Le Petit Monde d'Audrey
 
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Audrey
Théophraste RENAUDOT
(1586 - 1653)



Son nom vous rappelle forcément quelque chose ...un certain prix littéraire créé en 1925 ! Mais, si son nom est indissociable des évènements littéraires, Théophraste RENAUDOT fut également un homme hors du commun, bien en avance sur son temps.


Médecin des déshérités avant tout

Fils de Jean Renaudot (maître d'école) et de Cécile Fourneau (fille d'une famille de la bourgeoise protestante de Loudun), Théophraste RENAUDOT obtint son diplôme de médecin à l'université de Montpellier dès l'âge de 19 ans.

Mais comme il estime ne disposer ni d'expérience suffisante ni de l'autorité nécessaire pour s'engager d'emblée dans la pratique des soins, il décide d'entreprendre plusieurs voyages. Il se rend notamment en Angleterre, Suisse, Allemagne, et Italie.

En 1609, de retour dans sa ville natale (Loudun), Théophraste RENAUDOT se marie avec Marthe du Moustier (qui lui donnera neuf enfants), puis commence à exercer avec passion son métier de médecin à Loudun ...en se préoccupant avant tout du sort des déshérités.

Il publie, en 1619, une "Description d’un médicament appelé Polychreston" et, en 1620, un "Discours sur le scelet c’est-à-dire sur les os de l’homme".

Par l'intermédiaire de son ami, le père franciscain François Leclerc du Tremblay dit "père Joseph", Théophraste rencontre et se lie d'amitié avec le jeune évêque de Luçon, futur cardinal de Richelieu.

En 1612, RENAUDOT s'installe à Paris. Grâce au soutien chaleureux de Richelieu, et à son traité "Sur la condition des pauvres" parvenu au Conseil de Régence de Marie de Médicis, Théophraste devient médecin ordinaire du roi (Louis XIII).

Ce n'est qu'après sa conversion au catholicisme, en octobre 1628, que Théophraste entre au Cabinet de Richelieu (la chasse aux protestants n'est pas loin).

Il obtient également l'office de commissaire général des pauvres du royaume.
Véritable homme de terrain, Théophraste est un jeune praticien dynamique, qui va multiplier les initiatives concrètes. Car rien ne l'arrête quand il s'agit de venir en aide aux plus démunis : il les soigne gratuitement et fabrique ses propres médicaments.

Ces consultations sont créées avec l'aide de médecins, de chirurgiens et d'apothicaires en lutte avec la Faculté de médecine de Paris. Les étudiants se joignent à lui en grand nombre, à la grande fureur des Docteurs Régents. Gratuites, ces consultations accueillent les indigents le mardi, puis tous les jours, afin de pouvoir traiter tous ceux qui s'y présentent.

Bien évidemment, cet agissement n'est pas sans attirer à Théophraste les foudres de corporations encore mal encadrées.
Heureusement, la protection sans faille de Richelieu permet à Théophraste de résister aux tracasseries incessantes de la faculté de médecine de Paris, dirigée d'une main de fer par Guy Patin, qui n'apprécie guère que l'on remette en cause le monopole de la faculté.

Mais Guy Patin parviendra tout de même à ses fins en 1642 : dès la mort de Richelieu, il interdira tout bonnement à Théophraste RENAUDOT l'exercice de la médecine dans Paris !
Un comble pour ce thérapeute qui avait inventé nos actuels dispensaires en ouvrant des "consultations charitables" (soins et médicaments gratuits grâce à la mise en place d'un système de solidarité déjà très élaboré).

C'est ainsi que, le 1er mars 1644, par un arrêt resté célèbre, le Parlement enlève à Renaudot tous ses titres, ses monopoles et privilèges (conférences, consultations charitables, prêt et vente sur gage).



Père de la presse moderne française

Infatigable précurseur, Théophraste RENAUDOT passe à la postérité en créant, le 30 mai 1631, "La Gazette".
Une initiative qui lui vaut d'être considéré comme le père de la presse moderne française.


Ce petit hebdomadaire, de 4 ou 12 pages selon les semaines, contient des nouvelles politiques (y compris internationales) et le récit des principaux évènements parisiens touchant aux sciences et à la littérature.
Côté tirage, La Gazette atteindra un chiffre maximal de 800 exemplaires, ce qui, pour l'époque est un indéniable succès.

De prestigieuses signatures s'y trouvent régulièrement : Louis XIII et Richelieu ne dédaignent pas de fournir à RENAUDOT des articles pour expliquer leurs décisions.

Dès 1638, Théophraste gère également la publication du "Mercure français", une publication sous forme de répertoire des principaux événements de l'année en France.


Quant à La Gazette, elle est cédée en 1762, par les descendants de Théophraste, et devient journal officiel en 1762, après que le ministre Choiseul lui ait donné un caractère ouvertement gouvernemental, sous le titre de "Gazette de France". Le titre disparaîtra en 1915.



