| "Si l'abeille venait à disparaître, l'homme n'aurait plus que quelques années à vivre", disait Eistein Des parlementaires veulent faire toute la lumière sur la surmortalité des abeilles, et réclament une commission d'enquête : une demande co-signée par une quarantaine de députés de tous bords, a été déposée mardi par le député-maire de Vienne, Jacques Remiller (UMP). "L'apiculture vit depuis dix ans la plus grave crise de son histoire en France et en Europe", s'est alarmé devant la presse M. Remiller. Chaque année, 1 500 apiculteurs cessent leur activité en France, 5 000 emplois étant ainsi menacés. Et depuis dix ans, la production de miel a chuté de 33 000 tonnes à 10 000 tonnes actuellement (30 kg par ruche), a-t-il indiqué. "C'est un problème de société et de biodiversité", a-t-il martelé. "Si l'abeille venait à disparaître, l'homme n'aurait plus que quelques années à vivre", a-t-il lancé, citant Albert Einstein. Les butineuses jouent un rôle majeur pour l'environnement, 80% des cultures de la planète dépendent de la pollinisation. "Nous avons le sentiment que les bonnes décisions n'ont pas encore été prises dans ce dossier", a estimé M. Remiller. Car la surmortalité des abeilles continue alors même que les produits incriminés (deux insecticides, Gaucho et régent TS) sont suspendus depuis deux ans, a-t-il ajouté. Les causes de la surmortalité des abeilles sont dues à plusieurs facteurs, avait montré une étude de l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa). "On ne peut pas invoquer une cause unique", a assuré le député, citant entre autres, les parasites, notamment le Varroa, un acarien nuisible venu d'Indonésie qui décime des colonies entières dans toute la France, et le manque de nourriture de qualité pour les abeilles. L'hiver dernier avait été marqué par une forte mortalité de colonies d'abeilles, un phénomène que Jean-Paul Faucon, chercheur à l'Afssa, avait attribué aux maladies mais également aux substances toxiques et à la sécheresse liée au changement climatique. Pour recréer un environnement favorable à la nutrition des abeilles, le réseau "Biodiversité pour les Abeilles" a mis en place avec succès en juillet dernier une quarantaine de jachères apicoles fleuries réparties sur 400 hectares à travers toute la France. La disparition des haies, provoquée notamment par le développement de l'agriculture intensive, est également en cause dans la survie des insectes à qui elles assurent le gîte et le couvert. L'abeille noire commune de nos régions (Apis mellifera mellifera) qui représente encore 70 à 80% du cheptel français, est par ailleurs menacée par la concurrence de variétés importées, plus adaptables mais dont la capacité à assurer la pollinisation d'écosystèmes spécialisés n'est pas bien connue, selon des scientifiques du CNRS. "Et voilà maintenant que les abeilles du sud-ouest sont menacées par un frelon venu d'Asie", s'est lamenté M. Remiller. Débarqué en France caché dans un chargement de poteries chinoises fin 2004, cette grande guêpe carnassière, Vespa velutina, un redoutable prédateur pour les abeilles, est en train de coloniser rapidement l'Aquitaine et son éradication semble impossible. M. Remiller a souhaité qu'une décision de principe sur la création d'une commission d'enquête soit prise avant la fin de la législature avec l'espoir qu'elle soit opérationnelle au début de la prochaine. Cette commission devra évaluer les décisions prises depuis dix ans pour enrayer la surmortalité des abeilles, juger de la bonne utilisation des fonds européens par la filière apicole et définir une politique nationale de sauvegarde des abeilles. (Source : AFP - 20/02/07) |
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