Sujet : Cobayes humains en réanimation à Londres | | Posté le 17-03-2006 à 00:28:06
| (AFP - 16/03/06)
Cobayes humains en réanimation à Londres : Les médecins face à un cas "unique" Les médecins chargés de sauver la vie de six jeunes gens en réanimation à Londres à la suite d'un essai clinique , avouaient jeudi se trouver face à un cas "unique", obligés de trouver un remède sans comprendre encore pourquoi le test a mal tourné. Ces hommes d'une vingtaine d'années s'étaient prêtés, lundi, à un essai thérapeutique réalisé pour la première fois sur des humains, pour un médicament destiné à combattre la leucémie et la sclérose en plaques, le TGN 1412. Deux restaient dans un état critique, quatre autres dans un état grave montraient jeudi des signes d'amélioration, a fait savoir l'hôpital de Northwick Park, dans le nord de Londres. Deux autres cobayes, qui ont reçu des placebo, sont sortis indemmes de l'essai. L'équipe médicale est en contact avec des spécialistes au Royaume-Uni et du monde entier pour tenter de les traiter. "Nous ne savons pas exactement ce qui a provoqué la réaction", a reconnu Ganesh Suntharalingam, responsable de l'unité de soins intensifs qui a ajouté n'avoir jamais vu de cas semblable. "Personne n'a jamais assisté à cette réaction", a-t-il ajouté. "Certaines des caractéristiques comme le besoin de beaucoup de fluides et l'instabilité des organes se produisent avec d'autres troubles, mais la façon dont se sont déroulés les événements est unique", a-t-il déclaré. Les proches de Ryan Wilson, un Londonien de 21 ans, ont rapporté que sa tête avait triplé de volume . Myfanwy Marshall, l'amie d'un gérant de bar de 28 ans, a raconté qu'avec sa poitrine et sa tête enflée, il était méconnaissable et ressemblait "à Elephant Man". Le médecin s'est voulu rassurant : "très angoissant à voir pour les familles", ce gonflement, constaté parfois en soins intensifs, est causé par du liquide et disparaît avec l'amélioration de l'état de santé du patient, a-t-il affirmé. La cause du drame restait inconnue jeudi. "Il y a des problèmes qui méritent une enquête urgente", a déclaré Ann Alexander, avocate du gérant de bar. "Il existe une incertitude sur le fait de savoir si le médicament a été testé sur des animaux, avec succès et de façon sûre, avant les essais sur ces volontaires", a-t-elle relevé. La veille, elle avait noté les déclarations contradictoires du laboratoire allemand, TeGenero, qui aurait admis dans un entretien avec une famille qu'un chien serait mort pendant un test. "Ces événements ont été complètement inattendus, et ne reflètent pas les résultats que nous avons obtenus lors d'études initiales en laboratoire, qui nous ont permis de passer aux essais sur des volontaires humains", a affirmé jeudi Benedikte Hatz, directrice générale de TeGenero, dans un communiqué diffusé à Boston par Parexel, le sous-traitant américain qui a conduit les essais. Un des rescapés de l'essai, Raste Khan, un Britannique de 23 ans ayant reçu un placebo, a raconté avoir vu ses voisins "tomber comme des dominos", très vite après avoir reçu le produit. Le premier "vomissait, il a perdu connaissance plusieurs fois, reprenait conscience. Il semblait souffrir énormément. Ensuite c'est arrivé à quasiment tous les autres". L'un d'eux "disait que sa tête lui faisait mal, qu'il ne pouvait pas respirer, il hurlait". "Les médecins et les infirmières rigolaient, je ne crois pas qu'ils se rendaient compte de la gravité de la situation", a raconté Raste Khan. "Je me sens coupable d'avoir eu le placebo, d'avoir eu cette chance. J'ai l'impression d'avoir joué à la roulette russe", a ajouté le jeune homme qui avait participé à l'expérience alléché par le prime de 2.300 livres (3.380 euros) offerte par Parexel. Le drame des cobayes humains de Londres, toujours en soins intensifs jeudi, après un essai clinique qui a tourné au drame, met en lumière cette pratique, souvent menée sur des étudiants ou jeunes en bonne santé, qui y voient une occasion de gagner de l'argent facilement. Les tests sur des humains sont une étape indispensable sur la voie de la mise sur le marché des médicaments. Une telle réaction est toutefois rarissime, selon les professionnels. Les médicaments sont d'abord testés en laboratoire sur des cellules, puis sur des animaux (rongeurs, chiens, singes...). "Ensuite