Sujet : Des Néandertaliens en Picardie | | Posté le 25-09-2006 à 22:00:27
| (AFP - 25/09/06)
Des Néandertaliens en Picardie Les hommes de Néandertal, considérés comme les plus grands "Esquimaux" de tous les temps, incapables de se passer du froid, appréciaient, il y a 125 000 ans, les douceurs d'un climat interglaciaire en Picardie, comme en témoignent des vestiges inattendus, trouvés près d'Abbeville (Somme). Pour la toute première fois, des scientifiques de l'Institut National de Recherches Archéologiques Préventive (INRAP) et du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), ont obtenu des preuves de l'adaptation du Néandertalien également au climat tempéré. Ils viennent de présenter leurs résultats à la presse sur le site de la découverte, dans le village de Caours, à 4 km d'Abbeville. Ce site conserve les restes d'un "atelier de boucherie" dans lequel les "Picards" préhistoriques venaient dépecer leur gibier : cerfs, daims, sangliers, aurochs (bovins sauvages), éléphants et rhinocéros. Il a été fréquenté il y 125 000 ans, au milieu d'un épisode interglaciaire, dit de l'Eémien (130 000 à 115 000 ans avant notre ère), où, explique le préhistorien Jean-Luc Locht (INRAP), "les températures moyennes étaient même de 2 à 3 degrés supérieures aux nôtres". Selon les hypothèses actuelles, tous les hommes de Néandertal auraient alors dû frissonner beaucoup plus au nord, dans les steppes froides, au pied de grands glaciers, qu'ils auraient gagnées en suivant les migrations de troupeaux de leur gibier de prédilection, les rennes. Les os et les couteaux en silex taillé trouvés à Caours montrent au contraire qu'ils pouvaient aussi vaquer à leurs occupations ailleurs, et dépecer tranquillement les carcasses d'animaux sous le soleil de Picardie. Une pièce a par ailleurs retenu particulièrement l'attention des archéologues : un hyoïde (os de la langue) d'aurochs, révélant que les Néandertaliens savouraient déjà la langue de boeuf, même si le bovin était un peu différent de celui de nos assiettes. "Mais ce qui est réellement significatif, c'est que cet atelier ressemble aux sites de boucherie d'épisodes glaciaires", souligne l'archéozoologue Patrick August (université Lille-I/CNRS). "A ceci près que, sur ces derniers, les carcasses proviennent d'animaux comme le renne, le mammouth ou le rhinocéros laineux, alors qu'ici, nous avons affaire au cerf, à l'éléphant de forêt ou au rhinocéros de prairie." "Cela veut dire qu'à Caours, résume le spécialiste, les hommes de Néandertal ont exploité le gibier de la même manière que leurs collègues des périodes froides plus anciennes ou plus récentes. Ces hommes étaient donc adaptés aussi bien au climat froid et à un environnement ouvert qu'au climat tempéré chaud et aux conditions d'une forêt relativement dense." La zone de la découverte était connue depuis les années 1950 pour avoir livré quelques outils de pierre et vieux os. Mais ce n'est qu'en 2003, précise le géologue Pierre Antoine (CNRS/Meudon), que les scientifiques ont commencé à s'y intéresser réellement dans le cadre d'une coopération INRAP-CNRS sur les dépôts alluviaux du dernier épisode interglaciaire. La campagne de fouilles a débuté à l'été 2005. Ces dépôts de tufs (roches calcaires) sont extrêmement précieux : ils peuvent être datés, conservent des archives de la terre en emprisonnant des restes animaux et végétaux et durcir comme du ciment pour devenir un bouclier protecteur au-dessus des couches plus anciennes, aptes à conserver des vestiges d'exception que l'arrivée d'une nouvelle glaciation réduirait à néant. |
|
|
|