Père des Agences pour l'Emploi

Outre son activité de journaliste et de médecin, notre infatigable Théophraste ouvre, en 1630, à Paris, sur l'île de la Cité, un "Bureau et registre d'adresses".

Ce lieu tient à la fois de l'agence de renseignements et du cabinet-conseil.
Chacun peut y trouver des annonces marchandes de toutes sortes, ainsi que les adresses de médecins, apothicaires, gardes-malades et précepteurs.

Mais, surtout, ce bureau publie des offres d'emploi !
Bien davantage, ce Bureau sert d'intermédiaire entre employés (ou apprentis) et patrons. Il offre même ses services afin de faciliter les négociations entre les parties, voire pour établir les conventions !

C'est à ce titre que l'on peut réellement considérer Théophraste RENAUDOT comme l'inventeur des agences pour l'emploi (alors que, rappelons-le, notre ANPE, elle, ne verra le jour que trois siècles plus tard, le 13 juillet 1967).

Le "Bureau de registre et d'adresses" s'agrémente, bien entendu, d'un dispensaire, payant pour les aisés et gratuit pour les pauvres.

Son initiative de "Bureau et registre d'adresses" est couronnée de succès.

Ce qui lui donne aussitôt l'idée de créer, en 1632, une "Feuille de bureau d'adresses". Un support qui se présente, là encore, comme le véritable précurseur de la publicité commerciale et des petites annonces.

Mais, toujours aussi préoccupé par l'épanouissement des plus humbles, Théophraste RENAUDOT ne s'arrête pas là.
C'est pourquoi son "Bureau et registre des adresses" trouve un second prolongement.

Outre "La Feuille", Théophraste crée aussi "Les Conférences du Bureau".
Une sorte de cours du soir, évidemment gratuit, où l'on aborde des sujets médicaux, scientifiques et philosophiques. Les sujets étaient choisis d’une semaine sur l’autre par le public, de manière très libre, en évitant toutefois les questions qui fâchent (théologie et politique).
Le succès de ce cours est tel qu'il faudra par la suite s'inscrire pour y réserver sa place !



Créateur du 1er mont-de-piété

Théophraste innove encore, en créant le premier mont-de-piété, appuyé par une ordonnance royale du 27 mars 1637.
Il définit lui-même l'endroit comme étant une "grande salle de ventes, trocs et rachats de meubles et autres biens quelconques".

Tout le monde peut ici vendre, acheter, échanger et déposer des objets contre de l'argent (prêts sur gage).

Mais, à l'instar du sinistre Guy Patin, marchands, affairistes en tous genres et usuriers l'obligeront à fermer ce bureau de troc que l'on considérer comme l'ancêtre du Crédit municipal (que l'on baptisa "ma tante" en argot).


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Théophraste RENAUDOT meurt le 25 octobre 1653, aux galeries du Louvre, à Paris, là-même où sa fonction d’historiographe du roi, depuis 1646, lui valait un logement.

Notre cher RENAUDOT n'est donc pas à cantonner au simple milieu littéraire. Précurseur en moult domaines, et, avant tout, homme plus préoccupé par le bien-être des plus démunis que par le conformisme de son époque, c'est un homme hors pair que nous pouvons saluer bien bas !!



A NOTER :

Il existe un Musée RENAUDOT créé à Loudun, dans la maison natale de Théophraste (demeure du XVIème siècle) : http://www.museerenaudot.com/
Ce musée de cire retrace sa vie et son oeuvre en de multiples scènes et objets. On peut y voir, entre autres merveilles, son atelier, avec la presse à bras qui servit à l'édition de La Gazette de 1631, et de très nombreux documents. Le jardin médicinal de Théophraste est également ouvert au public.

Existe également : l'INSTITUT Théophraste RENAUDOT, consacré à la santé communautaire : http://renaudot.free.fr/


A LIRE :

"Théophraste Renaudot : Journaliste & médecin du peuple" de Pierre ROUDY (Le Bord de l'eau Editions - 2005).
Biographie de Théophraste Renaudot.


"Théophraste Renaudot : De la petite fille velue et autres conférences du Bureau d'Adresses" de Simone MAZAURIC (Editions Klincksieck - collection Cadratin, n° 4, avril 2004).
Ce livre est une sélection de 21 compte-rendus des fameux cours gratuits du "Bureau d'adresses", sélectionnés parmi les 451 qui ont été imprimées initialement par Théophraste Renaudot et l'un de ses fils.
On pourra lire ici la diversité des sujets abordés par Théophraste Renaudot :
de la petite fille née velue (que les zoologues d'alors enregistraient au chapitre des monstres dans leurs encyclopédies), jusqu'à la question de l'existence du Phoenix ou celle du vide ; en passant par le problème des incubes et succubes, l'affaire du renfermement des pauvres pour une meilleure gestion de l'ordre public ; mais également par le problème de savoir pourquoi les cadavres des victimes saignent en présence de leur meurtrier... etc.
Ce livre offre un aperçu pittoresque et troublant sur l'époque de Théophraste Renaudot.
 
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