Le Petit Monde d'Audrey
 
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Audrey
Les "Diogènes" :
ascètes ou entasseurs pathologiques



"Diogène"
par Lecomte de Noüy (1842-1923)

La découverte, en Haute-Savoie, d'une octogénaire morte depuis des mois dans son capharnaüm illustre le syndrome méconnu des "Diogènes", vivant dans l'incurie, en entasseurs pathologiques.

"Ce qui les caractérise, note le Dr Laurence Hugonot, médecin gériatre à l'Hôpital Broca (Paris XIIIe), c'est leur syllogomanie (une accumulation d'objets hétéroclites), leur aspect hirsute et leur refus de toute aide".

"Seul, un 'porteur de panier' de quelques vivres, un habitué qui ne remet pas en cause leur mode de vie, est autorisé à pénétrer dans leur antre".
"Pour résumer leur mode de vie extrême, explique le Dr Jean-Claude Monfort, psycho-gériatre à l'Hôpital Saint-Anne (Paris), les Diogènes ont besoin de tout, mais déclarent n'avoir besoin de rien".

Le "Syndrôme de Diogène", terme utilisé pour la première fois en 1975 en référence au philosophe grec (Ve siècle avant J.-C.) qui vivait dans un tonneau et méprisait les hommes, évoqué depuis longtemps, reste même mal défini.

Si quelques uns de ces "mendiants thésauriseurs" (car la plupart sont aisés) vivent à la rue, la majorité restent cloîtrés chez eux, reclus dans leur incurie, derrière leur rempart de coquilles d'huîtres, de paperasses, de poupées de foire.

Un rempart aléatoire : deux frères milliardaires vivant comme des Diogènes dans le New York des années 1930, étaient décédés... étouffés sous l'éboulement d'une tranchée située au milieu des objets qu'ils avaient accumulés.

Florence, 55 ans, évoque une visite à une tante, au plus fort de la canicule qui régnait en France à l'été 2003, comme une "épreuve insoutenable".
"Sa chambre ressemblait à un taudis. Des piles de magazines s'y entassaient jusqu'au plafond. On ne pouvait parvenir à son lit qu'en franchissant un amoncellement d'objets jonchant le sol. Une odeur suffocante régnait dans ce bel appartement du XVIe arrondissement", rapporte-t-elle. "Il ne fallait toucher à rien sous aucun prétexte".

Le Syndrôme de Diogène s'expliquerait, selon le Dr Monfort, par une sorte de cataclysme survenu entre 0 et 3 ans. "Se retrouvant seul, en carence affective, l'enfant, pour survivre, aurait été amené à faire un choix non conscient : ne jamais compter sur autrui".
"Mais, parvenues à l'âge adulte, ces personnes à l'intelligence hors normes, et à la personnalité affirmée, peuvent s'effondrer d'un instant à l'autre".

"Toute la difficulté est de les découvrir, de prévenir une catastrophe, alors qu'elles risquent d'être brûlées dans un incendie (en raison de l'état d'insalubrité de leur appartement), gelées pour avoir ouvert des fenêtres, ou de mourir, faute de soins".

Une étude en cours, menée dans le XVe arrondissement de Paris, par les Dr Hugonot, Monfort et par Isabelle Péan, conseillère en économie sociale et familiale au CLIC (Centre local d'information et de coordination gérontologique) y dénombre "au moins 124 Diogènes". "Par extrapolation, il y en aurait plus de 2.000 à Paris, mais c'est compter les cas-limite".

"Lorsqu'on est alerté par un voisin, en raison d'une odeur insupportable (certains vivent avec des cadavres d'animaux), il faut agir avec tact et prudence, les amener à accepter une aide, sans jamais les brusquer", souligne Isabelle Péan.
"Priver brutalement un Diogène de son environnement peut entraîner un stress majeur, voire une mort par suicide".

(AFP - 08/01/09)
 
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