Le Petit Monde d'Audrey
 
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Audrey
(AFP - 02/07/06)
Les nuages d'ozone, invisibles meurtriers des récoltes


Les nuages d'ozone qui planent par beau temps sur les citadins attaquent aussi l'environnement et les cultures : à court terme, la pollution de l'air coûtera économiquement plus cher que le changement climatique, selon des chercheurs européens.

En 2030, l'ozone pourrait infliger à l'Inde 20% de pertes sur ses récoltes, alors que le réchauffement climatique et la modification du régime de précipitations devraient altérer sa production de moins de 5%, indique Frank Raes.

Ce chercheur néerlandais et son équipe du Centre Commun de Recherches (Joint Research Center) de la Commission Européenne à Ispra (Italie) étudient l'exposition de l'agriculture à l'ozone par le biais de 4 cultures (blé, riz, soja et maïs), afin d'en calculer le coût.

Mais il a une autre idée en tête : "Quand le gouvernement américain ou la Chine considèrent que le coût économique de Kyoto est trop élevé, nous devons leur faire prendre conscience qu'en diminuant leurs émissions de CO2 (dioxyde de carbone, l'un des principaux gaz à effet de serre), ils commenceront par réduire la pollution de l'air".

"Ce qui est bon pour le climat vaut aussi pour l'air. Mais s'ils continuent à brûler du charbon, leurs récoltes vont en pâtir", reprend-il. "Et mieux vaut les encourager à contrôler leur pollution, car l'ozone est un grand voyageur".

Les Etats-Unis ont refusé de ratifier le protocole de Kyoto, la Chine et l'Inde l'ont fait mais ne sont pas soumis à ce stade à des objectifs contraignants de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre.

Le coût de l'ozone, d'après les premiers résultats des études préliminaires, s'élève déjà à 5 milliards de dollars de pertes annuelles en Inde et 2,5 mds en Chine, les deux pays les plus exposés devant l'Iran, le Pakistan, la Turquie et les deux côtes nord-américaines.

En Europe, l'impact de l'ozone sur les cultures agricoles a été évalué à plus de 6 milliards d'euros par an, selon une étude britannique publiée en 2002.

Dans la haute atmosphère, l'ozone protège les organismes vivants du rayonnement solaire en absorbant une partie des U.V, mais il nuit à basse altitude en cas de forte concentration . Ce qui se produit lors de températures élevées par l'effet du rayonnement solaire sur certains polluants automobiles et industriels.

Sur les hommes, il provoque des gênes respiratoires, sur les plantes il entrave les capacités de reproduction et la croissance.

Au sein de l'UE, 80 stations mesurent en permanence les polluants atmosphériques. Pour surveiller la présence d'ozone en mer, Frank Raes a même installé une station de mesure sur un ferry italien qui croise en Méditerranée, de Gêne à Alexandrie.

Pour l'heure, les relevés effectués sur le ferry ont montré que l'ozone est encore plus présent au-dessus de l'océan qu'en ville...

Mais autant les autorités publiques se sont attaquées à la pollution automobile et industrielle, autant celle des pétroliers géants et autres navires est laissée de côté : "Personne ne s'en occupe, mais d'ici 15 à 20 ans, les bateaux seront devenus les principales sources de pollution à l'ozone", prédit Frank Raes.
 
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