commencent les tests sur les humains, qui comprennent trois étapes", explique Malika Malti, pharmacienne dans un grand laboratoire. Dans la phase 1, un petit groupe de cobayes, des hommes en bonne santé, volontaires et rémunérés, reçoivent une petite dose du produit sous supervision. "Il s'agit d'examiner comment il circule dans l'organisme, et s'il provoque des effets secondaires", explique-t-elle. Phase 2 : ensuite, le produit est administré à un petit groupe de malades, pour évaluer son efficacité. Enfin, dans la phase 3, le médicament est administré à la moitié d'un échantillon important (jusqu'à 5.000 personnes), l'autre moitié recevant un placebo. 350 essais de stade 1, comme celui de Londres, sont effectués chaque année au Royaume-Uni, soit autant que dans toute l'Europe réunie. Ils sont souvent sous-traités par les laboratoires à des sociétés privées, comme Parexel , une officine américaine, dans le cas du TGN1412. Pour réaliser ces tests, les compagnies font appel à des jeunes, qu'elles recrutent par petites annonces ou par l'internet. Elles allèchent particulièrement les étudiants, alors que les frais d'inscription à l'université, à la suite d'une récente réforme, atteignent aujourd'hui jusqu'à 4 400 euros par an ! Ces "rats de laboratoires" sont généralement payés entre 150 et 200 livres par jour, et même si multiplier les tests peut être dangereux pour la santé, résister à la tentation n'est pas aisé. "La difficulté lorsque vous êtes dans les registres d'une compagnie comme Parexel, est que les offres ne cessent d'arriver par SMS : 650 livres pour trois jours ici, 1 000 livres pour une semaine", expliquait jeudi dans le Guardian, Tom de Castella, un journaliste qui a effectué deux essais pour Parexel pour régler des dettes. Si la plupart des rats de laboratoire ont une vingtaine d'années et des diplômes, il évoque aussi les "testeurs de drogues en série", les mercenaires des labos, souvent originaires d'Australie ou d'Afrique du Sud. "Ils sont heureux de passer une semaine à l'hôpital, à servir de cobayes, pour repartir assez riches pour aller à l'université, s'acheter un ordinateur ou partir skier", raconte Tom de Castella. Dans l'essai mené par Parexel, les cobayes s'étaient vu promettre 2 300 livres chacun (3 400 euros). Dans d'autres pays, faute de sécurité sociale, on joue les cobayes dans l'espoir de sauver sa peau, comme l'évoque le film "The Constant Gardener" ("la Constance du jardinier" : "Certains, notamment aux Etats-Unis ou dans le Tiers-Monde, acceptent de participer à des essais de phase 2 ou 3, parce que c'est leur seul moyen d'avoir accès à des médicaments pour se soigner", explique Malika Malti. Commentaire personnel : On ne fera jamais assez de mise en garde concernant les "tests de laboratoires rémunérés" !! Il ne faut pas se leurrer : plus un test est fortement rémunéré, plus le risque est grand pour la santé du testeur. Mais, comme il est précisé par l'AFP plus haut, (et je peux en attester) : il est difficile de résister à de telles offres, que l'on soit étudiant en manque d'argent pour financer ses études, ou simple mère de famille en manque d'argent pour nourrir décemment ses enfants.... Ayant été moi-même "cobaye" de laboratoire, j'ajouterais que les laboratoires prennent des "précautions de recours" en faisant signer à chaque cobaye une "décharge" qui stipule bien qu'aucun recours ne sera possible. Mais si cela "met la puce à l'oreille", lorsque l'on est dans le besoin, seul compte alors le fait "de s'en sortir financièrement". Et, dans les salles d'attente de ces labos de tests, j'y ai croisé 4 catégories de personnes : - 1° des étudiants en manque d'argent pour financer leurs études, - 2° une minorité d'étudiantes sans réel besoin financier, mais profitant de l'aubaine de tests de produits cosmétologiques pour "s'offrir" gratuitement maquillage et crèmes de soins, - 3° des mères de famille venant là pour gagner de quoi nourrir leurs enfants, - 4° des personnes âgées aux retraites trop maigres, venant là pour gagner de quoi subsister... ..Bref, hormis la 2ème catégorie (minoritaire), les "testeurs" sont tous des gens dans le besoin...et les laboratoires le savent très bien et en profitent très largement, d'autant qu'avec les "décharges" signées, ils sont à l'abri de tout recours...
