Sujet : Les GLACIERS du Groënland foncent vers la mer | | Posté le 19-02-2006 à 03:26:47
| (AFP)
Les glaciers du Groënland foncent vers la mer !
La calotte glaciaire du Groenland réagit au réchauffement de la planète en accélérant ses mouvements vers l'océan. La calotte groenlandaise gagne de la masse grâce à la neige qui tombe sur elle... mais en perd par ses bords, où des fleuves de glace se déversent dans l'océan. Dans un climat réchauffé, quel processus va dominer l'autre ? Cette énorme masse de glace, haute de 3 km, s'étend sur une surface de 1,7 million de km2. Sa disparition hisserait le niveau marin de 6 mètres... bouleversant la vie de centaines de millions d'hommes. Jusqu'à présent, les glaciologues avaient tendance à miser sur les précipitations. Et à repousser loin, mille ans au moins , la disparition de la calotte groenlandaise. Aujourd'hui, dans Science , un article trouble cette vision rassurante et met en question les prévisions du niveau océanique à l'échelle du siècle. Eric Rignot , jeune chercheur formé à l'Ecole centrale de Paris, poursuit une brillante carrière d' analyste de données satellitaires en interférométrie radar des calottes antarctique et groenlandaise à la Nasa . Avec Pannir Kanagaratnam , il s'est penché sur les données du satellite Radarsat-1 canadien en 2000 et 2005, ainsi que sur celles d'ERS-1, ERS-2 et Envisat , trois satellites radars européens , en 1996 et 2004. Toutes données confrontées à des études complexes de dynamique des glaciers, pour réaliser la première étude tenant compte des changements récents de la vitesse de déplacement des glaciers pour estimer la masse perdue chaque année. Bilan : ça glisse sur les bords, surtout dans le sud-est du Groenland, et de plus en plus vite. Ainsi, le glacier Kangerdlugssuaq , stable en vitesse de 1966 à 1996, accélère de 210 % entre 2000 et 2005. Les changements les plus importants se déroulent dans le sud-est. Les 21 plus grands glaciers y ont accéléré de 57 % entre 1996 et 2005. A l'échelle du Groenland, la perte de glace totale était de 91 km3 par an en 1996, 138 km3 en 2000 mais 224 km3 l'an dernier, ont-ils calculé. Pour les deux auteurs, cette accélération doit être mise en relation avec la hausse récente des températures : plus 3° C à Angmassalik (65,6°N, 37,6° Est) entre 1981-1983 et 2003-2005, qui favorise la fusion à la surface. De l'eau peut alors se glisser jusqu'à l'interface entre le roc et la calotte, via des crevasses, et la lubrifier, un peu comme l'huile d'un moteur. Surtout, cette dynamique semble véritablement liée au réchauffement des deux dernières décennies . «Une comparaison de données récentes avec d'autres obtenues en 1957-1958 suggère que les changements observés à l'heure actuelle sont sans précédent sur les derniers cinquante ans» , explique Eric Rignot. Ce dernier a d'ailleurs publié en 2004 dans Geophysical Research une étude montrant une accélération de grande ampleur des glaciers de la péninsule Antarctique . «Ce genre d'observation, avertit Rignot, remet en question les prédictions du niveau marin à un siècle. Elles pourraient se révéler deux ou trois fois trop faibles si on se base sur les tendances actuelles.» Jusqu'à présent, les océanographes considéraient que l'essentiel de la hausse du niveau marin allait dépendre de la dilatation thermique de l'océan de surface. En fonction des différents scénarios d'émissions de gaz à effet de serre et de prévisions de température, ils envisagent une hausse allant de 10 à 90 cm d'ici à 2100 . A l'inverse, pour le glaciologue, «le comportement des glaciers qui se déversent dans la mer est le plus important pour comprendre comment la calotte va évoluer dans un climat qui se réchauffe» . Les modèles utilisés pour prédire la perte de glace et la contribution au niveau marin «sont inadéquats, car ils ne tiennent pas compte des changements dans la vitesse des glaciers du bord qui glissent vers la mer» , explique-t-il. Si construire ou faire fondre une calotte glaciaire prend des millénaires, les glaciers en mouvement peuvent réagir plus vite au changement de température. Mais, concède-t-il «rien de tout cela n'est linéaire, il reste donc difficile de prédire sur le long terme» . L'avertissement lancé par cet article peut également s'appuyer sur les études réalisées à l'occasion des forages à travers toute l'épaisseur de la calotte. Elles ont montré, rappelle Jean Jouzel, directeur de l'institut Simon-Laplace, qu'« il y a 120 000 ans, lors de la période chaude qui a précédé la dernière ère glaciaire, la calotte polaire groenlandaise était à la même altitude que maintenant en son centre, alors que le niveau des océans était nettement plus élevé, suggérant que son volume avait diminué des deux tiers. Eclaircir cette énigme pourrait aider à anticiper le futur» .
Message édité le 19-02-2006 à 03:27:35 par Audrey |
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