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Christophe COLOMB - La Route des Indes

Audrey
   Posté le 20-06-2006 à 14:23:36   

Christophe COLOMB
"La Route des Indes"



Christophe Colomb

On disait qu'elles "doublaient les plaisirs de la table". Depuis l'Antiquité, l'Europe raffole des épices, qui lui parviennent par la fameuse "Route de la Soie".
Au XVe siècle, des navigateurs bravent l'inconnu pour ouvrir des routes maritimes vers l'Orient ...et l'un d'entre eux découvre malgré lui un Nouveau Monde !

Il aura fallu bien du courage à Christophe COLOMB pour braver les dangers de la Mer océane, que les cartographes peuplent alors de créatures imaginaires, telles le Léviathan, énorme serpent de mer capable d'engloutir un navire entier !

Mais d'autres prodiges attirent les ambitieux du temps au-delà de l'horizon.
Dans son "Livre de Merveilles", publié au retour de son séjour dans l'empire mongol au XIIIe siècle, Marco POLO écrit de Cipango (l'actuel Japon), que les toits de ses palais sont en or massif. On parle d'îles fabuleuses au sud de la Chine, où poussent à profusion le giroflle et la muscade.


Les Portugais autour de l'Afrique

Seuls les navigateurs arabes ont accès à ces contrées. Ils en rapportent poivres et soieries, acheminées ensuite par caravanes jusqu'à Gênes et Venise, qui contrôlent leur commerce. La livre de safran atteint le prix d'un cheval !
Après la prise de Constantinople par les Turcs en 1453, les routes des épices sont fermées et les cours montent encore. Il faut à tout prix trouver de nouveaux accès vers l'Asie !

Les Portugais seront les premiers à se lancer... Des 1416, l'infant Henri (dit le Navigateur) finance des expéditions le long des côtes africaines.
En 1431, il crée l'Académie de Sagres, où l'on étudie la navigation, la géographie et l'astronomie.
Dès lors, les Portugais ne cessent de progresser vers le Sud, plantant toujours un peu plus loin leur "pradaos", les colonnes de pierre qui marquent leurs prises de possession.

En 1488, Bartolomeo DIAZ double le "cap des Tempêtes", que le roi Jean II rebaptise bientôt "cap de Bonne-Espérance" : la côte des Indes semble enfin à portée de caravelle. L'expédition qui relèvera le défi ne partira que onze ans plus tard. Mais entre temps, la couronne portugaise se sera fait doubler ...par l'Ouest !


COLOMB le Visionnaire

On sait peu de choses sur le jeune COLOMB. Né en 1451 à Gênes, d'un père tisserand, il aurait navigué en mer d'Egée et vers l'Angleterre, où on lui aurait rapporté les récits vikings sur la découverte d'une terre lointaine, vers l'ouest.
Il a lu les récits de Ptolémée, retraduits depuis peu, qui affirment que la Terre est ronde.
De là, naît le projet d'une vie : découvrir une route occidentale vers les Indes. Il lui faudra pas moins de douze années pour faire financer son premier voyage !

Le roi Jean II, qui le reçoit en 1484, préfère concentrer les effets portugais sur l'exploration de l'Afrique. Isabelle la Catholique lui fait la même réponse deux ans plus tard : l'Espagne est trop absorbée par la Reconquista.
D'ailleurs, les savants consultés donnent chaque fois la même réponse : les côtés asiatiques (qu'ils situent au niveau de la Californie) sont bien trop éloignées !

En 1492, les Espagnols reprennent enfin Grenade, et la reine Isabelle se ravise, convaincue par un évêque, qui prône l'évangélisation des peuples à découvrir.
Le 3 août, COLOMB s'embarque avec 90 hommes à bord de trois navires : la Pinta, la Nina et la Santa Maria.



La Pinta : 22 m de long sur 7 de large, 26 hommes, commandée par Martin Alonso Pinzon.


