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Quand la musique retourne à l'âge de glace

Audrey
   Posté le 12-01-2009 ŕ 21:14:39   

Dans les montagnes norvégiennes,
la musique retourne à l'âge de glace



La harpiste norvégienne Sidsel Walstad joue sur un instrument en glace
le 10 janvier 2009 à Geilo

La musique fait froid dans le dos, littéralement : dans une arène de neige et des températures au-dessous de zéro, des artistes relèvent le défi d'interpréter leurs oeuvres sur des instruments de glace, sous les yeux ébaubis d'un public frigorifié mais conquis.

A la première pleine lune chaque année, la station de ski de Geilo organise dans les montagnes du coeur de la Norvège un festival de musique de glace sans équivalent dans le monde.

Précaires comme des châteaux de sable, instruments à vent, à cordes et percussions laissent s'échapper des tonalités inédites entre deux hauteurs du domaine skiable.

"La glace, c'est extrêmement beau tant au niveau visuel que musical. Elle a d'autres qualités que les autres matériaux, elle est abstraite, elle donne de chaudes tonalités même si elle est froide", explique un pionnier du genre, Terje Isungset, initiateur du festival.
"C'est la nature qui contrôle tout. La qualité de la glace et la température ambiante déterminent la tonalité de la musique", dit-il.

La harpe et le violon étaient cette année à l'honneur de la quatrième édition de l'IceMusic Festival, du 9 au 11 janvier.

Entre deux colonnes de glace renfermant l'image cryogénique d'une femme enceinte nue, oeuvre du Français Eric Mutel, les instruments émettent ce soir-là un murmure qu'un gros ampli rend audible.
Aux accents mâles d'une corne de glace, toute en barrissements et râles préhistoriques, répondent les envolées cristallines de la harpe.
Mélange déroutant de sons caverneux, carillons éthérés et mugissements bestiaux, le cocktail recueille les applaudissements, assourdis par les moufles, des quelques dizaines de spectateurs.

"Magique", commente Oddvar Reintan, un homme du cru. "Jamais vu ou entendu quelque chose de semblable", renchérit un couple venu d'Oslo.

Tous professionnels, les musiciens doivent composer avec des instruments facétieux qui se dérèglent après quelques accords et en fonction de la température, ce qui les oblige à largement improviser.

Plus lourds, les instruments sont aussi, évidemment, plus froids. Certains artistes choisissent de jouer avec des gants.
"Les dimensions sont différentes d'un violon normal, la construction est différente et, logiquement, les sons sont très différents. Ca donne une tonalité orientale", explique le violoniste Nils Oekland.
"En musique classique, on essaie de jouer une mélodie qui sort de l'ordinaire avec des instruments traditionnels. Là, ce sont les instruments qui sont extraordinaires", dit-il.

Bien que condamnée à jouer avec 18 cordes au lieu des 47 habituelles, la harpiste Sidsel Walstad est enchantée.
"C'est fantastique de jouer une musique dont on sait qu'elle ne sera jamais rejouée à l'identique", dit-elle.

Le spectacle doit beaucoup au sculpteur de glace américain Bill Cowitz qui, pendant deux jours, a façonné les instruments.
"C'est la première fois que je fais une harpe et un violon censés fonctionner. Il faut les faire aussi légers que possible pour optimiser leur résonance, mais aussi suffisamment robustes", confie-t-il.
"Ma préoccupation majeure, c'est qu'ils ne se cassent pas. S'ils sonnent faux, on peut toujours blâmer les musiciens", sourit-il.

Découpée dans une source voisine, parce que l'eau minérale est musicalement supérieure à celle du robinet selon les experts, la glace a été travaillée à la tronçonneuse d'abord, puis à la meule et au ciseau.
Petite concession, des morceaux de bois ont été fichés dans les instruments à cordes pour pouvoir tendre les filins que la glace ne supporterait pas.
Les cordes sont en nylon ou boyaux de mouton. "On ne peut pas utiliser de cordes métalliques parce qu'elles chauffent quand on les bouge et font fondre la glace", précise Bill Cowitz.

Le show fini, les instruments retournent à la nature. "Ils lui appartiennent", souligne Terje Isungset. "Je n'ai fait que les lui emprunter".

(AFP - 12/01/09)
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Voilà un concept qui me plaît ! J'ignorais totalement l'existence d'un tel festival.
Evidemment, je suis allée fouiner pour en savoir plus. Vous trouverez donc davantage d'infos :
- sur le site du Festival (en anglais)
- et infos + belles photos sur ce blog :
http://icemusicfestival.blogspot.com/