Message édité le 17-03-2006 à 00:28:31 par Audrey |
| | Posté le 17-03-2006 à 11:26:21
| Voilà ce qui arrive quand les simulations en labo et les tests sur animaux ne sont pas assez poussés... A terme ils vont finir par créer et lancer de véritables épidémies, à force de vouloir inventer "le" médicament qui les rendra riches :/ |
| | Posté le 19-03-2006 à 14:27:44
| Oui, en attendant ils créent "le" médicament qui peut tuer tout le monde ! |
| | Posté le 19-03-2006 à 14:48:05
| Je le veux Y'a plein de gens très malades et très malheureux dans mon quartier, il me brûle de les soulager de leurs peines |
| | Posté le 19-03-2006 à 21:03:02
| ThunderLord a écrit :
JY'a plein de gens très malades et très malheureux dans mon quartier, il me brûle de les soulager de leurs peines |
....s'ils vont dans un de ces labo d'essais, ils n'auront certainement aucun besoin de tes "soins", Thunder... Plus sérieusement.... il est certain que ces labos s'enrichissent sur le dos des catégories sociales les moins aisées (ce qui n'est pas un concept nouveau...), et qu'ils profitent largement des failles législatives en ce domaine précis des essais cliniques... D'autre part, certains se battent (depuis pas mal d'années) pour que ces essais ne soient plus réalisés sur des animaux.... ....Mais ils viennent également crier au scandale lorsque ces mêmes essais sont réalisés sur l'homme... ...Faudrait peut-être se mettre une fois pour toutes d'accord sur cette réalisation d'essais cliniques, qui, qu'on le veuille ou non, doit bien être réalisée avant la commercialisation de médicaments, de produits pharmaceutiques ou cosmétiques.... Cela dit, il me paraît totalement anormal (et on ne peut plus critiquable) qu'un produit ayant prouvé sa dangerosité lors d'essai sur un animal (comme c'est le cas dans l'article ci-dessus) soit ensuite testé sur des humains sans être d'abord revu au niveau de sa composition et de ses effets "secondaires"... |
| | Posté le 06-04-2006 à 20:49:45
| Dernières infos AFP au 06/04/06
Essai clinique en Grande-Bretagne : l'enquête ne parvient pas à identifier les causes de l'échec L'agence britannique du médicament n'est pas parvenue à identifier les causes de l'échec de l'essai clinique d'un nouveau médicament qui a conduit à la récente hospitalisation de six personnes en soins intensifs, a-t-elle annoncé mercredi. En conséquence de quoi elle a décidé de mettre en place un comité d'experts internationaux pour examiner cet essai clinique, qui implique les traitements à base d'anticorps monoclonaux, et faire des recommandations dans les trois mois pour ceux concernant ce type de médicaments. Lors d'une conférence de presse, les responsables de l'Agence britannique de régulation des médicaments et produits de santé (MHRA) ont indiqué qu'il n'y avait "pas d'éléments" suggérant des problèmes dans la fabrication du TGN1412, à l'origine de l'hospitalisation de ces six hommes. Ils ont également indiqué que le protocole thérapeutique de l'essai clinique avait été suivi correctement par l'organisme chargé du test, l'Américain Parexel International, sous-traitant les essais cliniques pour des laboratoires pharmaceutiques. Selon l'agence, le TGN1412 du laboratoire allemand TeGenero n'était pas contaminé et ne "contenait rien d'autre que les ingrédients corrects". Il a par ailleurs été administré à la dose correcte, a-t-elle indiqué. De plus, le médicament a "montré des effets pharmacologiques sur l'homme qui n'ont pas été vus dans les tests pré-cliniques sur des animaux à des doses bien plus élevées", a souligné la MHRA. Mercredi, une cinquième personne sur les six hospitalisées le 13 mars après cet essai clinique raté a été autorisée à rentrer chez elle. Désormais, un seul patient demeure hospitalisé, mais il n'est plus en soins intensifs et "fait des progrès réguliers", a indiqué un responsable de l'hôpital Northwick Park (nord de Londres) où il se trouve. Au total, huit hommes, tous volontaires et âgés entre 18 et 40 ans, avaient participé à cet essai, mais deux avaient reçu des placebos et n'étaient donc pas tombés malades. L'essai concernait un anti-inflammatoire destiné à traiter entre autres la polyarthrite rhumatoïde, la sclérose en plaques et la leucémie. Il était effectué sous la supervision de l'américain Parexel International, un organisme sous-traitant les essais cliniques pour des laboratoires pharmaceutiques. |
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