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2 mosaïques romaines mises au jour à Nîmes

Audrey
   Posté le 27-06-2007 ŕ 22:00:32   

Deux mosaïques romaines, dont une exceptionnelle, mises au jour à Nîmes


Détail de la mosaïque romaine de Bacchus découverte à Nîmes

Deux mosaïques romaines, dont l'une figure parmi les mieux conservées de la Gaule et dont le thème s'est révélé exceptionnel, ont été mises au jour à Nîmes lors de fouilles, a-t-on appris mercredi auprès de l'Institut National de Recherches Archéologiques Préventives (INRAP).

Ces deux mosaïques, découvertes lors de fouilles menées à l'occasion de l'aménagement d'un parking souterrain, ont été découvertes dans deux pièces d'une même habitation, sans doute celle d'un riche notable, selon l'INRAP.

La première couvre environ 35 m2 et se compose d'une série complexe de médaillons accueillant chacun un personnage. Il représente un épisode de la guerre des Dieux contre les géants.

Au centre du tapis se trouve une représentation d'un Bacchus portant une couronne de feuilles et terrassant le géant Eurytos, agenouillé et nu.

Une représentation "unique dans le monde romain" au sens large, pays d'Orient et d'Afrique compris, a affirmé le responsable de la fouille, Jean-Yves Breuil.

"L'état de conservation de cette mosaïque est rare. C'est la mieux conservée de Nîmes et l'une des mieux conservées de la Gaule", a commenté le responsable de la fouille.

La facture de l'ensemble est, selon l'INRAP, de grande qualité, grâce à un travail très fin, une grande recherche des matériaux et des dégradés de couleurs très importants, a souligné M. Breuil.

"C'est l'état de conservation, la structure complexe et le thème unique qui font de cette mosaïque une pièce exceptionnelle", a déclaré M. Breuil.

La seconde mosaïque, moins bien conservée, couvre près de 50 m2 et représente le mythe d'Achille sur l'île de Skyros.

Depuis plusieurs mois, des équipes de l'INRAP mènent des fouilles dans le centre de Nîmes, qui vont permettre de mieux comprendre le développement de la Nîmes romaine, alors l'une des plus grandes villes du pays.

Une ville célèbre pour son amphithéâtre (les arènes), pour un temple dédié aux descendants de l'empereur Auguste (la Maison carrée), ainsi qu'un réseau d'aqueducs dont l'élément le plus emblématique est le fameux pont du Gard.

(AFP - 27/06/07)
Audrey
   Posté le 03-01-2010 ŕ 00:37:25   

Quelques infos supplémentaires...


Les deux mosaïques romaines révèlent leurs secrets

Petit rappel : en juillet 2007, les archéologues qui fouillent l'avenue Jean-Jaurès depuis dix mois mettent au jour deux grandes mosaïques romaines, remarquables pour leur grandeur, leur thème et, surtout, leur exceptionnel état de conservation.

Depuis, habitants et spécialistes s'enthousiasment pour ces trésors. Si certains Nîmois ont un temps réclamé leur maintien "in situ", la municipalité a toujours préféré les mettre à l'abri (permettant ainsi la réalisation d'un parking souterrain).

Aujourd'hui, les deux mosaïques sont pour la première fois réunies et exposées dans un même lieu. L'occasion pour les archéologues d'apporter des précisions sur l'histoire de ces oeuvres uniques.

De leur passage sur l'avenue Jean-Jaurès, entre octobre 2006 et août 2007, ne reste plus grand-chose. Les balustrades qui cachaient le chantier ont disparu, les outils aussi. Pourtant, les archéologues de l'INRAP (Institut national de recherches archéologiques préventives) n'ont pas totalement déserté le terrain.
Cet important chantier de fouilles, le plus grand jamais mené à Nîmes, celui qui permit de découvrir les mosaïques d'Achille et de Penthée, livre encore des informations : plus discrètement que jamais, les archéologues poursuivent leurs études.

Au moment de la découverte, l'équipe relevait déjà "une richesse iconographique exceptionnelle", pour Julien Boislève, spécialiste de peinture murale romaine, "une grande valeur artistique", disait Raymond Rogliano, restaurateur. Et Jean-Yves Breuil, le responsable scientifique de la mission, annonçait le 26 juin 2007 qu'aucune mosaïque ne représentait le meurtre de Penthée. "Cela donne une idée du statut social du propriétaire."

Trente mois plus tard, les analyses de l'INRAP confirment ces premières impressions.
"Nous pouvons désormais certifier que les deux mosaïques étaient situées dans la partie sud d'une domus (maison romaine) de 950 m² . Ce qui classe la résidence parmi les plus grandes maisons romaines jusqu'à présent connues à Nîmes. Elle avait une cour de 160 m² avec très certainement, autour, des boutiques", explique le responsable scientifique.

À partir des fragments récupérés sur le terrain, les archéologues sont aussi parvenus à rétablir la décoration murale avec précision : un apollon citharède, debout et à demi nu, portant un drapé violet enroulé sur les hanches et passant sur l'épaule...

"Il faut aussi imaginer que le plafond était peint", reprend Jean-Yves Breuil, qui le concède : "Pour nous, archéologues, Penthée, c'est le fleuron des mosaïques."
S'étalant sur 35 m², cette mosaïque du IIe siècle après J.-C. se caractérise par son exceptionnel état de conservation et ses nuances de couleurs intactes.

Selon les spécialistes, le damier noir et blanc correspondait "certainement" à l'emplacement des lits de repas. La scène centrale, elle, s'inspire d'une tragédie d'Euripide, les Bacchantes. C'est grâce à une peinture de Pompéi, illustrant le meurtre de Penthée par sa mère Agavé, que les archéologues ont pu identifier la scène représentée sur la mosaïque nîmoise. Ce thème de la mythologie grecque, déjà rare en peinture, est le seul exemple connu sur une mosaïque.

(Midi Libre - 26/12/09)