Un choix tout aussi étrange que son parcours...');">
Pierma a écrit :
Alan Turing s'est suicidé en imprégnant une pomme avec du cyanure
Un choix tout aussi étrange que son parcours...
Pierma |
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Audrey |
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Pierma |
![]() Les Trois Rouges Que sont-ils devenus ? Jugé en 1945, Roessler sera libéré pour services rendus, sur la parole du général Guisan. Alexander Foote est libéré également : il n’a pas espionné la Suisse, mais les nazis. Il part rejoindre Rado à Paris. L’ambassade russe les met dans un avion pour Moscou. Rado sait que le Centre est furieux : il n’a pas réussi à identifier ses informateurs allemands, qui pourraient encore être utiles. De plus, Rado a été envoyé en Suisse, par les chefs de l’espionnage militaire russe, fusillés en 1937. Qui sait s’il n’a pas comploté lui aussi contre Staline ? Dans le même avion, il y a Léopold Trepper, le chef de l’Orchestre Rouge. Un survivant. Trepper et Rado, pour les mêmes raisons idiotes, vont passer 9 ans à la Loubianka, la prison du KGB. Après la mort de Staline, ils seront réhabilités, libérés… et décorés. Alexander Foote, bon militant communiste anglais sur lequel ne pèse aucune suspicion, est invité à venir prendre des cours à Moscou. Il sera le seul occidental à passer par le centre de formation du KGB. Devenu officier du renseignement soviétique, il est envoyé à Berlin en 1948. Il en profite pour repasser du côté allié. Tout savoir des méthodes des agents du KGB en allant suivre leur formation, que demander de plus ? L’Intelligence Service se passionne pour l’enseignement du KGB, mais Foote est mis en retraite : on se demandait s’il n’était pas devenu un petit peu russe. Un mot sur un homme à peine entrevu : le mathématicien Alan Turing. Il occupe une place importante dans l’histoire des mathématiques au 20ème siècle - pour un complément essentiel au fameux théorème de Gödel - et dans l’Histoire pour avoir été le pivot du travail de décryptage d’Enigma, en particulier pendant les moments les plus dramatiques de la Bataille de l’Atlantique. Sa machine à décrypter a permis d’automatiser le travail et d’en utiliser plus rapidement les indications. Cette exploitation rapide était vitale dans la bataille de l’Atlantique, pour lancer la chasse aux sous-marins allemands ou détourner les convois anglais. Elle a servi également en Russie, on vient de le voir, puis en Normandie. Alan Turing a également travaillé avec les Américains à la conception de l’ENIAC, le premier ordinateur de l’Histoire. Celui-là servait au décryptage automatique des codes japonais et aux calculs nécessaires au projet atomique. ![]() Alan Turing. "Ce qui m’intéresse n’est pas de mettre au point un cerveau puissant, rien qu’un cerveau médiocre, dans le genre de celui du président de l’American Telephone and Telegraph Company." Le génie d’Alan Turing a été mal remercié. Il se trouve qu’il était homosexuel. Dans l’esprit d’un militaire borné de l’époque, être homosexuel constituait un « security risk » Parce qu’il vit dans la dépravation, parce qu’on peut le faire chanter en menaçant de révéler son « anomalie » etc… Turing savait absolument tout sur les derniers développements de l’électronique, des ordinateurs et du décryptage. Il était donc, du point de vue des militaires alliés, une cible fragile pour l’espionnage russe. Dans la réalité, Alan Turing ne cachait pas son homosexualité, et l’espion russe qui aurait essayé ce chantage aurait provoqué chez lui un beau fou rire. Mais Turing aggravait son cas en se trouvant un petit ami allemand et en faisant des séjours dans l’Allemagne de la Guerre Froide. Les militaires anglais et américains ont commencé à le harceler et ne l’ont plus lâché. Il a dû subir un traitement médical pour « guérir sa maladie » et une inquisition constante de sa vie privée. Il a fini par décider de se suicider. Destin injuste qui appelle la compassion : il est rare qu’un mathématicien génial soit victime de la stupidité militaire… pour avoir sauvé son pays. |
Pierma |
![]() ![]() Voici le dernier épisode. |
ThunderLord |
