Sujet :

Quand l'état profite d'1 épidémie d'alcool frelaté

Audrey
   Posté le 07-11-2006 à 18:47:53   

(AFP - 07/11/06)
Campagne médiatique en Russie autour d'une "épidémie" d'alcool frelaté


Une femme fabrique de l'alcool chez elle, à Tambov en Russie

Une mystérieuse "épidémie" d'alcool frelaté frappe la Russie ces dernières semaines, à en croire les autorités, qui ont lancé une intense campagne médiatique autour de la mort de dizaines de Russes ...et en ont profité pour annoncer la nécessité d'un monopole d'Etat sur l'alcool !

Ces derniers jours, les journaux de la télévision russe, contrôlée par l'Etat, n'ont cessé de diffuser des reportages sur cette "épidémie", avec force infographies animées sur l'évolution de la "liste noire des villes où l'alcool est dangereux pour la santé", gagnant le pays telle une pieuvre.

Entrepôts discrets où se vendent à bas prix des spiritueux à base d'alcool à usage industriel. Perquisitions dans des ateliers clandestins où des liquides douteux macèrent dans des baignoires. Hôpitaux saturés de malades de l'"épidémie". Les reportages choc se succèdent quotidiennement.

"Depuis début septembre, dans notre pays, 5 100 citoyens ont été empoisonnés à l'alcool frelaté. Près de 300 sont morts", a déclaré le ministre de l'Intérieur, Rachid Nourgaliev, début novembre.

Le chef des services sanitaires, Guennadi Onichtchenko, est allé jusqu'à dénoncer "une opération planifiée à travers tout le pays" visant à "discréditer les efforts du gouvernement pour assainir le marché de l'alcool".

Mais des voix se sont élevées pour dénoncer une campagne politique plaçant soudain sous les projecteurs un vieux mal de société.

"Le nombre de personnes empoisonnées à l'alcool est tout à fait dans les normes", a souligné le journal des affaires Vedomosti.

"Chaque année chez nous, plus de gens meurent de ce mal que sur les routes", ajoutait-il, rappelant que plus de 40 000 personnes meurent "empoisonnées à l'alcool" chaque année contre 35 000 dans des accidents de voiture.

Ce terme officiel d'"empoisonnement à l'alcool" prête à la surenchère actuelle, reconnaît l'Institut national des statistiques, interrogé par l'AFP : il regroupe en effet tous les morts recensés par les hôpitaux avec de forts taux d'alcoolémie, et donc pas forcément victimes d'alcools frelatés.

"Il y a une part de ces 40 000 morts qui sont empoisonnés par de l'alcool de mauvaise qualité, mais la plupart décèdent de coma éthylique", explique le directeur du Centre de la démographie de l'Institut des sciences, Anatoli Vichnevski, déplorant l'exploitation confuse de ces chiffres.

Il est de ceux qui soupçonnent une "campagne médiatique" alors que les télévisions distillent l'idée de réimposer le monopole d'Etat sur le marché de l'alcool, supprimé après la chute de l'URSS, comme mesure de santé publique.

"Il est temps de soulever la question du monopole d'Etat sur la vente d'alcool", a suggéré le président de la Douma (chambre basse du Parlement), Boris Gryzlov.

La relance de cette idée, déjà évoquée en 2005 par Vladimir Poutine, intervient dans un contexte plus large de reprise en main des secteurs économiques jugés stratégiques et de volonté de contrôle du marché lucratif de l'alcool.

Une loi entrée en vigueur le 1er juillet impose aux importateurs d'alcool de faire passer toutes leurs transactions par un service informatique centralisé, dont la création est liée au Service fédéral de sécurité (FSB, ex-KGB), qui empoche au passage des dizaines de millions de dollars selon Vedomosti.

"Avec cette idée de monopole sur l'alcool, le pouvoir cherche à faire de l'argent. Comme à l'époque de l'URSS, où ce monopole était une importante source de revenus pour l'Etat", explique M. Vichnevski.

Et cela ne changera rien au problème des dizaines de milliers de morts d'alcoolisme chaque année dans un pays à la tradition tenace des alcools forts et de la gnôle maison, le fameux "samagon", dans les villages de la Russie profonde, loin de la croissance moscovite.

"L'alcoolisme est une des principales raisons de notre forte mortalité", ajoute le chercheur, évoquant la surmortalité masculine en Russie, où l'espérance de vie des hommes est de moins de 59 ans contre 72 ans pour les femmes.
Eisenheit
   Posté le 07-11-2006 à 20:23:09   

Haha, j'aimerai bien goûter leur samagon... Ca doit vraiment déchirer les boyaux! xD