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La librairie française de New York se meurt

Audrey
   Posté le 03-01-2009 ŕ 02:34:41   

La librairie française de New York vit ses derniers jours


Emmanuel Molho dans son bureau de la Librairie de France
le 29 décembre 2008 à New York

Dehors, les hordes de touristes photographient le Rockefeller Center, sa patinoire et son sapin de Noël. Dedans, les rayons se vident lentement de leur stock de livres : après 73 ans d'existence, la librairie française de New York va fermer ses portes en 2009.

Les raisons de la disparition de cette véritable institution, à New York et dans le monde, sont simplement commerciales : le bail arrive à échéance en septembre et la société propriétaire de l'immeuble de la 5e avenue augmente le loyer, actuellement de 360.000 dollars, à 1 million par an.

Le prix des livres vendus n'est pas de nature à encourager les acheteurs, en tout cas pas les passants qui sont dans le quartier essentiellement pour faire leur shopping dans les boutiques de vêtements, de cosmétiques ou d'électronique.

"Evidemment nous vendons 20 dollars un livre qui coûte 5 euros à Paris, mais les frais d'envoi existent aussi lorsqu'on commande sur internet. Non, ce qui a changé c'est toute la culture de la librairie, et le Rockefeller Center est devenu un simple centre commercial", proteste Emmanuel Molho, un septuagénaire qui gère la librairie familiale avec ses deux enfants.

Son père Isaac Molho, arrivé aux Etats-Unis en 1928, avait fréquenté un établissement scolaire français à Athènes, et avait rencontré à Paris des responsables de l'éditeur Hachette. Invité à ouvrir une librairie par David Rockefeller, qui tenait à voir des Européens occuper les bureaux situés dans son immeuble, il lança l'affaire en 1935.

Pendant la guerre, la librairie se doubla d'une maison d'édition, "La Maison Française", qui publia des auteurs fuyant le nazisme comme André Maurois, Jules Romains ou Antoine de Saint-Exupéry.
"L'imprimeur était mon oncle", raconte Emmanuel Molho dans une interview à l'AFP. Et les maquettes imitaient celles des ouvrages de la "collection blanche" de l'éditeur français Gallimard.

"Les années 60 ont été les plus glorieuses, la langue française était à la mode, nous avions 50 salariés, nous importions deux tonnes de livres par semaine, qui arrivaient avec la Compagnie générale transatlantique, à bord de paquebots comme le France", raconte M. Molho.
"C'était un salon autant qu'une boutique : les clients étaient des Américains francophiles, des Sud-Américains francophones de passage, ils restaient pour bavarder, à l'époque on commandait 3.000 exemplaires au moins du dernier Prix Goncourt, aujourd'hui quelques dizaines tout au plus", se souvient-il.

M. Molho a fermé en 1993 une deuxième librairie française qu'il avait au sud de Manhattan, et en 1994 sa librairie française de Los Angeles.

La France est restée insensible à ses appels, en dépit de lettres envoyées à la ministre française de la Culture Christine Albanel, et le président français Nicolas Sarkozy, venu à un dîner au Rockefeller Center en septembre, n'a pas franchi le seuil de la "Librairie de France", souligne le libraire.

Si les livres en français ne se vendent plus, la hausse vertigineuse des baux commerciaux a porté l'estocade au commerce. La moitié de l'espace ayant pignon sur rue a d'abord été cédé en 1980 à la marque de produits cosmétiques française L'Occitane.

Aujourd'hui, le sous-sol poussiéreux recèle quelques trésors, et les livres de la "Bibliothèque rose" côtoient dans un désordre suranné les vieux Guides Michelin, des planches de mode féminine publiées à Paris dans les années 1920 ou "Salsette découvre l'Amérique" de Jules Romains publié à New York en 1942.

Emmanuel Molho va prendre sa retraite à New York et peut-être "se mettre au piano", laissant à sa fille le soin de perpétuer les affaires familiales sur un site internet.

(AFP - 02/01/09)
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Décidément, la France ne s'améliore pas côté littérature, et le manque de soutien des gouvernements successifs pour la langue française devient de plus en plus criant !!

La "Librairie française" est (il faudra malheureusement bientôt écrire "était" ) un des piliers du rayonnement de la littérature française outre-Atlantique. La laisser mourir, c'est, finalement, finir d'enterrer la langue française (déjà bien malmenée depuis quelques générations), et de lui couper les vivres.
Félicitations à notre cher gouvernant qui, en de pareilles circonstances, ne s'est pas même donné la peine de franchir le seuil d'un tel endroit, ne serait-ce que pour apporter un "soutien moral" et montrer par là même l'intérêt de la France à la diffusion de sa propre littérature !!