Sujet :

Epuisement des réserves de MERBAU d'ici 35 ans

Audrey
   Posté le 26-05-2007 à 12:01:30   

Les écologistes veulent débarrasser les planchers du merbau


Des bûches de merbau à Guangzhou, en Chine

Poser chez soi un plancher de merbau est à la mode. Mais ce bois tropical dur, aux jolies teintes brunes ou rouges, est surexploité et menacé de disparaître, s'alarment les écologistes.

Selon Greenpeace, qui a présenté vendredi à Jakarta un rapport pessimiste, les réserves de merbau seront épuisées d'ici 35 ans.

"Ce très beau bois est l'un des plus prisés du Sud-Est asiatique", souligne le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE).
"Résistant aux termites, le merbau est un "excellent bois d'oeuvre polyvalent. Il est utilisé dans l'habitat, les fenêtres, portes, encadrements, placages décoratifs et sols (il sert aux fameux 'planchers en merbau' )", note le PNUE.

Autrefois présent dans tout le Sud-Est asiatique et les îles du Pacifique, le merbau ne se trouve plus qu'en Nouvelle-Guinée, du moins en quantité commercialisable.

Cette vaste île est partagée entre deux pays : l'Indonésie, qui possède la Papouasie occidentale, et la Papouasie Nouvelle-Guinée (PNG), à l'est.

Le gouvernement de Jakarta a interdit en 2005 l'exportation des grumes de merbau, mais pas celles des madriers , qui partent vers le Vietnam, l'Inde et surtout la Chine pour être transformés.

Selon Rully Syumanda, de l'ONG Walhi, la Chine avait commandé à l'Indonésie un million de mètres cubes de merbau pour ses chantiers des Jeux olympiques de 2008. Mais l'Empire du milieu fait surtout office d'atelier géant de blanchiment du bois abattu de façon sauvage.

La déforestation illégale représente selon Greenpeace 76 à 80% des coupes en Indonésie et 70 à 80% des coupes en PNG.
Comme souvent derrière les catastrophes environnementales, d'importants enjeux financiers sont à l'oeuvre, explique Yayat Afianto, de l'association de défense de la nature Telapak.

Acheté 11 dollars aux villageois papous, le mètre cube de merbau atteint selon lui 125 dollars à son arrivée dans un port chinois, d'où il repart semi-transformé avec une valeur de 250 dollars, pour atteindre finalement 2 000 dollars sous forme de lattes sur les marchés américains et européens.

Le commerce du merbau entraîne des ravages dans les immenses forêts humides de Papouasie, un des derniers paradis préservés du monde.

Les arbres, qui peuvent culminer à 50 mètres, sont en effet rares, de 5 à 10 par hectare. Pour prélever un tronc les exploitants abattent en moyenne 45 autres arbres, créant de terribles tranchées dans la forêt équatoriale.

Greenpeace accuse le gouvernement indonésien d'avoir livré aux tronçonneuses la Papouasie, en accordant de trop nombreuses concessions aux exploitants. "Nous exigeons un moratoire sur les concessions", a déclaré Hapsoro, un responsable de Greenpeace.

Il affirme que 83% des réserves de merbau en Nouvelle-Guinée ont déjà été coupées ou promises au défrichage. L'interdiction d'exporter les grumes est souvent contournée en les cachant dans des conteneurs.

Les militants écologistes demandent l'inscription rapide du merbau dans l'une des annexes de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES).

Selon Greenpeace, l'Union internationale pour la préservation de la nature (IUCN) estime que le merbau "encourt un risque élevé d'extinction à l'état sauvage dans un proche avenir".

(AFP - 25/05/07)