Sujet : DELTA ROUMAIN du DANUBE : Espoirs et Craintes | | Posté le 05-01-2007 à 12:59:06
| (AFP - 05/01/07)
Espoirs et craintes pour le delta roumain du Danube après l'entrée dans l'UE L'entrée de la Roumanie dans l'Union Européenne s'accompagnera de fonds importants pour le développement du delta du Danube, une source d'espoirs mais aussi d'inquiétude pour cette région qui est l'une des plus riches réserves naturelles au monde. Surnommé le "paradis sauvage", le delta du Danube accueille chaque printemps des millions d'oiseaux migrateurs, venus d'Afrique, pour nicher dans ses étangs. Cette région humide a survécu au projet de l'ancien dictateur Nicolae Ceausescu de la drainer pour y faire de l'agriculture intensive. Mais aujourd'hui le delta est confronté à un nouveau défi : résister à la corruption et au risque de développement incontrôlé. L'idée est toutefois de ne pas tuer la poule aux oeufs d'or, à savoir les oies à col rouge ou les pélicans dalmatiens que viennent admirer les touristes. "Il y a plein d'argent européen qui arrive mais aussi plein d'intérêts opposés", dit Daniel Petrescu, guide et photographe. "Le ministère de la Sylviculture veut des arbres dans la steppe qui borde le delta, - le ministère de l'Industrie veut des carrières et des éoliennes, - le ministère du Tourisme veut des hôtels et des routes asphaltées pour attirer les touristes, - et le ministère de l'Environnement veut protéger la faune et la flore sauvages et l'habitat", explique-t-il. Sur le papier, le delta et les steppes avoisinantes du Doborgea, s'étalant au total sur 6 000 km2, sont strictement protégés par les lois roumaines et européennes. "Mais la pression est immense, car tout le monde veut en tirer du profit", souligne M. Petrescu. L'Autorité de la réserve du delta du Danube (ARBDD) ne voit ainsi pas de contradiction entre tourisme et conservation. "Nous voulons attirer davantage de touristes et préserver les oiseaux et les plantes", indique le gouverneur de l'ARBDD Paul Cononov. Mais ce projet, pour lequel M. Cononov espère obtenir 140 millions d'euros de la part de Bruxelles, est émaillé de nombreuses contradictions, estiment ses critiques. L'ARBDD se propose de protéger les zones humides et réorienter vers le tourisme l'économie de cette région pauvre, axée jusqu'ici sur la pêche. Le premier objectif reviendrait à retourner les polders de l'époque Ceausescu à leur état naturel, enrayer le braconnage et arrêter les constructions illégales, indique M. Cononov. Un objectif qui fait l'unanimité, notamment en ce qui concerne le braconnage des esturgeons, dont le caviar se vend à Paris au moins 40 euros le pot de 30 grammes. Le second impliquerait la construction de routes et de réseaux de canalisation pour faire face à l'afflux de touristes, ainsi que des investissements dans l'énergie renouvelable, sans compter la collecte des déchets. Pour M. Petrescu toutefois, le tourisme à grande échelle n'est pas une solution. "Les gens veulent voir des endroits sauvages. Si on les détruit, ils iront ailleurs", dit-il. "Le tourisme est bon s'il aide à régénérer le delta. Mais pour l'instant il n'est pas contrôlé et ne fait que tout détruire", dit de son côté Gheorghe Hornoiu, un ingénieur. En outre, les écologistes accusent l'agence pour la protection de l'environnement de Tulcea (est) de donner des autorisations pour la construction d'éoliennes avec des fonds européens, dans la zone protégée, ce qui aboutirait à sa destruction. "Les oiseaux volent au-dessus des collines pour nicher dans les étangs au-delà", dit M. Petrescu. "Or s'il y a du brouillard ou si la volée est très grande, ils risquent de voler droit dans les lames des éoliennes. Ce serait un désastre". |
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