Sujet : Il veut sauver le "chinglish" | | Posté le 08-05-2009 ŕ 14:33:17
| Un amoureux des mots se bat pour sauver le "chinglish" Les autorités chinoises le considèrent comme un anglais truffé de barbarismes destiné à être éradiqué, mais pour l'Allemand Oliver Radtke, le "chinglish" est surtout une langue à préserver. La première rencontre de ce producteur multimédia avec ce langage (né de la fusion entre deux des langues les plus parlées au monde, le chinois et l'anglais) remonte à 2000, dans un taxi de Shanghai. Un écriteau conseillait : "Don't forget to carry your thing" (N'oubliez pas de porter votre chose). Depuis, il est devenu l'un des plus grands défenseurs du "chinglish", ayant même écrit un livre référence sur le phénomène, où il présente de nombreux exemples tirés de menus de restaurants, panneaux dans la rue ou enseignes de magasins. Il dispose aussi d'un blog spécialisé. "Il y a beaucoup de 'chinglish', qui est beaucoup plus que du mauvais anglais", soutient Radtke, 32 ans, qui vit à Pékin et parle chinois. "Beaucoup de mots du 'chinglish' contiennent une certaine notion chinoise qui enrichit l'anglais et rend l'anglais plus chinois dans la mesure où il y a une saveur chinoise, une manière de penser chinoise", explique-t-il. Il donne un exemple recueilli dans des toilettes : - "You can enjoy the fresh air after finishing a civilised urinating" (Vous pouvez profiter du bon air après avoir uriné de manière civilisée). "En Occident, on n'utilisera jamais le mot 'urinating' dans des toilettes publiques, mais les Chinois n'ont pas ces convenances, leur approche est très directe", dit le spécialiste. "Cela vous questionne comme occidental, et vous amène à vous demander pourquoi nous évitons soigneusement l'usage de certains mots. Pourquoi nous avons ces convenances ? Pourquoi stigmatise-t-on presque l'usage de certains mots dans l'espace public ?", ajoute-t-il. D'autres expressions du "chinglish" sont ainsi politiquement incorrectes, comme "Cripple's lane" (Route pour les estropiés) ou "Deformed man toilet" (Toilettes pour les personnes difformes). D'autres semblent poétiques, prêtant par exemple des émotions à une pelouse ou aux incendies : - "Our life will be ceased if you step hard" (Notre vie finira si vous marchez trop fort), dans la ville de Kunming (sud-ouest), - ou "Do not forget the fire is heartless" (N'oubliez pas que le feu est sans pitié), près d'une partie touristique de la Grande Muraille. Cependant, non seulement pour les autorités, mais aussi pour beaucoup de Chinois, le "chinglish" est une honte, qui doit être combattue. Avant les jeux Olympiques, Pékin s'était ainsi lancée dans la chasse à ces mots impropres. Ce qui explique que la défense du "chinglish" par Radtke n'est pas toujours comprise en Chine. "La première réaction de beaucoup de Chinois était plutôt négative. Ils pensaient que je me moquais d'eux", raconte-t-il. "C'est une question très intéressante : la difficulté pour un étranger en Chine d'écrire de manière critique sur certains phénomènes sociaux", ajoute-t-il. Mais Radtke affirme que désormais il est soutenu par de plus en plus de gens. Et il n'est guère inquiet de l'impact des campagnes officielles. "Je suis pessimiste quand il s'agit des panneaux officiels dans les grandes villes. Mais les restaurants, les entreprises, les institutions privés et les petits magasins seront toujours une source inépuisable de chinglish", se réjouit-il. Chinglish.de (AFP - 07/05/09) |
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