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Décès d'André SCHWARZ-BART

Audrey
   Posté le 02-10-2006 à 13:29:22   

(AFP - 02/10/06)
Décès d'André Schwarz-Bart
Prix Goncourt 1959 pour "Le dernier des Justes"

L'écrivain André Schwarz-Bart, Prix Goncourt 1959 pour "Le dernier des Justes", est décédé samedi à Pointe-à-Pitre (Guadeloupe) des suites d'une intervention de chirurgie cardiaque, a-t-on appris dimanche auprès de sa famille.

André Schwarz-Bart s'était installé en Guadeloupe, dont son épouse Simone est originaire, dans le courant des années 1970.
Il avait été le premier écrivain à faire oeuvre, avec "La mulâtresse Solitude" en 1972, de littérature avec un épisode de l'histoire tourmentée de cette île où l'esclavage a été aboli une première fois, en 1794, rétabli en 1802 et définitivement aboli en 1848.

D'origine juive polonaise, André Schwarz-Bart était né le 23 mai 1928 à Metz, dans une famille pauvre arrivée en France quatre ans plus tôt.

"Ma langue maternelle est le yiddish. J'ai appris le français dans la rue et à l'école communale", déclare-t-il au lendemain de son prix.

En 1941, il trouve refuge avec sa famille près d'Angoulême. Ses parents et deux de ses frères y sont arrêtés fin 1942 et disparaîtront en déportation.
Il apprend alors le métier d'ajusteur à l'école professionnelle de Sillac, puis finit la guerre dans les maquis de la Résistance.

Après le conflit, ce petit homme au regard bleu découvre la lecture, il est fasciné par "Crimes et châtiments" de Dostoïevski, et se plonge dans les ouvrages d'ethnologie et de philosophie après sa journée d'ajusteur.

Une bourse d'ancien combattant lui permet d'obtenir son bac en 1948, et de s'inscrire à la Sorbonne. Mais le décalage est trop grand avec son expérience personnelle et il décide d'écrire.

Après 4 années de travail et 5 versions successives, il publie "Le dernier des justes" en 1959. Dans ce roman foisonnant, André Schwarz-Bart tente de traduire la déshumanisation d'une race persécutée à travers le destin d'une famille juive, de la première croisade jusqu'à Auschwitz.

"Nos yeux reçoivent la lumière d'étoiles mortes" : ainsi débute ce récit, né de ses lectures et de contacts personnels avec des rescapés des camps pour le compte d'organisations juives.
Le succès est immédiat. Jean Cocteau parle d' "un cri écrit" et Françoise Giroud d' "une épée que l'on vous enfonce lentement dans le ventre".

Les Goncourt couronneront "Le dernier des justes" et le livre se vendra à plus d'un million d'exemplaires.

A seulement 31 ans, André Schwarz-Bart a tout pour devenir un écrivain prolixe. Mais il décide au contraire de fuir les projecteurs et de garder le silence. "Je croyais pouvoir intéresser quelques centaines de lecteurs. Mon succès au fond ne me concerne pas. Je préfère même ne pas y penser", déclare-t-il alors.

Avec son épouse, l'écrivain d'origine guadeloupéenne Simone Schwarz-Bart, il publie encore "Un plat de porc aux bananes vertes" en 1967.