Le Petit Monde d'Audrey
 
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Audrey
...Merci, Thunder.
ThunderLord
Excellent !

J'avais déjà entendu parler de Nicolas Flamel et de "ses dons d'alchimiste", mais je n'étais jamais tombé sur une biographie aussi claire et concise. Merci, Audrey ! Un post digne de figurer sur une encyclopédie en ligne.
Audrey
Nicolas FLAMEL


(1330 - 1418)

Nicolas Flamel (1330-1418) a laissé son empreinte dans l’histoire comme érudit, calligraphe (la typographie, art d’agencer des caractères mobiles, ne sera inventée qu’un siècle plus tard par Schöffer et Gutenberg), philosophe et surtout alchimiste.

Nicolas Flamel est né à Pontoise, en 1330, sans fortune particulière, tout comme Dame Pernelle, qu'il épousa en 1370 et qui mourut en 1397.


Libraire avant tout ...avant de devenir alchimiste
Nicolas Flamel était libraire. Il installe son échoppe, vers 1350, à Paris, rive droite près du cimetière des Innocents, puis un peu plus tard dans le quartier de Saint-Jacques-la-Boucherie.

En ce début du XIVe siècle, les livres sont encore enluminés (in luminare) et calligraphiés à la main.
Nicolas Flamel est donc "escrivain", c’est-à-dire qu’il fait partie de la corporation des libraires-jurés, regroupant tous les métiers du livre, copistes, calligraphes, enlumineurs, relieurs, parcheminiers, écrivains publics.
D’abord apprenti calligraphe chez maître Gobert, puis après acceptation d’un chef-d’œuvre, Flamel est élu maître dans cette corporation.

Ce sont les libraires-jurés qui fixent le prix du livre, ils détiennent entre leurs mains tout le processus de fabrication de ceux-ci, de leur rédaction jusqu’à leur vente, par ordonnance royale depuis 1259.

C’est à cette corporation, structurée et érudite, que l’on doit la préservation et la diffusion des connaissances humaines de cette époque, elle préfigure de façon majeure les grands imprimeurs humanistes et typographes de la Renaissance. Les Alde Manuce, Christophe Plantin, Jean Oporin, phares de la chose imprimée leur doivent beaucoup.

Les livres sont des pièces uniques. Ils sont rares et coûteux, et sont vendus dans toute l’Europe aux amateurs, princes et rois bibliophiles.

La profession de Flamel lui a ainsi permis d’avoir accès à d’innombrables ouvrages d’alchimie importés directement d’orient. De plus, ces manuscrits, très recherchés à l’époque, se vendaient à prix d’or. Nombreux étaient ceux qui avaient pour cœur de trouver LA formule magique : Transformer le plomb en or, et s’assurer une retraite digne de ce nom. Cet engouement pour l'alchimie et ses promesses d'un monde meilleur explique en partie la fortune du libraire. En partie...


Le rêve de Flamel
Nicolas Flamel rêva un soir qu’il tombait nez à nez avec un ange. Ce dernier tenait un livre dans ses mains. Il expliqua rapidement à l’alchimiste en herbe que le livre était bénit d’entre tous les livres, et qu’un jour il arriverait à en percer les mystères.

Nicolas Flamel trouve, en 1357, le fameux manuscrit qu’il a entrevu dans son rêve.
Flamel lui-même en écrivit : "L'ouvrage était soigneusement relié et protégé par une épaisse couverture de cuivre repoussé, ornée de lettres et d'étranges dessins en relief... Il m'apparut que je ne saurais déchiffrer ces mots qui n'étaient ni latins ni grecs... Quant aux pages intérieures, les signes m'en semblèrent avoir été gravés avec un stylet de métal sur de l'écorce..."

Il s’agit du Livre d’Abraham le Juif . Un manuscrit dès plus rares, édition unique et numérotée. Sur la première page, l'inscription suivante était tracée en lettres d'or : "Ahraham le Juif, Prêtre. Prince. Lévite. Astrologue et Philosophe 1506, au Peuple Juif dispersé en France par la Colère de Dieu, Souhaits de Prospérité". La dédicace était suivie d'anathèmes proférés à l'encontre de quiconque ouvrirait ce livre sans être prêtre ou scribe. Flamel pouvait se considérer comme scribe, aussi s'enhardit-il à poursuivre sa lecture.

