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La MARQUISE du CHÂTELET, 1ère femme de sciences

Audrey
   Posté le 29-06-2006 à 00:09:07   

La MARQUISE du CHÂTELET, 1ère femme de sciences
(1706 - 1749)



En 1706, naissait à Paris Gabrielle Émilie Le Tonnelier de Breteuil, future Marquise du Châtelet, et première femme de sciences de notre histoire .

Émilie naît dans une famille fortunée. Son père, le Baron de Breteuil, est l'Introducteur des Ambassadeurs de Louis XIV.
Émilie se montre vite très douée pour les langues, les mathématiques et les sciences.
A 12 ans, elle lit, écrit et parle couramment l'allemand, le latin et le grec. Elle passe la majeure partie de son temps dans sa chambre pour étudier. Elle aime également la danse, se débrouille convenablement au clavecin, chante de l'opéra, fait du théâtre en amateur, et a un talent artistique sensiblement au-dessus de la moyenne.



Elle épouse en 1725, à 19 ans, le marquis du Châtelet , issu d'une famille lorraine de grande noblesse, mais sans fortune, qui fait une carrière militaire.

Émilie est d'une intelligence si grande que les autres femmes et la plupart des hommes l'évitent. Elle ne dort que trois ou quatre heures, montre une vitalité hors du commun, et ne porte aucun intérêt aux ragots et aux conversations futiles. Elle manifeste un très grand intérêt pour les choses de l'esprit, et n'accepte de fréquenter que ses égaux qui ne consistue qu'en un petit nombre d'hommes.
Elle fréquente ainsi les meilleurs scientifiques de son temps, dont Clairaut, Euler et Bernouli.



Émilie eût trois amants avant sa rencontre avec Voltaire.
A 24 ans, elle a pour amant le Duc de Richelieu , pendant une année et demie. Le Duc s'intéresse à la littérature et à la philosophie, et Émilie est l'une des rares personnes qu'il juge à son niveau et avec laquelle il peut s'entretenir.

Émilie lit tous les livres importants, va régulièrement au théâtre et apprécie les débats culturels. Elle montre en particulier un grand intérêt pour le travail d'Issaac Newton, et Richelieu l'encourage à prendre des leçons en Mathématiques afin de mieux comprendre ses théories.



En 1733, elle prend donc des leçons de mathématiques avec Moreau de MAUPERTUIS, membre de l'Académie des Sciences, qui lui enseignera la gométrie. Il est mathématicien, astronome et physicien. Il est en outre un ardent défenseur des théories de Newton, qui sont l'objet de grands débats à l'Académie.

Émilie désire assister aux réunions régulières du mercredi à l'Académie de Sciences, au Louvre. Malheureusement, les femmes ne sont pas admises à ces réunion dans lesquelles les dernières avancées scientifiques sont débattues.

Émilie est dans les meilleurs termes avec les amis de Maupertuis qui se réunissent chez Gradot, un café fréquenté par les scientifiques, les philosophes et les mathématiciens. Mais les femmes ne sont pas non plus admises dans les cafés.

Quand elle se voit refuser l'entrée chez Gradot, Émilie se fait faire un ensemble de vêtements d'homme, réussit ainsi à entrer dans le café et se joint à la table de Maupertuis. Maupertuis et ses amis l'acclament et commandent une tasse de café pour elle. Les propriétaires feignent de ne pas remarquer qu'ils servent une femme. Ils ne veulent pas perdre leur illustre clientèle. C'est ainsi qu'Émilie devient une habituée de chez Gradot. Elle arrivait toujours remarquablement habillée... en homme.



Au 18e siècle, les femmes n'ont pas accès à l'enseignement supérieur. Pour contourner ce problème, Émilie loue les services de professeurs qui viennent lui enseigner la géométrie, l'algèbre, le calcul et la physique. Par ailleurs, elle étudie seule une grande partie de la journée. Elle passe entre 8 et 12 heures chaque jour dans son bureau à lire et à écrire.



Puis elle rencontre VOLTAIRE, au printemps 1733, et se lie avec lui. Voltaire la rejoint en 1735 dans le château de son mari à Cirey (Champagne).
Voltaire et Émilie y constituent une bibliothèque de plus de 21 000 ouvrages, ce qui est l'équivalent d'une bonne bibliothèque d'université dans les années 1700.

Au château, ils installent un cabinet de physique : microscope, globe céleste, compresseur de gaz, plans inclinés inspirés de ceux que Galilée utilisa pour expérimenter les trajectoires des masses pesantes...

Dans son introduction aux "Eléments de la Philosophie Naturelle de Newton" publié en 1737, Voltaire indique qu'Émilie et lui-même ont collaboré à l'écriture de cet ouvrage. Tous deux sont convaincus que le fait de traduire en Français ce texte dans lequel Newton explique les principes de la gravitation, de l'optique et de la lumière est d'une très grande importance. Après ce projet commun, Émilie poursuit ses études sur les mathématiques et termine la traduction des "Principia" que Voltaire fait publier après sa mort.

Émilie lit de nombreux traités de physique et de mathématiques, et travaille sans compter les efforts.



On lui doit une traduction complète et commentée des Principia de NEWTON, ouvrage fondateur de la physique classique.

Émilie rédige d'importants ouvrages scientifiques, dont sa monumentale traduction française des Principia : "Réflexions sur le bonheur", "Examen de la Génèse", "Examen des Livres du Nouveau Testament", etc.

Au cours de sa vie, les disciplines qu'elle affectionnent le plus sont la physique, les sciences, les mathématiques, la philosophie morale, la métaphysique, l'histoire, et la critique théologique.



En 1748, elle rencontre un jeune noble, SAINT-LAMBERT, dont elle tombe enceinte et qui l'abandonne. Émilie meurt l'année suivante, quelques jours après avoir accouché d'une petite fille, et quelques heures après avoir envoyé le manuscrit de son commentaire sur NEWTON à la Bibliothèque du Roi.

Peu après la mort d'Émilie, en 1749, Voltaire écrivait à l'un de ses amis : "Je n'ai pas perdu une maîtresse, mais la moitié de moi-même. Un esprit pour lequel le mien semblait avoir été fait."