La Nina : 21,44 m de long sur 6,44 m de large, 22 hommes, commandée par Vincente Yànez Pinzon.


La Santa Maria : 30 m de long sur 8 m de large, 39 hommes.
Anciennement "La Gallega", dont Christophe Colomb changea le nom.


La Surprise des Antilles

Il fait route plein Ouest. Au bout d'un mois, apercevant des herbes à la surface des flots, il croit s'approcher de la terre ferme. Il entre en fait dans la mer des Sargasses et son redoutable triangle des Bermudes. De grandes algues y freinent la progression des navires. Bientôt, les caravelles s'immobilisent, semant la panique parmi l'équipage.

Quand les vents se lèvent à nouveau, toujours pas de terre en vue. COLOMB craint d'avoir dépassé les Indes. Il change de cap et s'oriente Ouest-Sud-Ouest, dans la direction d'où viennent les oiseaux. La révolte gronde chez les marins.


Premier voyage de Christophe Colomb

Mais, dans la nuit du 12 octobre, ça y est : "Terre !"
Le lendemain, à l'aube, Christophe COLOMB prend possession d'un îlot qu'il nomme "San Salvador".

Arrivé aux Antilles, il se croit dans l'archipel nippon.
Pourtant, les autochtones ne ressemblent pas aux descriptions de Marco POLO. Ces pacifiques Arawaks aux moeurs rudimentaires vivent nus ! Les perroquets et le coton qu'ils lui offrent n'ont rien des richesses que le navigateur a promis à la couronne d'Espagne.

Déçu, COLOMB poursuit sa route d'île en île, à la recherche de Cipango.
Il pense l'avoir trouvé quand il débarque à Cuba, où il découvre le tabac et une nature enchanteresse.
Puis son séjour dans l'île d'Hispanola, où la Santa Maria s'échoue, lui confirme que la région recèle bien de l'or. Mais une escarmouche éclate avec des "Indiens" karibs, que les Arawaks décrivent comme des mangeurs d'hommes.
COLOMB décide de rentrer.

Carte de Cuba



Un "Nouveau Monde" ?

De retour en Espagne, il est accueilli en héros. Les souverains espagnols le nomment vice-roi des Indes et amiral de la mer Océane.
Mais le Portugal revendique les terres découvertes. Le pape Alexandre VI, par la bulle Inter caetera, donne mission aux deux peuples d'évangéliser chacun une moitié du monde.
Le traité de Tordesillas, signé en 1494, place la "ligne de marcation" à 370 lieues à l'ouest du Cap Vert.


Carte de la "Costa" - 1500

Christophe COLOMB fera encore trois voyages :
- Septembre 1493 à mars 1496, et mai 1498-1500 : Exploration des Grandes (Cuba, Jamaïque) et des Petites Antilles (Dominique, Guadeloupe).
- mai 1502 à novembre 1504 : découverte de Trinidad, exploration du golfe de Paria et remontée vers le Nord (Hispaniola, soit Haïti). Découverte de la Martinique (15 juin 1502) et de Sainte-Lucie. Exploration de la côte du Nicaragua, Costa Rica et Panana, golfe de Guanaca et golfe de Darien. (En Juin 1503, épuisé, rongé par la malaria, aveuglé par le sel marin, il s'échoue en Jamaïque où il attendra un an avant qu'on le secoure).
...Avant de décéder en 1506, à Vallodolid (Espagne), dans l'indifférence générale. "Ses découvertes n'ayant pas tenu leurs promesses". L'historiographe officiel de la cour, Pierre Martyr d'Anghierra, ne mentionne même pas la mort de Colomb. Celle-ci n'est pas non plus enregistrée dans le registre officiel de la ville (la Cronicon de Valladolid) où sont consignés les événements locaux !
Tandis qu'en 1498, Vasco DE GAMA a rallié l'Inde par l'Est et offert aux Portugais le contrôle du commerce des épices, les expéditions de Christophe Colomb sont considérées comme s'étant sont soldées par des guerres et des épidémies.