L'auteur du Livre se proposait d'aider le peuple juif à s'acquitter des lourdes taxes exigées par les Romains en lui enseignant le secret de la transmutation des métaux en or.
Les instructions à suivre, si elles étaient claires et précises, se référaient malheureusement toutes à l'ultime phase du processus.
En ce qui concernait les premières étapes, les seules indications fournies étaient soi-disant contenues dans les illustrations des quatrième et cinquième pages.
Flamel trouva bien lesdites illustrations aux dites pages, mais, à son grand désappointement, il était impossible de déchiffrer ces figures à qui n'était pas versé dans la kabbale. Il aurait fallu connaître ces antiques traditions et avoir étudié les livres sacrés.


Rencontre avec Maître Canches
Malheureusement, Nicolas est bien incapable de traduire la plupart des symboles qui composent l’ouvrage. Et pourtant, il possédait déjà quelques volumes du même acabit (tel le manuscrit de chimie d’Almasatus), et bénéficiait d’une certaine culture en la matière.

Pendant, plus de vingt ans, il s’évertue à déchiffrer le manuscrit. En vain. Mais Flamel n’est pas du genre à baisser les bras. Son épouse, Dame Pernelle, lui suggère alors de se rendre en Espagne pour y consulter, dans la ville de Léon, un médecin juif réputé fort savant, un certain Maître Canches, qui pourrait peut-être jeter quelque lumière sur cette énigme.
Flamel décide donc d'effectuer le pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle. Prenant le bâton du pèlerin, il se joint à l'un des innombrables groupes se dirigeant vers le célèbre sanctuaire, non sans avoir pris soin de se munir d'une copie des illustrations.

En apercevant les dites gravures, Maître Canches est transporté d'étonnement et de joie, et y reconnaît là un fragment d'un livre qu'il croyait à jamais perdu. Il décide aussitôt de revenir en France avec Flamel afin de consulter l'ouvrage. Mais, à Orléans, terrassé par la maladie, il s'éteint rapidement. Après avoir mis en terre son nouvel ami, Flamel rentre seul à Paris.

"Je détenais, a-t-il raconté, le secret des éléments fondamentaux, mais non celui de leur préparation première, ce qui représentait une incommensurable difficulté... Mais je trouvai enfin ce que je cherchais si ardemment, et que je reconnus à sa senteur pénétrante... Je pouvais désormais accomplir le Magistère... La première fois que j'effectuais la transmutation, ce fut avec du mercure, dont je transformais une demi livre 227 g en argent fin, plus pur que celui qui sort de la mine, ainsi que je le vérifiais en en faisant l'essai. Ceci eut lieu un lundi, le 17 janvier, en l'an de grâce 1382, à mon logis et en présence de mon épouse Pernelle."


Transmutation en Or
Trois mois plus tard, Nicolas Flamel réussit sa première transmutation en or.
Maître Nicolas et Dame Pernelle sauront faire bon usage de la fortune qui leur échoit ainsi, car l’ouvrage étant de nature divine, Nicolas Flamel a décidé d’utiliser ses pouvoirs à bon escient, et de faire bon usage de la fortune ainsi amassée :
"14 hôpitaux, 3 chapelles et 7 églises, toutes sises en la ville de Paris, nouvellement bâties grâce à nos soins et dotées de magnifiques ornements et de revenus. ...Et nous avons fait à Boulogne presque autant qu'à Paris, sans parler des nombreuses aumônes que nous avons distribuées personnellement aux indigents, et principalement aux veuves et aux orphelins."

Nicolas Flamel meurt le 22 mars 1418, à l’âge de 80 ans, un âge bien avancé pour l’époque.

Quant au "Livre d’Abraham le Juif", il n'en existe toujours que deux exemplaires : l'original (à la Bilbiothèque Nationale), et une copie (à la Bibliothèque de l'Arsenal), mais aucun des deux n'est disponible à la consultation.


