Sujet : Décès de JEAN-PIERRE VERNANT | | Posté le 11-01-2007 à 01:15:16
| (AFP )10/01/07)
Décès du philosophe et historien Jean-Pierre Vernant Jean-Pierre Vernant lors d'un séjour en Grèce Le philosophe et historien, Jean-Pierre Vernant, héros de la Résistance et l'un des grands spécialistes mondiaux de l'antiquité grecque, est mort mardi à l'âge de 93 ans, a-t-on appris mercredi auprès de sa famille. Né le 4 janvier 1914 à Provins (Seine-et-Marne), orphelin à 8 ans, il suit des études de philosophie et devient cacique de l'agrégation dans cette discipline en 1937. Décrit par Claude Levi-Strauss comme "un frère en mythologie", ce professeur honoraire au Collège de France et agrégé de philosophie, Compagnon de la Libération, s'est imposé dès son premier ouvrage, "Les origines de la pensée grecque" (1962), comme un des interprètes les plus novateurs de la mythologie grecque. Celle-ci incarne "le goût de la liberté et du débat intellectuel qui rendent la vie plus belle", confiait-il à l'Express en 2003. Défenseur de l'enseignement du grec, qui "ne sert à rien sauf à fabriquer le cerveau, à composer ce qui s'appelle la culture", Vernant a établi de nombreux ponts entre la Grèce antique et la société contemporaine, en explorant les mécanismes qui ont conduit à la naissance concomitante de la pensée moderne, de la politique et de la démocratie. Jeune militant antifasciste entré dans les Jeunesses communistes alors qu'il n'a pas 20 ans, il est des bagarres dans le Quartier latin contre les tenants de l'Action française. Démobilisé à Narbonne en 1940, il devient professeur à Toulouse, où il se lie avec Ignace Meyerson (1888-1983), fondateur de la "psychologie historique" dont il a suivi le cours à la Sorbonne, et par lequel il rejoint la Résistance. Début 1942, il entre dans le réseau Libération-Sud, fondé par Emmanuel d'Astier de la Vigerie, avant de commander les Forces françaises de l'intérieur de Haute-Garonne sous le pseudonyme du "colonel Berthier". Après la guerre, ce "fervent champion de la variété" (selon l'expression de son ami Pierre Vidal-Naquet) qui restera membre du PCF jusqu'en 1970 tout en ne ménageant pas ses critiques, s'aménage un espace de liberté dans l'étude de la Grèce ancienne. Commence une longue carrière de chercheur : attaché, puis chargé de recherches au CNRS, il est ensuite directeur d'études à l'Ecole pratique des hautes études de 1958 à 1975. Deux ans après la publication de son premier livre, il fonde le Centre de recherches comparées sur les sociétés anciennes. De 1975 à 1984, il est professeur au Collège de France, titulaire de la chaire des études comparées des religions antiques. Artisan de plusieurs ouvrages collectifs, Vernant a notamment publié : - "Mythe et pensée ches les Grecs" (1965, Maspero), - "Mythe et société en Grèce ancienne" (1974, Maspero), - "La Mort dans les yeux. Figure de l'autre en Grèce ancienne" (1985, Hachette), - ou encore "L'Individu, l'amour, la mort" (1989, Gallimard). Publié au Seuil, "Entre mythe et politique" (1996) est un ensemble de textes qui retrace son double parcours de militant et de chercheur. "La mythologie affirme l'idée qu'il n'est pas de problème qui ne puisse être résolu par l'enquête intellectuelle et le débat culturel", affirmait celui que tous décrivent comme un homme chaleureux et modeste. Embrassant la Grèce ancienne et le XXe siècle autour des notions d'engagement, de mémoire et de mort héroïque, son dernier ouvrage, "La traversée des frontières" (2004, Le Seuil) aborde les difficultés qu'a l'historien à aborder "avec le détachement nécessaire les faits passés qui imprègnent encore le souvenir des contemporains". Il était membre du comité de parrainage de la Coordination française pour la Décennie de la culture de paix et de non-violence. Il soutient, depuis sa création en 2001, le fonds associatif Non-Violence XXI. |
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