alpinistes. Le Cerro Torre, en particulier. Il ne fait guère plus de 3000 m, mais c'est une tour avec des parois parfaitement verticales.

Surtout, la région est connue pour son instabilité climatique : les vents amènent les nuages du Pacifique, et les sommets ramassent les nuages. Ils sont couverts de merveilleuses dentelles de glace, des corniches qui ne demandent qu'à s'écrouler.

Et quand par hasard il fait beau, la glace qui dégèle ruisselle en torrents dans la face, qui se couvre de verglas.

Ce n'est pas un endroit pour un explorateur : trop dangereux ! Il devrait venir explorer le Haut-Doubs, c'est plus tranquille.
Audrey
   Posté le 31-10-2009 à 18:26:04   

Un petit up pour du nouveau sur cette fameuse cordillère Darwin...

Expédition française au Chili :
la cordillère Darwin garde sa virginité




Cordillère de Darwin

La cordillère Darwin garde sa virginité : "Un rêve de Darwin", l'expédition française qui tentait la traversée intégrale et inédite de ce cordon austral de la cordillère des Andes au Chili n'est pas devenu réalité.

La dizaine d'alpinistes français qui avaient entrepris cet ambitieux projet ont lutté pendant un mois contre les éléments déchaînés de ce bout du monde, sans parvenir à les dompter et à mener à bien la conquête de cette "terra incognita".

Charles Darwin découvrit en 1832 lors de son voyage sur le Beagle (prélude à l'élaboration de sa théorie de l'évolution) ce massif montagneux et semi-glaciaire qui s'étend sur 170 km dans les 50e hurlants, au Nord-Ouest du cap Horn.

C'est l'un des derniers et très rares "rectangles blancs" sur la planète, que l'homme n'a jamais foulé dans sa totalité, tant ses défenses naturelles le rendent quasiment inaccessible.

Mais la dizaine d'alpinistes chevronnés et guides de haute montagne abonnés aux toits du monde, des Alpes à l'Himalaya et des Andes à l'Asie Centrale, voulaient relever l'improbable défi.
Leur chef d'expédition, Yvan Estienne, 58 ans dont 40 ans de montagne, est guide au pays des Ecrins. Il a notamment dirigé plus de 20 expéditions dans l'Himalaya et signé de nombreuses premières mondiales.

Les difficultés ont commencé sur la mer. Partis de Punta Arenas, sur le détroit de Magellan à bord d'un ancien bateau de pêche, ils n'ont jamais pu rejoindre le pied de la cordillère à l'Ouest.
"Nous avons été bloqués au Cap Froward, la pointe Ouest du détroit, là où Pacifique et Atlantique se rejoignent dans un goulet d'étranglement. Vents très violents, vagues de plus de six mètres, courants anarchiques... L'embarcation a dû faire demi-tour", raconte Yvan Estienne.

Le chef d'expédition décide alors de modifier ses plans et d'embarquer sur un plus gros navire pour rallier Puerto Williams, sur le canal de Beagle, l'extrême sud du continent américain. Ils vont tenter la traversée de la cordillère dans l'autre sens et contre les vents, d'Est en Ouest.

Pendant trois semaines, l'équipe ne se décourage jamais en dépit des immenses difficultés et multiplie les tentatives d'incursion.

Mais, las ! La cordillère met en batterie tout son arsenal météorologique implacable, sur terre, sur mer et dans les airs, pour interdire son accès.
"Je n'ai jamais vu ça, même dans les pires endroits de la planète où j'ai grimpé, témoigne Pierre Muller, le médecin urgentiste de l'expédition. En dix minutes, on passe du paradis à l'enfer. Un front survient au galop, annoncé par des rafales de vents à 150 km/h qui nous jettent à terre. Des torrents d'eau ou des cascades de neige s'abattent en quelques minutes. Visibilité nulle, froid polaire, séracs chancelants, ponts de neige instables qui masquent de profondes crevasses mortelles."

Mais les alpinistes ont tout de même pu signer quelques sommets (entre 1.500 et 2.000 mètres) jamais gravis à ce jour.

Sous réserve d'acceptation par les autorités chiliennes, ces sommets s'appelleront désormais sur les cartes, "Col du Boutchiul" (col du Buisson en patois des Ecrins), "Pico Yamahuste" (pour Yann, Mathieu, Hubert, Stéphane qui l'ont gravi), ou "Pico Ludivine" (une membre de l'expédition).

"Nous avons vécu une aventure extraordinaire, dit Yvan Estienne. Mais tout reste à faire. La cordillère Darwin reste un défi majeur. Il y a ici pour un siècle d'alpinisme à venir."

(AFP - 30/10/09)
Pierma
   Posté le 05-11-2009 à 19:07:42   

Woha ! C'est fascinant cette histoire !

Déjà, il reste sur Terre des endroits inexplorés.

De plus, je savais qu'il restait des sommets vierges dans les 7000 m, mais à 2000 m je n'imaginais pas.

Cela dit, 2000 m ou pas, ça n'a pas l'air facile.