Sujet : Indélébilités | | Posté le 12-03-2007 à 17:16:24
| INDELEBILITES I I. Vivre sans vous voir Assez de lunes mornes ; je marchais seul, et vous passiez à l’inconditionnel de la route. J’en avais assez de vous imaginer. Votre visage s’efface, et je n’ai plus de photos. Je voudrais vous saisir et vous regarder, de force. Perdre vos gestes, à vous faire perdre la raison, pour que vous sachiez seulement la violence que je dépense à vos « pensées meurtrières » de « déjà vu » ; opposer la pureté de ma voix à vos objections nées du passé révolu que j’accuse d’être un prétexte trop usé pour encore servir à vos mouvements éphémères, vos mortes et stériles nuits. II. Une épreuve -Dépêche-toi. Ton avion va prendre son élan. Il pourrait partir sans toi… (Tu resterais alors ici-bas, pensai-je, dans cet enfer torride qu’est l’amour que je te porte). -J’espère que je te manquerai, me répondit-elle. Puis elle posa sa silhouette sur le tapis roulant. Ainsi je la regardai s’éloigner, avec, en pensée, sa dernière phrase qui me torturait maintenant les tempes. « J’espère que je te manquerai ». Je souris. Elle avait encore gagné. Je ferai de son absence une compagne morbide sur laquelle m’extasier tristement. Son retour programmé dans douze mois sera sous peu un film que je me repasserai inlassablement. Du moins, les premiers jours. C’est pourquoi je la regardai s’éloigner jusqu’à sa disparition, face au quai d’embarquement. Quelques minutes plus tard, je me trouvai au parking C14, annexe de l’aérogare. J’avais croisé un flic. Il m’avait demandé mon badge, et glissé la puce de ladite carte dans son « c.i.el.». Contrôle o.k. Je gagnai mon véhicule, une Ford Falina. Assis, je fus pris d’un coup de fatigue émotionnel, j’appuyai mes coudes sur le volant. Au bout de quelques minutes, je me repris et tapai mon code « d’allumage système de contrôle » (ASC) et demandai l’allumage du moteur, qui se mit à tourner, lascif. Je commençai à palper la détresse de l’absence; tout devint agressif, décor maudit : Sarah me manquait déjà. Elle pouvait dormir tranquille. En survolant l’Atlantique, elle découvrira l’azur diamanté d’un amour que la distance ne désintégrera pas. Quand elle débarquera sur le sol américain, j’aurai désactivé tous les numéros qu’elle détient pour me joindre. Autant ne plus exister pour elle, du moins pour le moment. La porte blindée de mon conapt fermée, je lançai mes clefs sur la table du séjour, puis je m’assis face à la console de mon ordinateur, délibérément fonctionnel vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Après avoir désactivé les numéros dont je parlais plus haut, je consultai mes messages. Rien de très important. Je me servis un Gin orange et, assistai au journal de 16 heures sur TV5. Les informations formaient dans mon esprit des nébuleuses lointaines dont je ne me souciais guère. ... |
| | Posté le 12-03-2007 à 23:26:35
| Waouh, je suis impressionnée ! J'aime beaucoup ta manière d'écrire, le choix du vocabulaire..... Eh bien, je dirai même que c'en est prenant. Si tu as d'autres nouvelles, n'hésites pas à les publier. En tout cas, chapeau bas ! |
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