Le Petit Monde d'Audrey
 
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Audrey
"Le Violon", magnifique et poignante fiction sur la lutte armée des paysans mexicains


Don Angel Tavira sur le tournage du film "Le violon"

Poignant et magnifique, sans jamais tomber dans le pathos, "Le violon", premier long-métrage de Francisco Vargas qui sort mercredi sur les écrans français, raconte la lutte armée d'une famille d'indiens, paysans et musiciens, dans une région montagneuse du Mexique occupée par l'armée gouvernementale.

En noir et blanc, "Le violon" s'ouvre par une sèche séquence de torture, dont la victime, liée pieds nus à une chaise, n'est vue que de dos, filmée par une caméra posée au sol, créant une asphyxiante impression de réalisme.

Le ton est donné.

Dans cette région montagneuse du Mexique, la violence brute, implacable, des militaires s'abat comme la foudre, frappant n'importe qui, n'importe quand.

Les hommes en uniforme pillent, torturent et exécutent des paysans dont le crime est d'appartenir à l'un des peuples indigènes rejetés aux marges de la société mexicaine depuis des siècles.

Dans un petit village de cette montagne roccailleuse, vivent Don Plutarco (Don Angel Tavira), frêle veil homme à la voix éraillée, son fils Genaro (Gerardo Taracena) et son petit-fils Lucio (Mario Garibaldi).

Le grand-père, bien que manchot, joue du violon, l'archet noué à son avant-bras, le fils joue de la guitare, tandis que l'enfant fait la manche.

Mais tous 3 font aussi partie d'un mouvement de rébellion armée paysane, la "guerrilla campesina" qui dénonce la misère et réclame des terres.

Un jour, les militaires pillent le village et l'occupent.

Ignorant le danger, Don Plutarco décide d'y retourner jour après jour, juché sur sa mule, jouer de la musique pour le chef mélomane qui lui a confisqué son violon, et tenter de récupérer les munitions enfouies dans son champ de maïs...

Francisco Vargas laisse peu de répit au spectateur en filmant, caméra à l'épaule, en 98 minutes d'une tension constante, le quotidien de la résistance souterraine des plus humbles contre l'armée de leur propre pays.

Des gestes anodins, tels que l'achat d'un fromage à une vendeuse de rue, ou le trajet de retour des champs à l'arrière d'une camionnette sont, pour ces combattants en guenilles, l'occasion de faire passer un message ou une arme.

Avec un extraordinaire sens du cadre, Vargas filme de paisibles paysages arides où des hommes en uniforme, surgis de nulle part, apportent le chaos, et donne au combat de ces paysans, terrés dans la forêt, une dimension épique.

Lorsque Don Plutarco signe laborieusement un papier, de son écriture ronde de paysan, Vargas montre à la fois la candide fierté de son petit-fils et l'ironie rouée du riche propriétaire terrien qui lui vend une mule.

Avec sobriété, par ce bref plan, il dit des siècles d'exploitation.

"J'ai toujours eu envie d'écrire un scénario sur la réalité occultée du Mexique, ceux que Luis Bunuel en 1950 appelait 'Los Olvidados' ", dit Francisco Vargas, qui revendique l'héritage du cinéma néo-réaliste mexicain. "Pour se faire entendre, ces voix oubliées vont jusqu'à recourir à la voie armée".

D'une grande pureté formelle, "Le violon" doit beaucoup à la magnétique présence de Don Angel Tavira, vieux comédien aux joues creuses et au regard douloureux, couronné du prix d'interprétation masculine dans la section "Un certain regard" du dernier festival de Cannes.

Tous les autres comédiens, non professionnels, sont eux aussi époustouflants.
 
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