Sujet :

Signalisation des déchets nucléaires enfouis

Audrey
   Posté le 25-06-2008 ŕ 22:05:58   

Qui se souviendra de nos déchets nucléaires enfouis ?


Vue prise le 29 mai 2006
du site du centre de stockage de déchets radioactifs situé à La Hague,
le gazon verdoyant recouvre les déchets enfouis en sous-sol

Mégalithes, pyramides, oeuvres architecturales monumentales, ou simple bouche à oreille ? Les chercheurs se creusent la tête pour trouver les moyens de transmettre à nos lointains descendants la mémoire des déchets nucléaires.

Pour répondre à cette interrogation vertigineuse (certains déchets peuvent rester radioactifs pendant des dizaines de milliers d'années) une véritable discipline a vu le jour.

Le stockage en couche géologique profonde des déchets "haute activité vie longue", aujourd'hui entreposés en surface, pourrait débuter d'ici une vingtaine d'années dans de nombreux pays : Etats-Unis, Japon, France, ou encore Finlande.

Si différents types de "marqueurs de surface" ont été imaginés, comment s'assurer qu'ils seront correctement interprétés par des générations pour qui nos institutions, nos langues, nos symboles même, n'auront peut-être plus aucun sens ?

Pour comprendre les ressorts de la mémoire, et tirer des enseignements des peintures rupestres ou des parchemins égyptiens, les ingénieurs se sont tournés vers d'autres spécialistes : archéologues, anthropologues, historiens, sémiologues, linguistes.

"La nécessité de s'occuper des déchets nucléaires et leur dangerosité potentielle à long terme a donné un élan à la recherche sur la mémoire à long terme", explique Tom Peake de l'Agence de protection de l'environnement (EPA), aux Etats-Unis.

Il s'agit d'abord de prévenir les risques d'intrusion humaine potentiellement dangereuse, mais aussi de permettre de retrouver et d'exhumer ces déchets si les progrès scientifiques permettent un jour de les traiter.

En France, l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) a travaillé en particulier sur un support papier permanent illustré, dont la durée de vie pourrait aller jusqu'à 1.000 ans, en s'inspirant des enluminures du Moyen-Age.
"Si le document doit permettre de repousser les limites de l'oubli, il faut qu'il soit attractif", explique Patrick Charton, responsable du développement durable au sein de l'Andra.

Aux Etats-Unis, sur le site de WIPP (Waste Isolation Pilot Plant), dans l'Etat du Nouveau Mexique, réservé aux déchets d'origine militaire, les chercheurs qui travaillent sur plusieurs milliers d'années envisagent de graver des messages (écrits, symboles et dessins) sur de gigantesques blocs de pierre.

"Nous pensons que fournir de l'information dans différentes langues et en ayant recours à des symboles augmente la probabilité de faire passer le message sur la dangerosité," explique Tom Peake.

Dans cette quête sur la transmission de la mémoire sur des millénaires, toutes les pistes sont explorées, et l'idée selon laquelle les communautés vivant à proximité des sites joueront un rôle clé gagne du terrain.

L'Andra a récemment fait appel à une chercheuse du CNRS pour comprendre l'origine et le mode de transmission des légendes, avec une interrogation : peut-on imaginer qu'une légende puisse naître autour d'un stockage géologique ?

"Il ne faut pas créer une installation qui soit totalement coupée de la société. Il faut que la société porte cette mémoire avec elle dans le futur", estime de son côté Claudio Pescatore, de l'Agence de l'OCDE pour l'énergie nucléaire (AEN).

Quel que soit le débat, souvent passionnel, sur l'avenir du nucléaire, ce travail sur la "mémoire plurimillénaire" s'impose d'ores et déjà.

"Même en imaginant qu'on veuille changer de type d'énergie, il faut s'occuper de tous les déchets radioactifs déjà produits et encore à produire par le parc actuel (...) donc la problématique de la mémoire doit être assurée", résume Patrick Charton.

(AFP - 24/06/08)
Pierma
   Posté le 25-06-2008 ŕ 23:01:12   

Je suis horrifié par cet article. Jusque-là, on n'a jamais dit qu'une chose : les déchets "longue durée, haute radioactivité" sont stockés jusqu'au moment où nos connaissances scientifiques permettront de les désactiver. (le pari n'est pas totalement irréaliste.)

En particulier, le stockage dans des souterrains de secteurs géologiquement stable doit permettre de les reprendre intacts.

et voilà que ces gens-là nous parlent des millénaires à venir ?

Les préoccupations citées ici sont d'un cynisme qui passe toute mesure.

Si ça ne sortait pas de l'AFP je n'y croirais pas.

Citation :

"Si le document doit permettre de repousser les limites de l'oubli, il faut qu'il soit attractif", explique Patrick Charton, responsable du développement durable au sein de l'Andra.

Sans rire, il fait du "développement durable" ce monsieur ?

ça fait penser à la "novlangue" illustrée par Orwell dans 1984, où les mots officiels désignent exactement le contraire de ce qu'ils signifient. (par exemple, le ministre de la Défense s'appelle "ministre de la Paix" et le ministre de la police devient "ministre de l'Amour" )

Donc Patrick Charton est "responsable du développement durable" de l'ANDRA. Pouf pouf !

Parions qu'il saura trouver "un aspect attractif" à son panneau millénaire, comme il a su le faire pour sa carte de visite.
Audrey
   Posté le 25-06-2008 ŕ 23:09:04   

Tout à fait d'accord avec toi, Pierma.
Visiblement, on ne se casse plus la tête pour trouver des solutions de traitement des déchets : on balance sous quelques mètres ...et on cherche quel joli panneau pourrait bien décorer le tout, laissant aux générations futures le soin de se démerder avec nos immondices ! L'art et la manière de "refiler le bébé" ...mais avec un "p'tit mot doux" sous forme de pictogramme "Danger".
LK
   Posté le 25-06-2008 ŕ 23:13:54   

Nan mais d'ici à ce qu'on trouve un procédé correct, y'aura beaucoup d'eau à avoir coulé sous les ponts, ponts qui auront le temps de se faire construire, détruire et reconstruire. On ne sait jamais.


Ça évitera surement des désagréments aux archéologues du futur
Pierma
   Posté le 25-06-2008 ŕ 23:45:20   

Je suis plutôt favorable au nucléaire, au motif que le réchauffement climatique est vraiment un risque mortel pour la planète si on ne le maîtrise pas. Mais ce qu'on voit là passe les bornes.

J'aime tout particulièrement cette idée de fabriquer une légende locale que les indigènes se transmettront le soir près de la cheminée.

Le plus simple c'est d'irradier la population des villages du coin. Les naissances d'enfants difformes et l'apparition d'êtres monstrueux... ouais... à mon avis ça peut créer une légende durable.

Demandez aux ukrainiens quels sont les secteurs à éviter : ils sont pas près d'oublier.

On est en plein "développement durable" de c*nneries !
ThunderLord
   Posté le 29-06-2008 ŕ 23:25:12   

On voit bien que ces types-là n'ont jamais joué à Stalker... Suffit de se fier aux singularités et de faire des détours !
Audrey
   Posté le 30-06-2008 ŕ 20:29:48   

Pour faire des détours, faut déjà connaître les points à contourner
Et en plus, faire des détours, "ça reporte"
Pierma
   Posté le 07-07-2008 ŕ 23:21:35   

et après on n'est plus équidistant !