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Les Lettres du père d'ANNE FRANK

Audrey
   Posté le 16-02-2007 à 03:25:47   

Les lettres du père d'Anne Frank, ou comment la famille tenta de fuir aux Etats-Unis


Photographie d'Otto Frank (d) et de ses filles Anne (c) et Margaret

De poignantes lettres écrites par le père d'Anne Frank ont été rendues publiques à New York mercredi, qui racontent les démarches désespérées de la famille pour tenter de fuir les persécutions nazies et trouver refuge aux Etats-Unis.

"Anne Frank pourrait être aujourd'hui une femme de 77 ans, écrivain et vivant à Boston", a relevé Richard Breitman, professeur d'histoire à l'American University (Washington), depuis l'Institut Yivo pour les Recherches juives, où les documents ont été récemment et fortuitement découverts.

Pour l'Institut et les historiens, la découverte est majeure : "on ne savait pas à quel point le père, Otto, avait désespérément tenté de faire sortir sa famille des Pays-bas occupés par les nazis".

Les 65 documents, dont 3 lettres écrites par Otto Frank, montrent ses tentatives en 1941 pour faire admettre aux Etats-Unis sa famille : lui et son épouse Edith, et leurs deux filles, Margot et Anne, l'adolescente future auteur du célèbre "Journal".

Otto Frank demandera aussi, en solution de repli, un visa pour Cuba, qu'il obtiendra, mais on ignore s'il en reçut jamais la nouvelle.

Dans ses lettres, il sollicite un ami américain, Nathan Straus Jr, fils du fondateur du grand magasin Macy's, rencontré sur les bancs de l'université d'Heidelberg en Allemagne.
"Je suis contraint de me tourner vers l'émigration. Peut-être te souviens-tu que nous avons deux filles. Ce sont les enfants dont il faut nous soucier. Notre propre sort a moins d'importance", écrit-il à son ami, lui demandant une caution financière pour sa demande de visas.

"Je ne demanderais pas si les conditions ne me forçaient pas à faire tout ce que je peux pour éviter le pire", écrit-il encore.

Le reste des documents montrent les efforts (finalement vains) de M. Straus et d'autres, notamment du frère d'Edith installé aux Etats-Unis, auprès des administrations américaines, services d'immigration, département d'Etat.

Mais à l'époque les politiques américaines d'immigration deviennent plus restrictives, notamment par craintes pour la sécurité nationale, peur de l'espionnage en particulier. "La famille Frank avait de bons contacts, mais ce fut insuffisant... En 1941, c'était déjà tard, et finalement ce fut trop tard", dit M. Breitman.

Otto Frank décidera alors de cacher les siens dans l'annexe de son entreprise d'Amsterdam, où ils resteront près de deux ans et où Anne rédigera son fameux journal, jusqu'à ce que la famille soit trahie et déportée.

Seul Otto survivra (il sera libéré d'Auschwitz en janvier 1945). En rentrant à Amsterdam, il trouvera le journal de sa fille, qui sera publié en 1947 et deviendra un des livres les plus lus au monde. M. Frank mourra en Suisse en 1980.

"Avec la publication de ces documents, le sort des Frank devient encore plus poignant, la famille ne pouvant s'échapper, même avec l'aide et le soutien d'un Américain influent, Nathan Straus Jr", dit Carl Rheins, directeur de l'Institut Yivo.

D'abord recueillis par le Service National des Réfugiés, qui dans les années 30 oeuvrait aux Etats-Unis au rapprochement des familles juives, ces documents ont été retrouvés par hasard à la mi-2005 à l'Institut par une archiviste bénévole, qui s'est arrêtée sur le dossier parce qu'une date de naissance manquait sur la couverture.

Leur existence n'a cependant été révélée que récemment, en raison de contraintes sur les droits d'auteur.

Les documents sont aujourd'hui conservés à l'Institut Yivo, au sein du Centre pour l'histoire juive de New York, et accessibles notamment aux universitaires et chercheurs.

(Source : AFP - 14/02/07)