Sujet : Première OPERATION EN APESANTEUR | | Posté le 21-09-2006 à 23:39:45
| (AFP - 21/09/06)
La chirurgie à l'assaut de l'espace avec la première opération en apesanteur Pour la 1ère fois au monde, une équipe du CHU de Bordeaux va pratiquer une opération chirurgicale en apesanteur, une prouesse qui ouvre de nouvelles perspectives pour la réalisation des vols spatiaux mais aussi pour le développement de technologies servant sur terre. Au cours d'un vol de 3 heures à bord d'un avion capable de recréer les conditions de l'apesanteur en plusieurs séquences de quelques secondes, le professeur Dominique Martin, chef du service de chirurgie plastique au CHU de Bordeaux, opérera mercredi un patient volontaire atteint d'une tumeur graisseuse à l'avant-bras. Attachée par des harnais de contention, avec sangles et mousquetons raccrochés à des rails fixés au sol de l'Airbus, l'équipe médicale sera composée de 3 chirurgiens et 2 anesthésistes, et encadrée par des militaires parachutistes, a détaillé jeudi M. Martin lors d'un point de presse. Les instruments de travail, plus petits que dans un bloc opératoire ordinaire, devront être dûment reposés sur de puissants aimants installés à côté du patient ligoté. Le bloc opératoire, avec matériel d'anesthésie et de réanimation, a été conçu par la société Ascensud, spécialiste des ascenseurs. "Depuis février, nous avons fait des répétitions de cette opération au sol et dans l'avion. Dans nos têtes, tout est calé", assure le chirurgien. Ce projet unique en son genre a vu le jour en octobre 2003, quand le Pr Martin et son collègue anesthésiste Laurent de Coninck ont réalisé une microchirurgie dans les conditions spatiales sur une artère de queue de rat de 0,5 millimètre, une intervention impliquant des gestes chirurgicaux d'une extrême précision. La voie était donc ouverte à une intervention humaine. "Mais une transplantation rénale ou cardiaque n'est pas possible. Les interventions seront limitées à de la traumatologie", tempère M. de Coninck. "Aujourd'hui plus de 400 personnes sont déjà partis dans l'espace. La probabilité qu'il y ait des traumatismes en cours de mission va être de plus en plus importante, d'autant que faire redescendre un blessé sur terre représente un danger pour la personne, mais aussi un coût élevé", soulève-t-il. Mais les chirurgiens ne peuvent embarquer dans tous les vols spatiaux, "d'où l'importance de la téléchirurgie", souligne M. de Coninck. L'opération de mercredi va permettre de mettre en place des procédés de téléchirurgie avec base opérationnelle au sol et robot situé dans l'avion exécutant les gestes commandés par voie satellitaire. Ce projet, qui devrait aboutir en 2007, vient de recevoir l'agrément de l'Agence spatiale européenne (ESA). Le Pr Martin espère également prendre part aux travaux de recherche de l'ESA sur la future base lunaire, qui devrait être opérationnelle d'ici 10 à 15 ans. "Les vols longue durée vers Mars n'étant cependant pas prévus pour demain, l'expérience va permettre de développer des méthodes de travail et des outils miniaturisés qui pourront servir dans des conditions terrestres extrêmes, comme lors de missions au Pôle nord", argumente Guy Laslandes, directeur du programme Ariane V au Centre national d'Etudes Spatiales (CNES). Des unités opératoires démontables construites sur la base du module embarqué mercredi à bord de l'avion pourraient également être transportables dans des grottes ou des lieux difficiles d'accès, comme après des tremblements de terre, souligne l'équipe médicale. Plusieurs ONG ont déjà été sensibilisées à la production d'un modèle, selon les médecins. |
| | Posté le 27-09-2006 à 21:04:53
| Dernières infos à ce sujet (AFP - 27/09/06)
Succès de la 1ère opération chirurgicale en apesanteur Une équipe du CHU de Bordeaux a réussi mercredi la 1ère opération chirurgicale en apesanteur, à bord d'un avion de la société Novespace, en retirant "sans aucune difficulté particulière" une tumeur graisseuse du bras d'un patient volontaire. "On n'a pas cherché à faire un exploit technique, mais à réaliser un test de faisabilité. On s'est mis en situation réelle pour opérer dans les conditions spatiales", a indiqué le responsable de l'expérience le professeur Dominique Martin du CHU de Bordeaux au cours d'un point presse. "Maintenant on sait qu'un être humain pourra se faire opérer dans l'espace sans trop de difficultés", a-t-il ajouté. L'Airbus A300 de la société Novespace avait décollé à 09H30 de l'aéroport de Bordeaux-Mérignac, avec à son bord 3 chirurgiens et 2 anesthésistes, qui ont réalisé en "moins de 10 minutes", selon le professeur Martin, l'ablation d'une tumeur graisseuse à l'avant bras d'un patient volontaire de 46 ans. Le vol de l'avion, capable de recréer les conditions de l'apesanteur, a duré 3 heures. L'appareil a été en situation d'apesanteur au cours de 32 phases d'une vingtaine de secondes chacune. "Ce n'est pas plus impressionnant que ça. Il n'y a pas eu de surprises car on a fait plein de répétitions", a indiqué le patient Philippe Sanchot aux journalistes, notant toutefois avoir "décollé de deux ou trois centimètres de la table d'opération" au cours des périodes d'apesanteur. Avant d'embarquer, M. Sanchot avait été pris en charge au CHU de Bordeaux pour y subir l'anesthésie locale, puis avait été transféré en ambulance jusqu'à l'avion où il a fait le décollage en position assise. "Si on avait eu 2 heures d'apesanteur continue, on aurait pu opérer une appendicite", a souligné le professeur Martin. "On a simplement fait la démonstration que notre matériel est adéquat et pouvait être utilisé dans la station spatiale internationale", a-t-il poursuivi, estimant qu' "opérer dans un contexte spatial ne posera pas de problème sauf peut-être en chirurgie vasculaire". L'équipe médicale était équipée de harnais d'alpinistes, et arrimée au sol avec des mousquetons fixés sur des rails, tandis que les instruments médicaux devaient être reposés sur de puissants aimants. Le chirurgien a également insisté sur l'intérêt de cette expérience pour la médecine terrestre soulignant qu' "on pourra désormais faire des blocs opératoires pliables pouvant être transportés dans de petits véhicules" notamment dans le cadre d'interventions sur des catastrophes naturelles. "On a choisi une opération qui pouvait être interrompue et où l'on n'était pas confronté à de gros saignements, car nous ne nous sommes attaqués qu'à des tissus superficiels" de la peau, a-t-il ajouté. Il a souligné que cette étape était nécessaire avant de mettre en place un procédé de téléchirurgie car "il fallait d'abord savoir nous-mêmes quels étaient les problèmes de transfert d'instruments et de monitoring du patient". La prochaine étape de l'équipe médicale consiste à faire réaliser une opération chirurgicale à un robot piloté depuis une base terrestre. Le professeur Martin espère que cette intervention pourra avoir lieu d'ici l'an prochain. |
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