| (AFP - 01/07/06)
Sous le bitume de Los Angeles, un incroyable gisement de fossiles Fossiles découverts sous le bitume de Los Angeles A proximité de l'agitation des grands boulevards de Los Angeles, des paléontologues extraient de leur gangue de bitume des fossiles datant de quelque 40 000 ans, au rythme de plusieurs dizaines de pièces par jour. Unique au monde dans un environnement urbain, le site d'excavation de La Brea est le résultat d'un phénomène naturel d'affleurement d'hydrocarbures dans lequel d'innombrables animaux ont été pris au piège, bien avant que l'endroit ne se retrouve au milieu de la deuxième ville des Etats-Unis. Depuis 1969, les scientifiques ont exploré ce gisement, en sortant pas moins de quatre millions de pièces, ossements et dents parfaitement conservés par leur séjour dans le goudron. "C'est le gisement datant de la dernière glaciation le plus riche au monde", affirme le conservateur en chef du site, John Harris, assurant que "nous extrairons encore des os dans 20 ans". Rien que pendant la saison de fouilles de l'été 2005, les paléontologues ont récolté 3 000 os, de mâchoires de souris aux tibias de mammouths, tombés dans des mares de goudron alors qu'ils traversaient la plaine entre l'océan Pacifique et les montagnes entourant ce qui est aujourd'hui une mégalopole de 17 millions d'habitants. La richesse du gisement laisse parfois pantois les opérateurs des fouilles eux-mêmes. "Où que l'on regarde, il y a des os", constate une de ces volontaires, Jean Moore, ancienne professeur d'anatomie. "Depuis 12 ans que je fouille dans ce trou, j'ai sans doute traversé 5 000 années d'histoire naturelle", explique-t-elle en cueillant l'os du bassin d'un félin préhistorique. Avec l'avancée du débat sur le réchauffement climatique, les paléontologues de La Brea assurent que l'endroit va attirer de plus en plus l'intérêt. Aujourd'hui, la plupart des habitants de Los Angeles ignorent l'existence du site, au milieu du quartier des musées entre le centre-ville historique et Beverly Hills, la ville des vedettes de cinéma dans l'ouest de l'agglomération. "Plus nous en saurons sur les changements de climat pendant la Préhistoire, plus nous apprendrons sur ce qui se passe à l'heure actuelle", assure la responsable des fouilles, Kristen Vowells. En attendant, leur récolte est tellement bonne que l'équipe chargée de classer et ranger les trouvailles peine à suivre. "Nous manquons de place", se plaint Shelley Cox, chef du laboratoire du musée attenant, montrant des empilements de boîtes marquées "à classer" et "à nettoyer". Toute découverte importante sera bien sûr traitée en priorité, comme ce squelette complet de félin aux dents de sabre, mort il y a 30 000 ans dans la mare d'hydrocarbures, ou un mammouth complet, de la taille d'un petit autobus, découvert lors de l'aménagement d'un parc de stationnement pour le musée d'art moderne voisin. |
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