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DUTRIEU (Hélène -)

Audrey
   Posté le 01-04-2006 à 01:49:14   

Hélène DUTRIEU,
un sacré "bout de femme" !




Surnommée "quart de Vichy" par ses amis en raison de sa petite taille, la belge Hélène DUTRIEU est aussi volontaire qu’elle est menue.

Née à Tournai (Belgique) le 10 juillet 1877 , elle a 14 ans quand elle doit abandonner l’école pour gagner sa vie.

Sportive dans l’âme, elle se lance dans une carrière cycliste, couronnée de plusieurs titres mondiaux : elle emporte en 1895, à 18 ans, le record de l’heure, ainsi qu’en 1897, à Ostende, le championnat du monde de vitesse sur piste, et, en 1898, le Grand Prix d’Europe.
Hélène DUTRIEU devient alors celle que les journalistes surnomme "la flèche humaine".

Hélène Dutrieu gagne ensuite Paris, où elle se lance dans une carrière de comédienne.
Après avoir assisté au spectacle à la mode "looping the loop" , elle décide d’en faire autant, sinon mieux.
Elle abandonne donc la bicyclette pour la motocyclette, et effectue ses premiers loopings à motocyclette, dans une cage grillagée.

Hélène Dutrieu pratique la motocyclette de 1899 à 1903, puis se tourne vers l’automobile , de 1904 à 1907.

Après avoir assisté à un vol de WRIGHT, elle décide de devenir aviatrice au cours de l’été 1908, et sera la première femme belge pilote d’avion, et la seconde femme pilote d’avion (après la Baronne de Laroche, une française).

Sa légèreté est un atout : les usines Clément-Bayard lui offre aussitôt de piloter leur nouvel avion, "la Demoiselle" .


L'aéroplane "La Demoiselle".


A 31 ans, elle n’a jamais piloté. Santos Dumont, à qui elle demande conseil, la renvoie assez froidement.
Le jour prévu pour le vol, en décembre 1908, un mécanicien donne quelques recommandations à Hélène DUTRIEU. Elle décolle, monte comme une flèche, mais effrayée, pousse le manche vers l’avant et atterrit brutalement. L’avion est complètement détruit.
Assagie par cette expérience, Hélène DUTRIEU apprend à manier "la Demoiselle", mais l’appareil, un aéroplane de 50 chevaux, était bien trop instable. Après quelques semaines, elle démissionne.

Elle n'arrête pas de piloter pour autant !
Dès 1909, elle bat plusieurs records, et défraie la chronique en volant sans corset !

En avril 1910, elle écrit alors à René SOMMER. Celui-ci vient de construire le biplan portant son nom, avion énorme comparé à la frêle "Demoiselle".
Convaincu par Hélène DUTRIEU de ses qualités de pilote, SOMMER lui confie son avion. L’aviatrice décolle. A peine en l’air, elle aperçoit la Meuse, et veut absolument éviter le fleuve, pourtant pas bien large. Elle réussit ainsi, contre son gré, son premier virage.
Revenue au-dessus de la prairie d’où elle a décollé, elle voit bien les gestes d’appel lancés par SOMMER et les quelques témoins du vol, mais elle n’atterrit pas. Elle n’ose pas atterrir ! Après 20 minutes de vol, elle doit bien prendre la décision de se poser et réussit parfaitement.

En mai 1910, elle participe au meeting d’Odessa. Au cours d’un passage à basse altitude, elle accroche la cheminée d’une petite maison et se trouve au sol, son appareil complètement démoli. SOMMER casse alors le contrat : il vient d'apprendre que son aviatrice n'a jamais suivi le moindre cours de pilotage !

Revenue en France, à Mourmelon, elle y rencontre Dick FARMAN qu’elle avait connu à l’époque où ils faisaient tous deux du vélo.
Il accepte de lui confier un avion ... sans moteur. Il se refuse à effectuer pareils frais !
Hélène DUTRIEU va donc trouver Monsieur Seghin, Directeur de GNOME... et elle obtient son moteur !
Dick FARMAN insiste alors pour qu’elle passe son brevet de pilote.



Le 23 août 1910, elle réussit toutes les épreuves du brevet de pilote, mais à la suite d’une réclamation injustifiée, l’Aéro-Club de France décide de la faire recommencer.
Or elle a un engagement. Blankenberge, à cette époque organise une manifestation aérienne, et elle a bien l’intention d’y participer !

