Sujet : Au secours, mon ado crise ! | | Posté le 06-06-2006 à 04:42:01
| Je vous retranscris ici un texte sur lequel je suis tombée et qui mérite d'être lu... (à prendre à la dérision, bien entendu... quoique...)
Au secours, mon ado crise !
Petit lexique de l'ado en crise à l'usage des parents et des autres... Parlant d'eux, Guy Bedos, qui a le sens de la formule, a justement dit "on vit avec des voisins". Des voisins qui partagent notre nom, nos chromosomes et notre surface carrée. Ce sont les ados. Ils n'ont pas leur pareille pour semer la zizanie et faire régner le chaos dans le foyer. Si tout vous semble perdu, voici tout de même quelques parades pour garder le cap.
Mes amis sont en ligne S'ils ne sont pas scotchés à une console de jeux en train de gagner un grand prix ou de tuer tout ce qui bouge, ils sont rivés sur la messagerie instantanée de leur ordinateur, à envoyer des "émoticônes" à leur cop's du collège ou du lycée. La moindre tentative de les décoller de leurs extensions high-tech suscite des cris, des gémissements, des slogans qui seraient plus à leur place dans une manif contre la torture et qui rappellent les jérémiades du cochon qui ne veut pas finir en boudin. Puisqu'ils aiment tellement l'informatique, on va leur en donner. La parade ? Désinstaller ni vu ni connu leur système d'exploitation grand public pour leur coller un Unix pur et dur. Ils y passeront autant de temps, finiront par comprendre comment ça tourne, mais au moins, ça leur apprendra un métier.
Ce qui est à toi est à moi (mais pas l'inverse) Au début c'est touchant, la petite fille qui emprunte le pull en V de son papa pour se faire une panoplie d'indienne ou le rouge à lèvres de sa maman pour lui ressembler. Plus tard, quand avant un entretien important, on ne retrouve pas son seul chemisier de soie qui allait avec le tailleur d'employée du mois, ou que ses strings sont distendus alors qu'on n'a pas pris un gramme, il faut se rendre à l'évidence, ils nous piquent tout, ne le remettent pas en place, pas plus qu'ils ne préviennent du larcin. Nul besoin d'appartenir au clan Pradagucci pour se faire taxer sa garde-robe, on s'habillerait en Damart qu'elles le kifferaient pareillement ! Nouvelle activité dominicale : organiser des lessives collectives et concours de repassage.
Comment que tu causes la France ? De tout temps, les ados ont eu leur vernaculaire, comme les Apaches, pour n'être pas compris des autres, et bien marquer leur différence. La première fois que l'aînée a débarqué de son bac blanc en disant qu'elle avait "déchiré grave" , consternation, on imaginait la copie en confettis. Depuis on a appris que "déchiré grave" voulait dire le contraire de ce qu'on pense, de même que "c'est mortel" , à ne pas confondre avec "ça tue la mort" qui est carrément péjoratif. Heureusement, l'ado, la plupart du temps, ne parle pas, ou le moins possible, ne sortant du langage inarticulé que pour maugréer quelque "grave", "clair", ou "merde". Inutile d'essayer de leur dire qu'on "kiffe leur race" ou que leurs "shoes sont méchantes", au mieux on ressemble à Mia Frye, au pire, à Mia Frye. De toute façon, la même expression veut dire une chose et son contraire, donc faire comme avec les animaux : se fier à la tonalité et la mimique.