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Audrey |
![]() Un grand, grand merci ![]() |
Pierma |
![]() Les Trois Rouges La clé de l’énigme. Commençons par donner la solution. Qui était ce groupe d’officiers allemands à qui les Russes ont donné le nom de code Lucy ? Réponse : personne ! Ce groupe d’officiers n’existait pas. La Gestapo pouvait toujours fouiller Berlin : le capitaine Roessler se fournissait ailleurs. Il n’a jamais franchi la frontière allemande et ne recevait aucun informateur allemand. Après l’attaque allemande contre la Russie, les Anglais ont retenu la leçon. Staline se méfie des informations transmises directement par eux. Même lorsqu’il s’agit d’un sujet vital. Certes, Staline a pu constater que les Anglais ne lui mentaient pas : l’événement leur a donné raison. Mais combien de fois encore Staline fera-t-il des erreurs de ce genre ? Sir Claude Dansey a un second souci : ni les Russes, ni surtout les Allemands ne doivent savoir que Bletchley Park décrypte les transmissions allemandes. Si les Russes l’apprennent, ils vont exiger le mode d’emploi. Est-ce bien souhaitable de leur donner cet atout dont on dispose ? De plus, s’ils sont informés, ça augmente le risque que les Allemands l’apprennent et modifient leur machine Enigma. Dans ce cas, finis les décryptages. Sir Claude Dansey a une idée : si on veut que les Russes prennent en compte des renseignements fiables, il faut que leurs espions les trouvent eux-mêmes. C’est un réflexe humain dans les services secrets : on a davantage confiance dans les renseignements qu’on a découvert soi-même. Ceux que des collègues étrangers vous donnent… on n’a jamais une confiance absolue. Et les Russes sont particulièrement méfiants et paranos. Evidemment, on leur donnera toutes les informations utiles pour eux, mais il faut qu’ils s’imaginent que ces informations viennent d’Allemagne. Dansey propose de leur faire croire à l’existence d’un groupe d’informateurs constitué d’officiers allemands, et de faire transmettre par ce groupe imaginaire les informations dont les Russes ont besoin. Il a justement à sa disposition cet agent, Alexander Foote, qu’un réseau russe en Suisse vient de recruter. La suite est assez simple : Alexander Foote va inventer la source Lucy. Il prend contact avec Roessler, honorable correspondant de l’Intelligence Service, et ils montent le coup ensemble. Roessler prétendra disposer d’informateurs à Berlin, sur lesquels il gardera le secret – pas difficile : ils n’existent pas. Il transmettra ensuite tous les renseignements que lui fourniront les Anglais, et qui proviennent du décryptage quotidien effectué à Londres. Cerise sur le gâteau : la Gestapo va passer deux ans à chercher en Allemagne des traîtres qui n’existent pas. C’est un excellent moyen pour créer un climat de suspicion au plus haut niveau de l’appareil militaire allemand. Le plan d’invasion de la Suisse est une aubaine : Dansey sait parfaitement que les Suisses vont demander des explications aux nazis. Il réussit à provoquer une purge dans les services de transmission de Berlin. Les Allemands mettent eux-mêmes le désordre dans leur propre organisation. On ne pouvait rêver mieux. Le général Guisan est sans doute prévenu par l’ambassadeur anglais en Suisse que ce réseau russe est sous contrôle et peut être utile à la Suisse : on lui transmettra tous les renseignements qui peuvent l’intéresser, et Dieu sait si cet honnête homme se méfie des initiatives nazies et de leurs agents en Suisse allémanique. On comprend mieux ainsi les lenteurs de la police fédérale. Au total, une opération parfaitement réussie. Les Russes ignoreront longtemps qu’ils étaient renseignés par les Anglais. A la fin de la guerre, Sir Claude Dansey prend sa retraite avec la satisfaction du devoir accompli. Il en a fait bien d’autres, d’ailleurs. L’explication de ses succès tient en une phrase : face à un professionnel d’une telle maîtrise, la Gestapo n’était vraiment pas à la hauteur. Prochain et dernier post : que sont-ils devenus ? |
Pierma |
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Ce sera un plaisir d'ête lu par papa Coolness. ![]() |