Sujet : Le CERVEAU face à des CAS DE CONSCIENCE | | Posté le 25-03-2007 à 17:57:03
| Le cerveau face à des cas de conscience : la place de l'émotion dans le choix Image du cerveau traitée par IRM, le 24 novembre 2006 à Saclay Choisir ou risquer de tuer une personne pour en sauver beaucoup d'autres, éprouver des regrets... Pour comprendre comment notre cerveau réagit et le rôle de l'émotion dans la décision, des chercheurs ont soumis ces dilemmes à des personnes ayant des lésions cérébrales particulières. Les patients dont le cortex préfrontal ventromédian (zone du cerveau située au dessus des yeux) est lésé, ont généralement de moindres réactions émotionnelles à dimension sociale (compassion, honte, culpabilité), sans que leur intelligence et leur logique soient affectées, selon Antonio Damasio (Université USC de Los Angeles, Etats-Unis). Avec Ralph Adolphs de l'Institut de Technologie de Californie (Caltech) et d'autres spécialistes des neurosciences, il a placé 30 personnes, dont 6 ayant ces lésions cérébrales, face à des choix moralement difficiles, impliquant de sacrifier une personne pour en sauver d'autres. Exemple de scénario proposé : Dans votre laboratoire ont été mises au point deux substances : un liquide toxique et un vaccin contre un dangereux virus mortel qui se propage. La seule façon d'identifier le vaccin est de tester ces substances sur deux patients. Seriez-vous prêt à tuer l'un d'eux pour sauver beaucoup d'autres vies ? Confrontés à ce type de dilemme, les participants ayant le cortex préfrontal ventromédian lésé ont beaucoup plus fréquemment répondu "oui", sans hésitation, que les autres volontaires (12 ayant d'autres lésions cérébrales, 12 sans lésions neurologiques) . Leurs choix logiques en faveur du plus grand bien sont qualifiés "d'utilitaristes", par les chercheurs. Ce qui ne signifie pas forcément qu'ils agiraient réellement comme ils le disent, nuance une autre spécialiste. "Dans de telles circonstances, la plupart des gens n'ayant pas cette lésion cérébrale spécifique seraient en proie à un conflit intérieur. Mais ces sujets particuliers semblent ne pas l'éprouver", explique Antonio Damasio, en présentant les travaux publiés la semaine passée par la revue scientifique britannique Nature. Normalement, un sentiment d'aversion, mélange de rejet de l'acte, d'émotions à dimension sociale, de compassion pour la personne concernée, empêche un homme de faire du mal à un autre, ajoute-t-il. Lors d'autres choix moins difficiles (comme garder ou non l'argent d'un portefeuille trouvé par terre), peu de différences de réactions ont été observées entre les 3 groupes de participants. Désireux d'analyser ce qui résulte d'un apprentissage social ou de la structure même du cerveau, Marc Hauser (Université d'Harvard) estime que ce travail prouve directement le rôle des émotions dans les jugements moraux. Une autre étude publiée en 2004 dans la revue américaine Science avait mis en lumière le rôle essentiel du cortex préfrontal ventromédian dans l'expression du regret, en montrant que les patients dont cette structure est lésée n'en expriment pas face aux conséquences de leur choix. "C'est la région qui module les émotions en fonction du contexte", a expliqué Angela Siragu, chercheuse de l'Institut de Sciences Cognitives de Lyon, qui avait coordonné ce travail portant sur des jeux de hasard. Ces patients "cherchent toujours à maximiser les gains. Ils sont, dit-elle, tristes, s'ils perdent, contents s'ils gagnent, mais ils ne modulent pas, comme les patients 'normaux', leur contentement ou leur tristesse en fonction de ce qu'ils auraient pu gagner". Comme s'ils manquaient d'imagination pour l'anticiper. (AFP - 25/03/07) |
|
|
|