Le Petit Monde d'Audrey
 
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Audrey
Pierma a écrit :

Amusante, la possibilité d'annuler le contrat jusqu'au premier souper !

ça permettait de juger des conditions de travail, je pense.


...et aussi des conditions de repas ! N'oublions pas qu'à l'époque "la soupe" (comme le fait d'être logé, même s'il s'agissait souvent d'une place dans la paille de la grange) faisait entièrement partie de la rémunération des valets de ferme et saisonniers. Il arrivait parfois que certains patrons offrent une si mauvaise pitance que les valets allaient trouver de quoi gagner leur pain ailleurs.
Pierma
Amusante, la possibilité d'annuler le contrat jusqu'au premier souper !

ça permettait de juger des conditions de travail, je pense.
ThunderLord
Il y en a toujours, c'est un des plus vieux métiers du monde
LK
Et il y avait des assasins dans le tas ?
ThunderLord
Dis donc, on se faisait bien confiance à l'époque... Essayez de faire ça de nos jours
Audrey
La Foire aux Gages

Dès le XVIIIème siècle, le 1er janvier (Saint Corentin), dans le chef-lieu du Finistère, valets de ferme et travailleurs saisonniers se rendaient sur la grand-place pour se louer aux fermiers.
Cette foire aux gages réunissait en un jour tous les valets et saisonniers libres du Quimpérois.
Pour se distinguer, ils tenaient à la main une baguette blanche, symbole d’émancipation au temps du servage, pour montrer que, si la veille encore ils étaient des subordonnés, ce jour-là, ils sont encore les égaux de leurs futurs maîtres.
Suivant les travaux pour lesquels ils se louaient, les garçons portaient à leur chapeau un épi ou une fleur de bruyère, les charretiers portaient leur fouet autour du cou, les moissonneurs portaient leur faucille (enveloppée pour ne blesser personne sur la place publique)


L’existence de cette « foire aux gages » ne se limitait pas au Finistère, ni même à la Bretagne : partout en France, une fois l’an, se déroulait sur les places des gros bourgs cette rencontre maîtres/futurs domestiques.
Des dates précises étaient fixées, suivant les régions et les cantons, et le type d’employés recherchés (valets de ferme et travailleurs saisonniers, domestiques et servantes).


On retrouve de nombreuses traces de cette pratique, comme, par exemple, dans cette lettre du Procureur Général de Paris, adressée le 8 août 1757 à un juge d’une seigneurie du centre du Royaume : il y est dit que « la règle générale dans le louage des domestiques est le contrat annuel. Si le maître est content d’un domestique agricole, c’est à lui à si bien faire ses conditions avec lui que son domestique ne soit point tenté de se louer à un autre. Mais, dès que le nouveau maître a loué un domestique dans les assemblées où ils ont coutume de se louer, il a traité avec ce domestique sur la foy publique et il est en droit de le réclamer partout où il se trouve. »


L’engagement des saisonniers se faisait sur le champ de foire. Jamais de contrat écrit : échange de paroles et une tape dans la main, en public, puis un verre offert par le maître au cabaret du coin, suffisaient à conclure le recrutement.


En ce qui concerne le valet de ferme, c’est lors de l’engagement en public que le maître lui versait des arrhes (le fameux « denier à Dieu », c’est-à-dire non-compris dans les gages). Le valet devait commencer son travail à la date fixée. Mais il pouvait encore renoncer à travailler pour son nouveau maître s’il trouvait mieux ailleurs : ce n’est en effet qu’après avoir goûté la soupe à la ferme que le « contrat » devenait définitif. S’il avait trouvé mieux avant cette soupe, il lui suffisait de rendre le « denier à Dieu » au maître et de partir ailleurs.


Aucun âge minimum n’était fixé pour la louée lors de la foire aux gages. Il était fréquent d’y trouver des enfants, parfois seulement âgés de neuf ou dix ans, venus quémander du travail : soit que leur famille se soit agrandie au point de ne plus permette la subsistance pour tous, soit après maladie ou décès d’un père ou d’une mère, obligeant l’enfant à se louer pour rapporter quelques sous. Commençait alors un très dur apprentissage de la vie, souvent loin des siens, et avec un statut de domestique corvéable à merci du soir au matin.


En 1900, on trouve encore trace dans les écrits de « foires aux gages » dans le Roannais (Loire). Mais les louées ont perduré par endroit jusqu’en 1950-1960 !
 
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