Hélène DUTRIEU décolle donc le 3 septembre 1910 de la plage de Blankenberge avec à son bord son premier passager : BEAU, son mécanicien.
Elle pique résolument sur la campagne en direction de Bruges. Elle survole la vieille ville flamande, contourne son admirable beffroi, puis reprend le chemin de la plage d’où elle s’était envolée.
Hélène DUTRIEU vient, sans le savoir, de réussir plusieurs grandes premières et d’entrer dans la légende :

— première femme belge pilote d’avion
— première femme au monde ayant exécuté un vol au dessus de la campagne
— premier aller-retour, ville à ville sans escale, accompli par une femme pilote
— premier aller-retour, ville à ville sans escale, accompli par une femme pilote avec passager
— première femme ayant effectué un vol avec passager
— record (officieux) d’altitude : environ 400 m.
— record (officieux) de durée : environ 35 à 40 minutes
— record (officieux) de distance : environ 45 km

Dès le lendemain, Hélène DUTRIEU est célèbre.

L’Aéro-Club de Belgique décide de lui octroyer son brevet de pilote : il porte le n° 27, et est daté du 23 novembre 1910.
Seuls 26 pilotes masculins l’ont donc précédée en Belgique, mais au niveau mondial féminin elle se classe deuxième, devancée uniquement par l’aviatrice française, la baronne de la Roche, qui a obtenu son brevet six mois auparavant.



Le 5 décembre 1910, sur un biplan FARMAN, elle gagne la Coupe Fémina, parcourant 60,8 km en 1h09 min. Elle devient ainsi la première femme à tenir l’air durant plus de 60 minutes .

Toute l’année 1911 est consacrée aux meetings et exhibitions dans toute l’Europe.

Hélène DUTRIEU est baptisée d’un nouveau surnom : “la femme épervier”, en référence aux nombreux risques qu’elle prend lors de ses meeting aériens. Certaines de ses cascades, dont les piqués, sont tellement époustouflantes qu’elles sont immédiatement interdites par les autorités !

Le 14 mai 1911, elle remporte à Florence la Coupe du Roi d’Italie, battant tous ses concurrents masculins, parmi lesquels VEDRINES et TABUTEAU.

En octobre, à New York, elle inscrit son nom sur la liste des records américains d’altitude et de distance, avec un vol de 1h 05 min 15 sec.
Elle remporte enfin, en décembre de la même année, la deuxième Coupe Fémina, avec un vol de 254,8 km en 2h58.



En 1913, le gouvernement français lui accorde la Légion d’Honneur , et elle devient également Officier de l’Ordre Léopold, en Belgique .

En 1914, la Grande Guerre met fin à la brillante carrière d’aviatrice d’Hélène DUTRIEU .
Au début du conflit, elle est au front en tant qu’ ambulancière pour la Croix Rouge française . Puis on lui confie la direction des ambulances de l’hôpital Messimi .

Sa célébrité reste intacte, et, à la fin de l’année 1914, l e Général GALLIENI lui demande officiellement de participer à des conférences de propagande aux Etats-Unis, ce qu’elle fait avec enthousiasme, en 1915 et 1916.
Puis elle regagne la France où elle dirige l’hôpital de campagne du Val de Grâce, jusqu’à la fin du conflit .

Après la guerre, Hélène DUTRIEU entame une carrière de journaliste.

En 1922, à 45 ans, elle épouse Pierre MORTIER , journaliste, écrivain et député, et devient ainsi, par son mariage, de nationalité française.
Son mari lui confie alors l’administration des revues dont il est le créateur .

Mais, à partir de 1946, après la disparition de son époux, Hélène DUTRIEU cesse définitivement ses activités d’administratrice de revues .

Elle tient désormais à se consacrer plus étroitement à la promotion de l’aviation en général, et de l’aviation féminine en particulier .

Vice-Présidente de la section féminine de l’Aéro-Club de France, elle crée la Coupe Hélène DUTRIEU-MORTIER , dotée de 200 000 Francs de prix pour l’aviatrice qui, seule à bord de son appareil, parviendra à parcourir la plus grande distance en ligne droite sans escale.

En 1953, elle reçoit la médaille de l’Aéronautique.

Hélène DUTRIEU décède à Paris le 25 juin 1961, à l’âge de 84 ans.
Nelly
   Posté le 14-04-2006 à 14:49:35   

Effectivement : un sacré bout de femme !!
Le moins qu'on puisse dire, c'est que sa vie fut bien remplie.
Elle mérite d'autant plus un coup de chapeau qu'elle évoluait dans un monde purement masculin ! Quoiqu'à l'heure actuelle, je ne pense pas que le pourcentage de femmes pilotes soit si élevé que ça...