Quelques mois après la mort de Chriistophe Colomb, on s'aperçut que les "Indiens" et les pauvres colifichets ramenés par Colomb n'avaient rien à voir avec l'Asie des épices, mais qu'ils étaient le cadeau de réception d'un Nouveau Monde !
Le roi fit alors ériger un monument à la gloire de l'Amiral avec l'inscription : "Por Castilla y por Leon Nuevo Mundo hallo Colon" (Pour la Castille et le Leon, Colomb trouva un Nouveau Monde).

Puis, Christophe COLOMB retombe dans l'oubli, au point que personne ne se souvient plus avec certitude de l'endroit où il est inhumé ! Ce n'est qu'à l'orée du XIXe siècle qu'il retrouve la faveur des historiens et du public.

Le 22 juillet 1795, le traité de Bâle donne à la France l'île de Saint-Domingue en compensation de territoires pyrénéens. Les Espagnols sont obligés d'évacuer l'île. L'amiral Don Gabriel de Aristagabal organise avec les Français, le transfert des restes supposés être ceux de Colomb vers la Havane, dans l'île de Cuba, encore colonie espagnole.

C'est ainsi que le 20 décembre 1795, au cours d'une cérémonie officielle, les restes de Colomb sont transférés depuis le navire français "La Découverte" sur le vaisseau espagnol "San Lorenzo" afin d'y être transportés à La Havane. Au cours de cette cérémonie, 290 ans après sa mort, Christophe Colomb reçoit pour la première fois les honneurs officiels de la Marine de son pays, l'Espagne, associés aux honneurs rendus par la Marine française à un grand marin.

En 1899, après la guerre hispano-américaine, lors de l'indépendance de Cuba, nouveau transfert ! Les restes présumés de Colomb reviennent à Séville.

En 1902, un monument est dédié à Colomb dans la cathédrale de Séville où, derrière le choeur, repose déjà son fils, Hernando... Mais si l'on est certain de l'authenticité des restes d'Hernando, il n'en va pas de même de ceux de son père, conservés dans un petit coffre. Et la république de Saint-Domingue continue de revendiquer avec fierté l'honneur d'abriter les seuls véritables restes de l'illustre navigateur, en un lieu dit le phare de Colomb !






Lors de son quatrième voyage, Christophe COLOMB est accompagné de son second fils, Hernando, qui devait avoir près de 11 ans. Celui-ci rédigera les mémoires et la biographie de son illustre père.

Christophe COLOMB n'aura même probablement jamais conscience d'avoir découvert un continent inconnu.
C'est Amerigo VESPUCCI, un ami florentin de Christophe COLOMB, qui, en 1504, parle le premier d'un "Nouveau Monde", et s'en approprie la découverte. En 1506, peu de temps après la mort de Colomb, il publie d'ailleurs un récit, "Mundus Novus", dans lequel il prétend avoir touché le premier le continent en 1497.
Le cartographe Waldseemüller composera d'ailleurs le nom d' "Americi Terra" (devenu Amérique) en son honneur.


En 1522, la première circumnavigation par MAGELLAN confirme cette intuition.
Désormais, Portugal et Espagne s'emploient à conquérir ces nouvelles terres, causant les ravages que l'on sait sur les civilisations Aztèque et Inca.
Mais Français, Anglais et Hollandais contesteront bientôt la suprématie hybérique. Au XVIe siècle, ils lanceront à leur tour des expéditions, à l'origine de nouvelles découvertes.

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A LIRE : "Christophe COLOMB, La découverte de l'Amérique, I, Journal de bord, 1492-1493", traduit par Soledad Estorach et Michel Lequenne, aux éditions François Maspéro, collection "La découverte", 1981.

(Sources : "Les grands explorateurs" - Editions Gründ
pedagogie.ac.toulouse
herodote.net
euvrard.net)