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RDC : on meurt tous les jours de maladies curables

Audrey
   Posté le 24-07-2006 à 15:58:38   

(AFP - 22/07/06)
RDC (République Démocratique du Congo) :
dans le chaos de l'Est, on meurt tous les jours de maladies curables !

A l'hôpital de Rutshuru , on meurt encore du paludisme, de la rougeole ou de la diarrhée. L'insécurité et l'extrême pauvreté régnant dans cette région de l'est de la RDC privent les habitants de tout droit à la santé et les maladies curables y font des ravages.

La région de Rutshuru (50 km au nord de Goma, capitale du Nord-Kivu) est le théâtre quotidien d'attaques et de violences contre les civils, perpétrées par plusieurs groupes armés, qui pillent également régulièrement les médicaments des centres de santé.

Une brume froide enveloppe l'hôpital, mais à l'intérieur du service de pédiatrie, qui accueille une cinquantaine d'enfants dans une salle et deux tentes bondées, la chaleur est étouffante.

A l'intérieur du service de pédiatrie de l'hôpital, inerte sur son lit, les yeux révulsés, Mapenzi Nyramugisha pèse seulement 6,5 kilos à deux ans. Atteinte d'une méningite depuis deux semaines, elle vient seulement d'être hospitalisée et a été réanimée de justesse après un arrêt respiratoire.

Dans cet hôpital où sont admises quotidiennement des femmes victimes de violences, notamment sexuelles, l'immense majorité des patients souffre de paludisme, dont la prévalence dans la zone est "énorme", souligne l'organisation Médecins sans Frontière, qui fournit gratuitement médicaments et soins dans les services d'urgences.

"80% des admissions en pédiatrie le sont pour paludisme grave", déplore Luc Kibukila, médecin généraliste.

Suzanne N'Mbabazi, 30 ans et mère de 5 enfants, a été hospitalisée vendredi pour un paludisme sévère susceptible de dégénérer sous une forme cérébrale, mortelle et qui pourrait lui faire perdre le sixième enfant qu'elle attend.

Dans la salle d'isolement, le sous-lieutenant Kasereka Siriwayo, 20 ans, lutte quant à lui contre le choléra qu'il a contracté en passant dans un des camps militaires de la région où l'on boit de l'eau souillée car "il n'y a pas de robinet".

Dans cette région, on meurt également de maladies vaccinables. "Les enfants meurent du tétanos. Mercredi, nous avons encore perdu un nouveau-né", raconte Pascal Nzamukunda, responsable du service de pédiatrie.

Autre maladie bénigne en Europe et qui tue encore dans cette zone : la rougeole. Enveloppée dans un pagne sale, Chance Sarah, 8 mois, n'a pas été vaccinée et a du mal à lutter contre la rougeole.

"C'est une catastrophe, on se retrouve à soigner des pathologies qu'on ne devrait pas trouver, et on assiste à une énorme dégradation sanitaire depuis décembre 2005", confie Frédéric Demalvoisine, coordinateur régional de MSF pour le Nord-Kivu.

L'insécurité dans le Rutshuru, alors en proie à des désertions de militaires, à des attaques menées par des miliciens locaux Maï Maï et des rebelles hutus rwandais, avait empêché toute campagne de vaccination et poussé de nombreux habitants à passer la nuit dans le froid en brousse de peur d'être attaqués chez eux.

Dans le même temps, déplore M. Demalvoisine, les bailleurs de fonds ont suspendu un programme qui permettait aux centres de santé d'acheter les médicaments à 20% de leur valeur et aux patients de payer seulement un dollar pour la consultation et les médicaments.