Il faut qu'un frigo soit ouvert ou fermé La vie en famille et les règles du transit intestinal supposent qu'on mange sinon à heures fixes, du moins à intervalles réguliers et surtout, ensemble. Afin de réconcilier tout le monde, en gros, ça se passe aux alentours de 7, 12/13 et 20 heures. Dans les cinq minutes qui précèdent l'heure fatidique, genre 19h55, on peut entendre une voix, généralement féminine, lancer un retentissant "A taaaaaaaaaaaable" . Quelle que soit la taille de l'appartement, il faut bien compter cinq minutes pour rejoindre la cuisine ou la salle à manger, d'ailleurs, il faudrait peut-être prévoir un compte à rebours façon NASA, d'une heure au moins. Car, en général, l'appel sonne creux tant l'estomac des ados est plein. Car l'ado n'a pas besoin de mettre les petits plats dans les grands, ni les couverts dans les mains. A force d'allers et retours vers le réfrigérateur, d'ouverture et de fermeture de porte, de cuiller de fromage blanc en bouchée de tomme, de tranche de jambon en reste de daube, l'ado n'a plus faim, et le réfrigérateur a beau turbiner, il ne refroidit plus rien. Imaginer d'installer quelques chaises devant le réfrigérateur ouvert, surtout en plein hiver, ce pourrait être thérapeutique. Et, au moins, ce serait plus convivial.
Les épidermiques épileptiques Pour tout, pour rien, pour rien du tout, les portes claquent. On se croirait "Au théâtre ce soir", dans un vaudeville de boulevard, même le matin, même à la campagne. Au contraire de la porte du frigo qui reste souvent ouverte, toutes les autres portes de la maison subissent des mauvais traitements qu'on pourrait retrouver dans un rapport d'Amnesty international. Qu'aucune de nos stars ne se penchent sur le funeste sort des portes dans les foyers avec ados est un sujet d'étonnement toujours renouvelé. Voilà pourtant une juste cause, qui rejoint d'ailleurs une attitude écologique, car ce sont des chênes qu'on abat ! Donc, tant qu'on a des êtres entre 13 et 18 ans sous notre toit, démonter les portes, les remiser en lieu sûr, et les remplacer par des rideaux, pampilles, stores vénitiens, mobiles, paravents.... Et si quelqu'un rétorque que ça manque d'intimité, sachez que l'intimité et les ados, c'est antinomique.
La version famille Adams Suivant en cela Sonia Rykiel, ils ont fait du noir leur couleur fétiche, des cheveux aux ongles de pieds, jusqu'à l'oeil qu'on dirait au beurre. Morticia ou Marilyn Manson, il est assez difficile de reconnaître le mâle de la femelle, le gothique se poste unisexe. Sataniques plus par pose que par réelle conviction, piercés pour de vrai, tatoués souvent à l'eye-liner, le rat est leur meilleur ami, gentil petit animal de compagnie. Honnêtement, ce n'est pas pire qu'un hamster, et ça n'a plus la peste. Ils écoutent une musique (oui, cela se vend aux rayons "Musique" ) que même avec la plus grande des tolérances, des boules Quiès et la méthode Coué ("Il faut que jeunesse se passe"), on ne peut que qualifier d'inaudible. Heureusement, à haute dose, elle rend vite sourd, donc, on ne l'entend plus. L'avantage, c'est que le noir, ça va avec tout, et que les manches et cols se salissent de manière beaucoup moins voyante et sont faciles à ravoir.
Sages comme des images Ils rangent leur chambre, passent l'aspirateur, font leurs devoirs en temps et en heure, essuient la vaisselle, proposent de faire les courses, lisent des livres même épais. Ils rêvent aussi de s'habiller en Barbour mais se contentent de Cyrillus, détestent la téléréalité, châtient leur langage, se lavent les mains avant de manger, bref, ils semblent sortis des pages centrales de "Méticulosité Magazine". Ils feraient presque peur tellement ils sont dans le fantasme de la perfection. On se demande de qui ils tiennent ça. On craint le jour où ils feront leur crise d'adolescence. Quand ils auront décroché leur diplôme de neurochirurgien ou seront sortis de la botte de l'Ena ? ... Finalement, ça fout la trouille !!
Auteur de ce texte : la journaliste Sophie KATZ |
| | Posté le 06-06-2006 à 23:32:20
| Pas mal, pas mal, je me sens assez concerné par le premier chapitre |
| | Posté le 09-06-2006 à 11:09:41
| J'aime beaucoup. |
|
|
|