La légende Flamel
En 1419, après la mort de Flamel, d'étranges rumeurs commencent à circuler : la pierre philosophale serait cachée dans l'une de ses anciennes demeures. La ruée vers l’or est ouverte. Ses maisons sont fouillées méticuleusement, certaines seront mêmes détruites, ne laissant qu'un tas de pierres. Mais on ne trouva rien !

On raconte aussi que le libraire et son épouse seraient toujours vivants. Dans le cercueil de Dame Pernelle n'aurait été placé qu'une simple bûche, et Flamel aurait pris les mêmes dispositions concernant ses propres funérailles.
Et la légende persistera aux siècles suivants : le riche alchimiste aurait conquis l'immortalité.

Ainsi, en 1712, le grand voyageur Paul Lucas aurait rencontré en Asie Mineure un éminent philosophe turc, qui lui révèle que les véritables philosophes détiendraient le pouvoir de prolonger la vie humaine d'un millier d'années...
"Je pris alors la liberté de citer l'illustre Flamel, qui possédait, dit-on, la pierre philosophale et qui n'en est pas moins mort."
Mon interlocuteur sourit de ma naïveté et me dit d'un air ironique : "Pouvez-vous réellement croire cela ? Non mon ami, Flamel est bien vivant. Ni lui ni son épouse n'ont connu la mort. Il n'y a pas plus de trois ans que je les ai vus pour la dernière fois en Inde ; c'est l'un de mes bons amis."

En 1761, Flamel et Dame Pernelle auraient été vus à l'opéra de Paris. Plus tard des rumeurs analogues circuleront à propos du comte de Saint-Germain, supposé lui aussi avoir découvert l'élixir de longue vie.

Mais l'alchimiste et son épouse n'ont pas fini de hanter les rues de leur ville : au milieu du siècle dernier, ils rôdaient sur le boulevard du Temple, du moins si l'on en croit Ninian Bres, l'auteur passablement oublié du "Corbeau menteur" :

"D'une taille légèrement inférieure à la moyenne, il se tenait quelque peu voûté sous le poids des ans, mais gardait néanmoins le pas ferme et l'oeil clair. son teint, étrangement délicat et comme transparent, rappelait le vieil albâtre. Tout comme la femme qui l'accompagnait son épouse, de toute évidence, bien qu'elle parût à la fois un peu plus âgée et plus énergique elle portait des vêtements dont la mode remontait à quelques années seulement, mais qui offraient néanmoins un caractère indéfinissable d'antiquité. Je me tenais à demi caché sous un porche, tout au bout du boulevard du Temple ; mes mains étaient toutes tachées par les acides, et mon pardessus gardait des relents de charbon. Comme le couple passait à ma hauteur, Flamel tourna la tête vers moi et sembla sur le point de me parler, mais Pernelle l'entraîna et ils se perdirent rapidement dans la foule.
Vous vous demandez sans doute comment je peux être si sûr qu'il s'agissait bien de Nicolas Flamel ! Eh bien ! je vous répondrai que j'ai passé bien des heures à la Bibliothèque nationale, penché sur le livre d'Abraham le Juif. Si vous regardez attentivement la cinquième page, tout en bas à droite, représenté parmi ceux qui cherchent l'or dans leur jardin, vous pourrez voir le visage qui me fixa ce soir-là sur le boulevard du Temple, et qui n'a pas cessé depuis de hanter mes nuits."



Extraits de bibliographie
Nicolas Flamel nous a laissé quelques écrits :
- "Le Livre des Figures Hiéroglyphiques"
- "Le mystère des cathédrales"
- "L'interprétation ésotérique des symboles hermétiques du grand oeuvre"
- "Oeuvres"





La seule maison de Nicolas Flamel existant encore se trouve au 51, rue de Montmorency, dans le quartier du Marais, à Paris. Ses initiales encadrant toujours l'entrée, elle attire de nombreux visiteurs. Elle est classée monument historique et abrite "L'Auberge Nicolas Flamel", un restaurant.
Elle présente aujourd'hui un double intérêt, puisqu'elle fut d'une part le lieu de résidence de l'un des plus célèbres et des plus mystérieux des parisiens, et qu'elle est, d'autre part, la plus ancienne maison de Paris : elle date de 1407.
 
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