Le Petit Monde d'Audrey
 
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Audrey
"L'Opération Bernhard" contée par Adolf Burger


Adolf Burger, 89 ans, ancien prisonnier du camp de concentration de Sachsenhausen,
présente son livre, le 23 février 2007 à Prague

A 89 ans, Adolf Burger a longtemps oblitéré son passé de faussaire, complice forcé des plans secrets du 3e Reich, quand il témoignait sur l'horreur des camps de concentration nazis en sillonnant les écoles d'Allemagne et de République tchèque.

Cependant, ses activités de faux-monnayeur dans le camp de Sachsenhausen lui valent aujourd'hui une notoriété soudaine avec la sortie d'un film tiré de son autobiographie qui raconte "L'Opération Bernhard" fomentée par le régime hitlérien pour ruiner l'économie britannique.

"Les gens vont savoir que les nazis n'étaient pas seulement des meurtriers, mais aussi des faussaires ordinaires : c'était mon objectif, il est atteint", se félicite le vieil homme, aussi alerte que pugnace malgré son âge et son physique fluet.

Dirigé par l'Autrichien Stefan Ruzowitzky, le film "Die Fälscher" (Les Faux-monnayeurs) a été présenté à la 57e Berlinale et sortira sur les écrans de différents pays européens, en commençant par l'Allemagne, à la mi-mars.

L'histoire que relate le film, Adolf Burger l'a vécue : ce militant communiste juif slovaque passa deux ans de sa vie dans "l'atelier du diable", une imprimerie ultra-secrète installée au coeur du camp de Sachsenhausen, où avec 139 autres typographes juifs, il fabriqua de la fausse monnaie et des faux documents destinés aux espions nazis.

"Nous n'aurions pas dû survivre, c'est pour ça qu'il n'y avait que des juifs, on aurait dû finir en fumée, mais finalement tout s'est terminé différemment", raconte Adolf Burger, qui vit à Prague depuis la fin de la seconde guerre mondiale.

A l'origine, ce sont ses talents de faussaire qui lui valurent d'être arrêté à Bratislava, le 11 août 1942 : imprimeur de métier, il fabriquait alors de faux certificats de baptême pour sauver les juifs des griffes du régime fasciste de Jozef Tiso.

Déporté à Auschwitz, puis à Birkenau, il pesait dans les 35 kg quand les nazis décidèrent de le transférer en Allemagne pour utiliser son savoir-faire.

Entre 1943 et 1945, les nazis firent fabriquer aux faussaires juifs 131 millions de livres britanniques. La production de faux dollars commençait quand l'avancée des troupes russes poussa les nazis à transférer l'équipe en Autriche.

Finalement conduit avec ses compagnons dans le camp d'Ebensee, Adolf Burger réussira à s'enfuir en profitant de la déroute générée par l'avancée des troupes alliées.

A son arrivée à Prague, en 1945, il dévoile à la police tchécoslovaque les secrets de la plus grosse opération de contrefaçon jamais menée au monde.
"Ils ont appelé une banque, on a amené une valise de billets considérés comme authentiques, et comme nous, les typographes, savions ce que personne d'autre ne savait, j'ai pu reconnaître des faux que nous avions fabriqués, il y en avait au moins 200", raconte-t-il avec fierté.

Depuis quelques années, l'ancien faussaire se consacre "aux nouvelles générations" en sillonnant les lycées pour raconter "ce qu'étaient vraiment les camps de concentration et ce qui s'y passait", pour contrecarrer les thèses révisionnistes et dénoncer les mouvements néo-nazis.

Fidèle à sa mission de témoin, Adolf Burger a largement participé à la promotion du film lors du festival de Berlin. Peu importe, pour lui, que le film n'ait pas été primé.

"Je ne comptais même pas qu'un film de ce type soit sélectionné... l'important n'est pas de recevoir un prix mais de participer", dit celui qui dit lui-même préférer les documentaires aux fictions.

Exigeant, soucieux d'exactitude, le vieil homme a exigé quatre modifications successives du script avant de donner son feu vert. Et il n'a aucune intention d'utiliser le film comme matériel pédagogique dans ses tournées scolaires : il préfère la mémoire vive.

(AFP - 27/02/07)
 
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